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L’Occident tente de réhabiliter l’UPA

L’Occident tente de réhabiliter l’UPA

Sous divers vocables, de Wikipédia, en passant par des articles de presse, l’Occident s’est lancé dans une campagne révisionniste pour réhabiliter l’armée collaborationniste de l’UPA. Cette armée fut créée en 1942 et opéra jusqu’à la fin des années 50. Elle est aujourd’hui désignée comme « une armée de résistance antisoviétique », oubliant de préciser que durant la Seconde Guerre mondiale, l’URSS faisait partie des alliés, luttant contre l’Allemagne nazie et ses satellites. Les couleurs de l’UPA, rouge et noir sont montrées partout actuellement en Ukraine. Elles se trouvaient déjà très présentes sur les barricades du Maïdan, et les médias occidentaux tentèrent de les cacher ou oublièrent d’expliquer la signification de ce drapeau. A l’heure actuelle, les soldats ukrainiens et de très nombreux mercenaires portent d’ailleurs ces couleurs sous forme de patchs ou d’insignes. Un peu d’histoire pour rappeler son parcours.

L’alliance et la collaboration avec l’Allemagne nazie. Bien avant la création de l’UPA, les nationalistes ukrainiens avaient tenté pendant la Guerre Civile russe de fonder un État ukrainien. Deux républiques indépendantes furent fondées (1918-1919), qui finirent par s’allier. Elles se formèrent dès le départ des troupes allemandes suite à la défaite et l’armistice du 11 novembre. Dans l’anarchie ambiante de cette époque, l’armée de Petlioura réussit un moment à contrôler Kiev et l’Ouest de l’Ukraine actuelle. Elle eut toutefois à combattre de nombreuses forces ennemies, les Bolcheviques dont la base était Kharkov, les armées blanches, notamment celle du Sud basée en Crimée, l’armée verte de Nestor Makhno basée dans l’Ukraine centrale et l’armée bleue, c’est à dire l’armée polonaise suite à la recréation de la Pologne. Les grands vainqueurs furent les Polonais qui réussirent à conserver d’importants territoires (Galicie et Volhynie), et les Bolcheviques qui écrasèrent les nationalistes ukrainiens, les blancs de Denikine et les verts de Makhno (1918-1921). Les Ukrainiens se livrèrent dès cette époque à d’infâmes massacres et pogroms de Juifs (Petlioura fut assassiné à Paris en 1926 par un anarchiste juif). Les Ukrainiens tentèrent d’envoyer en France un négociateur pour les représenter (1919), réclamant un immense territoire et leur indépendance (l’Ukraine actuelle, plus d’importants territoires sur le Don, dans le Kouban et le Sud de la Russie). Ils furent ignorés et les traités de l’après-guerre se firent sans eux. Après des années de guerre, la conférence des Ambassadeurs (1923), décida des frontières sur la base de l’occupation des territoires par les armées. L’Ouest de l’Ukraine resta donc à la Pologne, le reste à l’Union soviétique. De fait, dans les années 20 et 30, les Ukrainiens se tournèrent bien vite vers l’Allemagne et surtout l’Allemagne d’Hitler. Ils furent utilisés pour les besoins de l’Abwehr (renseignement militaire) et formèrent des troupes supplétives.

Je t’aime moi non plus, le semi divorce entre les nationalistes ukrainiens et l’Allemagne. De fait, dès l’invasion de la Pologne (septembre 1939), les Ukrainiens participèrent à la destruction de leur plus grand ennemi du moment. Ils formèrent une base de l’OUN (organisation politique nationaliste ukrainienne), à Cracovie, et fournirent de nombreux supplétifs aux Allemands. Ils furent employés pour liquider les élites polonaises, participer aux rassemblements des Juifs dans des ghettos, comme informateurs, police supplétive et dans les tâches les plus sanglantes (où ils excellèrent rapidement). Très vite, il fut question de l’invasion de l’URSS par l’Allemagne, aussi furent-ils de nouveau employés, notamment dans le sein de la Légion ukrainienne, de troupes collaborationnistes et de policiers supplétifs. Là encore, ils furent employés pour éclairer les Allemands, liquider les élites soviétiques, et surtout pour les plans de la Shoah par balles. Ils participèrent à d’horribles massacres dans le sillage de l’armée allemande, à Lvov, Vinnytsia et dans les sinistres carrières de Babi Yar. Dès juillet 1941, les nationalistes ukrainiens proclamèrent unilatéralement l’indépendance de l’Ukraine, déclaration qui fut désavouée par Adolf Hitler en personne. Il n’avait jamais eu l’intention de créer un État fantoche en Ukraine et les principaux chefs ukrainiens furent arrêtés et jetés en prison. Déçus, l’immense majorité des nationalistes ukrainiens poursuivirent cependant leur combat aux côtés de l’Allemagne nazie. Ils formèrent 67 bataillons de police supplétive et beaucoup d’autres unités, qui furent affiliées au SD, le service de sécurité de la SS. Ils furent employés dans les villes à maintenir l’ordre et à appuyer la Gestapo. Dans les campagnes d’Ukraine, mais aussi de Biélorussie, ils furent utilisés pour la lutte contre les partisans soviétiques et se livrèrent à d’atroces tueries, liquidations de villages et nombreuses exactions dont le souvenir est resté vivace dans la mémoire des populations slaves. Ayant espéré un remerciement des Allemands, les forces supplétives ukrainiennes commencèrent à déserter, puis à donner des signes inquiétants de résistance (automne 1942). Le 14 octobre, les nationalistes ukrainiens fondèrent alors l’UPA, une armée dont l’action devait être la libération de l’Ukraine et son indépendance. Pendant environ une année, cette armée, estimée à son plus fort effectif à environ 400 000 hommes, se jeta sur les partisans soviétiques et procéda à une épuration ethnique en Volhynie et Galice (massacres surtout de Polonais, mais aussi de Roumains, Hongrois, Tchécoslovaques, Tziganes et des derniers Juifs, printemps/été 1943). Quelques combats eurent aussi lieu contre les partisans polonais, et contre l’armée allemande.

L’alliance jusqu’à la mort avec l’Allemagne d’Hitler. Dans les coulisses deux tendances se formèrent : la première voulant opérer un retournement d’alliance et se ranger dans le camp des alliés, la seconde voulant poursuivre le combat auprès des Allemands. La première tendance espérait qu’à la victoire des alliés, l’Ukraine serait alors reconnue et que les Soviétiques seraient contraints par les alliés d’avaliser cette indépendance. Dans les faits, les rencontres de Téhéran, puis de Yalta décidèrent que les affaires internes de l’URSS, et dans les territoires qu’elle occuperait ne regarderaient que les Soviétiques. La seconde tendance comprenait que l’Allemagne avait subi en 1943 de sévères défaites militaires (Stalingrad puis Koursk). Combattre l’Allemagne, ancien allié devenait alors suicidaire en affaiblissant ses forces et en aidant les Soviétiques à revenir en force en Ukraine. Cette frange pensait que l’ennemi principal devenait de fait l’URSS, et non plus la Pologne. Les massacres ethniques furent décidés pour nettoyer les arrières, et qu’en cas de défaite, les terres « ukrainiennes » soient nettoyées de populations définies comme ennemies et indésirables. En août 1943, l’Armée Rouge lançait l’une de ses plus grandes opérations militaires, l’offensive du Dniepr (août-décembre 1943), dont l’objectif était la reprise de l’Ukraine et l’arrivée aux frontières de la Roumanie, de la Hongrie et de la Slovaquie. Cette offensive écrasa les forces de l’Axe, Kiev fut bientôt emportée et les partisans ukrainiens se rangèrent alors quasiment presque tous aux côtés d’Hitler (fin 1943). Ce dernier, comprenant à son tour la situation, fit libérer les chefs ukrainiens, dont Bandera afin de motiver une lutte qui était déjà à mort contre l’URSS (janvier 1944). Les collaborateurs ukrainiens se battirent alors sur deux fronts : le premier aux côtés des Allemands (14e division SS Galicie, troupes supplétives diverses, enrôlement d’Ukrainiens dans diverses unités, y compris SS et allemandes). Le second, celui de l’UPA, en tentant de tenir tête aux forces soviétiques dans l’Ouest de l’Ukraine, le plus longtemps possible.

La mort lente de l’UPA et son soutien… par les Britanniques et les Américains. Ainsi commença une longue agonie de l’UPA, dans une guerre qui vira à la guérilla et aux coups de main (1944-1954). Cette guerre meurtrière contraignit les Soviétiques à laisser dans l’Ouest de l’Ukraine des forces considérables. Ce fut le futur Premier secrétaire du parti Krouchtchev qui d’ailleurs fut chargé un temps de la liquidation des nationalistes ukrainiens. Cette guerre inconnue en Occident, se poursuivit pendant 10 années, jusqu’à la mort de Staline et au-delà. Elle s’accompagna de déportations de dizaines de milliers d’Ukrainiens de l’Ouest, soutien des maquis, ou suspectés de participer aux activités clandestines. Dans les premières années (1944-1949), l’essentiel des forces de l’UPA (environ 250 000 hommes), furent anéanties ou dispersées. Dès 1946, pour cause de Guerre Froide, le renseignement britannique (MI-6) supporta l’UPA en secret, ouvrant des contacts via l’Allemagne (où se trouvait la base arrière de Bandera), l’Autriche ou la Tchécoslovaquie. Ils furent bientôt remplacés par les Américains, au départ sceptiques et réticents à soutenir des collaborateurs des nazis. Mais le déclenchement « officiel » de la Guerre Froide emporta tous les états d’âmes, et la CIA supporta bientôt l’UPA et les réseaux bandéristes de la diaspora (à partir de 1947-1949). Les derniers collaborateurs nazis et nationalistes ukrainiens organisés en maquis furent liquidés entre 1950 et 1954. Les dernières cellules de partisans ukrainiens furent démantelées dans les années 1958-1960. A cette date, tout le monde avait oublié la guerre, les derniers procès furent cléments, et les derniers condamnés amnistiés. Une fois vaincue, l’UPA aurait du rester dans les livres d’histoire… mais les Anglo-saxons continuèrent leur soutien jusqu’à la chute de l’URSS. Les diasporas bandéristes du Canada, des États-Unis et d’ailleurs furent sollicitées et soutenues. Les premières armes furent une propagande révisionniste, négationniste, et une réécriture de l’histoire des nationalistes ukrainiens. Après l’indépendance ce poison fut réimplanté en Ukraine, via ces diasporas et sous couvert de l’Ukraine « démocratique ». Enfin, dans la stratégie des chocs des Américains, et l’organisation de révolutions colorées, l’idéologie de l’UPA et de l’OUN fut propagée, soutenue et ces groupes extrémistes employés comme poing armé (surtout lors du second Maïdan de l’hiver 2013-2014).

Épilogue et dénazification. Le mot a été moqué en Occident, la nature de pans entiers de l’actuelle société ukrainienne également niée. Des médias, y compris français, se sont déshonorés en cherchant à cacher, voire à justifier cet état de fait (comme ici France Culture). Pourtant en 2012, l’électorat bandériste alignait environ 1 million d’électeurs ukrainiens. Depuis, avec le Maïdan, puis la guerre du Donbass, l’Ukraine est devenue le pays avec le plus de formations politiques extrémistes en Europe (Parti National-Socialiste d’Ukraine, Svoboda, Pravy Sektor, Centuria, Corps National, S 14, Marteau Blanc, Patriotes d’Ukraine, Trizoub, etc.). Avec la guerre, ces bandéristes sont devenus « des héros », l’armée ukrainienne a été contaminée, et avec elle de nombreux mercenaires étrangers. Beaucoup sont venus justement parce qu’ils voyaient renaître en Ukraine, à travers l’idéologie bandériste débridée, une force pour recommencer le combat perdu des années 30 et 40. Le salut et les slogans bandéristes sont devenus une norme dans l’armée ukrainienne, et les drapeaux de l’UPA sont partout, y compris sur les tombes des soldats ukrainiens. De ces combattants, la contamination s’est répandue dans la société. Notamment via des organisations de camps de jeunesse, à l’exemple des Azovets. Ensuite par la réalité de la guerre et de l’opération spéciale les cerveaux ont été largement contaminés. Avec l’interdiction en Ukraine de 12 partis politiques, une élection future dans le pays aurait certainement des résultats qui effrayeraient l’Occident. La victoire étant impossible pour l’Ukraine, l’après-guerre sera un enjeu énorme pour l’avenir. Les bandéristes qui ne seront pas morts sur le front, seront les futurs vieillards de l’UPA, que trimballaient dans des fauteuils roulants les Ukrainiens des années 90 à nos jours. Enfin, si la Russie organise déjà des procès, beaucoup de ces criminels de guerre prendront la fuite, via de nouvelles lignes des rats, où en restant au chaud dans le nid originel… dans les régions de Lvov et d’Ivano-Frankovsk.

Petit dictionnaire de l’UPA. Comme à mon habitude, voici un petit dictionnaire de prosopographie sur l’armée des insurgés ukrainiens, dont les biographies sont parlantes. Elles montrent bien les trajectoires de ses chefs et leur implication dans de terribles massacres, de la Shoah par balles, aux tueries de Polonais. L’immense majorité de ces chefs historiques furent liquidés par les Soviétiques, contrairement à de nombreux survivants de la 14e division SS Galicie ou des troupes ukrainiennes ayant servi jusqu’à la fin avec les Allemands dans leur retraite. C’est aussi ce qui a déclenché un sentiment d’infériorité chez les nationalistes ukrainiens du moment, et un désir de vengeance qui se voit particulièrement dans les discours des bandéristes actuels. Notez également, que ces hommes ont été utilisés pour le culte des morts, selon les devises « que les héros ne meurent jamais », avec les idées « romantiques » de l’Ukrainien invincible, et des « martyrs » de l’Ukraine. Tous les aspects des massacres, de la Shoah par balles, et de la collaboration avec l’Allemagne nazie sont passés à la trappe dans cette longue évolution. La réécriture de l’histoire a surtout été permise par les diasporas ukrainiennes (surtout du Canada et des USA), et par le soutien progressif puis total des Occidentaux jusqu’à nos jours. Vous remarquerez à la lecture des résumés de biographies, que la totalité de ces collaborateurs naquirent dans les régions de Volhynie et de Galicie.

Nikolaï Arsenitch (1910-1947), originaire de la communauté Houtsoule (petit groupe ethnique proche des Ukrainiens dans les Carpates), il intégra les scouts paramilitaires ukrainiens du Plast (1920), puis l’UVO (1929) et l’OUN. Il fit des études supérieures de droit à Lvov (années 30), et milita dans des groupes étudiants nationalistes. Il fut arrêté pour ses activités subversives (1937), et condamné à 3 ans de prison (1938). Il fut rapidement amnistié et libéré (janvier 1939), et à l’arrivée des Allemands entra dans les services du renseignement de l’Abwehr. Il fut nommé par Bandera chef du renseignement militaire ukrainien (1940), dans l’État-major de Cracovie. C’est lui qui organisa les polices supplétives et surtout les répressions contre les élites polonaises et les Juifs. Il se tailla une réputation de cruauté, y compris au milieu des pires nationalistes ukrainiens, de la Gestapo et de la SS. Ses hommes pratiquèrent la torture, notamment la Tsourkouvannya, une technique de tortures raffinées et particulièrement extrêmes et violentes. Il était le chef également du service de sécurité de l’OUN, sorte de SD ou de Gestapo ukrainienne. A ce titre, il fut probablement, l’un des plus grands criminels de guerre ukrainien de la Seconde Guerre mondiale. Sous ses ordres, des centaines de malheureux furent ainsi torturés et assassinés, y compris des familles entières, les épouses des suspects et jusqu’à leurs enfants. Ses hommes avaient pour habitude d’utiliser des haches, des fouets, des barres de fer et même des scies, un supplice horrible qui fut utilisé contre des femmes polonaises durant les massacres de Volhynie. Il participa à tous les massacres, d’abord aux côtés des Allemands, en Pologne, en Ukraine (1939-1942), y compris durant les opérations de la Shoah par balles, puis aux massacres de Volhynie et Galicie (1943). Il fut l’un des négociateurs avec les Allemands pour reformer l’alliance (janvier 1944). Il dirigea ensuite un maquis parmi les plus cruels et assassins, dans la région de Ternopol (1944-1946). Il fut liquidé avec son épouse et ses derniers partisans par les Soviétiques, le 23 janvier 1947. Il préféra se suicider plutôt que de se rendre en se faisant exploser avec une grenade. Une foule de monuments commémoratifs ont été érigés en Ukraine en sa mémoire, d’abord dans son école primaire (1997), puis une croix sur le lieu de sa mort. L’anniversaire de sa naissance fut fêté par les bandéristes à Ivano-Frankovsk (2010), puis un monument fut érigé dans son village natal (17 novembre 2013), des rues renommées dans plusieurs localités. Des médailles à titre posthume lui furent attribuées (non-officielles), par l’OUN et l’UPA (reformés), et remises à son neveu à Ivano-Frankovsk (2018).

Stepan Bandera (1909-1959), voir l’article du Donbass Insider.

Roman Choukhevytch (1907-1950), voir l’article du Donbass Insider.

Iaroslav Diakon (1913-1948), originaire de la région de Lvov, il rejoignit très jeune une formation paramilitaire de scouts ukrainiens, les Loups des Steppes. Il fit des études supérieures et venait d’une famille ukrainienne aisée. Il devînt instituteur (1929-1940), et intégra l’organisation de l’OUN (1937). Il fut arrêté par les Polonais la même année et jeté en prison. Il fut libéré par l’invasion allemande et soviétique de la Pologne (septembre 1939), et retourna à ses activités d’enseignant. Lors de l’opération Barbarossa, il fut recruté par la Gestapo, et servit dans les terribles services de sécurité ukrainiens (1942). Il participa notamment à l’élimination des nationalistes ukrainiens défavorables à la ligne de Bandera (1943-1944), et poursuivit le combat contre les troupes soviétiques. Il fut décoré dans l’UPA (1947), mais fut tué avec tout son groupe par des unités soviétiques, dans la région de Lvov, le 10 novembre 1948. L’un de ses frères fut tué dans les rangs de l’UPA, un autre fut fusillé par les Ukrainiens pour désertion de l’UPA, un troisième mobilisé en 1941 servit dans l’Armée Rouge. A l’indépendance, une croix fut érigée par des bandéristes sur le lieu de sa mort (1993), puis sa mémoire fut célébrée pour l’anniversaire de sa mort dans son école primaire (2013, les enfants furent embrigadés dans ces commémorations). Les descendants de Diakon furent invités pour l’occasion et tout ce petit monde alla déposer des fleurs « sur le monument aux combattants pour la liberté de l’Ukraine ». Il fut décoré d’une médaille non-officielle de l’UPA et l’OUN, qui furent remise à son arrière-petit-fils dans une petite ville de la région de Lvov (2018).

Vassili Galasa (1920-2002), originaire de la région de Ternopol, fils d’un modeste maçon. Il entra très jeune dans les mouvements clandestins ukrainiens, et fit des études secondaires. Il devînt maçon comme son père et intégra le mouvement de l’OUN (1937), puis de l’UVO. Il fut arrêté pour des activités subversives par les Polonais (mai 1939), mais fut libéré par l’invasion allemande et soviétique (septembre). Il fut identifié par le NKVD comme un nationaliste ukrainien et emprisonné (novembre 1939-juin 1940). Il fut libéré et entra dans la clandestinité s’occupant de développer la résistance, avec l’aide des services allemands (1940-1941). Il fut nommé chef de l’OUN dans la région de Ternopol (1942), puis pour la région de Przemysl (1943-1945). Il resta dans l’ombre des activités politiques clandestines à l’arrivée de l’Armée Rouge, et commanda un détachement clandestin de l’UPA (1945-1947). Il était l’agent de communication de l’UPA avec les services anglais puis américains (MI-6, OSS, puis CIA), en établissant des voies clandestines à travers l’Ukraine et la Tchécoslovaquie. Il dirigea également une imprimerie clandestine diffusant des tracts appelant à la résistance contre les Polonais, puis ensuite exclusivement contre les Soviétiques. Après l’écrasement de son groupe installée sur le territoire polonais (1947), il passa en Ukraine soviétique, commandant du groupe Nord-Ouest de l’OUN-B (la frange la plus radicale, 1948-1953). Son épouse fut arrêtée et fut envoyée dans sa cachette pour le persuader de se rendre (octobre 1949). Ils prirent la fuite et entrèrent dans la clandestinité totale. A la mort de Choukhevytch, il fut nommé chef de l’OUN dans l’Ouest de l’Ukraine, membre du Conseil de Libération de l’Ukraine (1950). Après la mort de Litvinchouk (1951), il fut nommé chef de l’UPA Nord, mais les partisans ayant été pour l’essentiel éliminé, son action devînt de plus en plus difficile. Il tomba finalement dans un piège tendu par les Soviétiques et fut capturé avec son épouse (11 juillet 1953). Il fut jeté en prison, mais la mort de Staline quelques mois auparavant lui sauva la vie. Il resta longuement en prison et fut finalement condamné à une peine légère de 10 ans de prison (1958), mais fut amnistié assez rapidement (1960). Il s’installa à Jytomyr, puis à Kiev (1962), reprit des études supérieures en économie (diplômé en 1967), puis travailla dans sa spécialité dans une complexe industriel soviétique (1967-1992). Il fut alors nommé dans l’Ukraine indépendante à l’Institut d’historiographie de l’Académie des Sciences (1992), où il passa ensuite son temps à un travail de recueil d’archives et de révisionnisme sur l’UPA. Il intégra les nouvelles organisations de l’OUN et de l’UPA, et ne cessa d’écrire, également en polonais afin de répandre la réécriture de l’histoire et le négationnisme ukrainien. Il mourut à Kiev, le 5 octobre 2002. Son nom fut donné essentiellement après le 2e Maïdan à de nombreuses rues dans diverses villes d’Ukraine, et des médailles non-officielles lui furent décernés à titre posthume par l’OUN et l’UPA (2018), remises à son fils encore en vie à cette date.

Alexandre Gasine (1907-1949), originaire de la région de Lvov, il rejoignit très jeune diverses organisations clandestines et notamment le groupe paramilitaire de scouts ukrainiens Plast (années 20). Il intégra ensuite l’UVO et bientôt l’OUN (années 30). Il fit des études supérieures à l’Institut Polytechnique de Lvov (diplômé, 1928), puis effectua son service militaire dans l’armée polonaise (1929), intégra une école militaire, puis fut envoyé en Allemagne dans une école similitaire (1929-1937). Il avait pourtant été inquiété à plusieurs reprises pour ses activités subversives, l’une des plumes de la propagande nationaliste, vite remarqué. Il prit la fuite en Autriche pour éviter la prison (1938), puis s’installa en Allemagne. Il fut recruté par les services nazis, devînt le rédacteur d’une feuille de propagande ukrainienne financée par l’Allemagne. Il choisit le camp de Bandera lors du conflit interne de l’OUN (1939), et commença à organiser des troupes supplétives pour supporter Hitler dans l’assaut de la Pologne, puis de l’URSS. A la proclamation de l’indépendance unilatérale de l’Ukraine, il fut nommé vice-ministre de la Défense du nouvel État (été 1941). Hitler ayant désavoué cette déclaration, il fut arrêté et emprisonné (1942-1943). Il s’évada (9 avril 1943), et fut l’un des créateurs de l’UPA. Il participa ensuite aux terribles massacres de Volhynie et à diverses tueries de groupes ethniques (été 1943). Il fut nommé au commandement de l’UPA Ouest (janvier 1944), lors de la nouvelle alliance avec l’Allemagne hitlérienne. Il fut immédiatement un chaud partisan de cette collaboration et obtînt des armes des Allemands, puis il fut nommé chef d’État-major de l’UPA (janvier 1946), et adjoint de Choukhevytch. Promu colonel (1948), il poursuivit la lutte contre l’Armée Rouge et le NKVD. Il fut finalement piégé à Lvov, ouvrit le feu sur les agents du NKVD et se voyant pris se tira une balle dans la bouche, le 31 janvier 1949. Son épouse fut traquée et finalement elle aussi arrêtée (1950), condamnée à 10 ans de prison et finalement amnistiée (1957), elle s’installa à Brovary près de Kiev. Il fut promu à titre posthume au grade de général par Bandera (1952). A l’indépendance dans le mouvement révisionniste, une plaque commémorative fut installée là où il avait été tué, puis une rue de Lvov renommée en son nom (2013). Une autre rue fut renommée à Brovary en l’honneur de son épouse (décembre 2015), et sa tombe est devenue un lieu de pèlerinage pour les bandéristes et néonazis ukrainiens.

Emelian Grabets (1911-1944), originaire de Galicie, d’une famille de diacres. Il rejoignit jeune l’OUN et l’UVO (années 30), mais il décida de faire des études supérieures en Tchécoslovaquie, Prague, à l’école polytechnique. A son retour, il participa à des attaques terroristes et des assassinats, notamment dans le groupe qui liquida le Ministre de l’Intérieur polonais (1934). Il prit la fuite en Tchécoslovaquie, mais le gouvernement tchèque aida la Pologne à pourchasser les criminels. Ils furent arrêtés et d’importantes archives transférés à la Pologne (1935). Sur la base de ces documents, il fut emprisonné un court moment (septembre 1935-janvier 1936), puis les preuves manquants à son égard, il fut libéré. Il participa à l’organisation de manifestations anti-polonaises (1938-1939), et fut finalement arrêté de nouveau (Lvov, janvier 1939). Libéré de nouveau, il entra dans la clandestinité à l’arrivée des Soviétiques, et organisa un réseau d’espionnage pour l’Allemagne nazie, des groupes de sabotages, et des voies de passage clandestin (1939-1941). Lors du lancement de l’opération Barbarossa (été 1941), il rejoignit la police supplétive ukrainienne, participant au côté de la Gestapo à la chasse aux Juifs, aux Tziganes, aux cadres soviétiques et à diverses personnalités des élites locales (1941-1943). Il déserta et passa à l’UPA (1943), et participa aux massacres de Polonais, des derniers juifs et de divers groupes ethniques dans les régions de Volhynie et Galicie. Il mena également un raid en Moldavie, alors contrôlée par la Roumanie (fin 1943), puis forma un maquis dans la région de Vinnytsia.Il fut liquidé avec son groupe par l’Armée Rouge, le 10 juin 1944. Son épouse Galina fut arrêtée et condamnée pour collaboration et participation aux mouvements nationalistes ukrainiens, à 25 ans de goulag (1916-2006). Elle n’effectua pas toute sa peine, survécut au terrible camp de Vorkouta (1947-1956), et fut amnistiée. Elle retourna ensuite en Ukraine où elle travailla comme professeur de musique et pour l’organisation communiste des pionniers (1957-1990). A l’indépendance, elle écrivit des mémoires sur son mari, obtenant qu’il soit nommé citoyen d’Honneur dans son village. Des recherches infructueuses furent menées pour retrouver sa sépulture, mais un vieillard et paysan déclara que les NKVD avaient d’abord jeté son corps sur un tas de fumier, puis l’avaient secrètement inhumé pour éviter que sa tombe puisse devenir un lieu de mémoire (années 90). Il fut alors qualifié de « martyr ». Dans le mouvement de révisionnisme et de réhabilitation, plusieurs monuments furent installées dans des villes ukrainiennes (2010, 2015, 2016), et le nom d’une ville de Lituanie renommée en son honneur.

Dmitri Gritsay (1907-1945), originaire de la région de Sambor, il entra jeune dans l’UVO (1928), armée clandestine ukrainienne et fit des études supérieures en physique et mathématiques à Lvov qu’il ne termina pas. Il entra dans l’armée polonaise et fit une école militaire d’officiers. Il entra ensuite dans l’OUN, devenant un chef régional. Il fut arrêté par les Polonais pour ses activités clandestines et terroristes (1934), condamné à deux ans de prison (1934-1936). De nouveau arrêté et emprisonné (1939), il fut libéré par l’invasion allemande et soviétique (septembre). Il collabora ensuite avec les Allemands et créa une école militaire pour les supplétifs ukrainiens. Il faisait partie de l’État-major de l’OUN au moment du plan Barbarossa (été 1941), et fut finalement arrêté par la Gestapo à Lvov (4 décembre 1942). Il fut libéré par une opération de l’OUN, avec de faux documents (septembre 1943). Il participa ensuite dans l’État-major à la lutte contre l’Armée Rouge suite à la recréation de l’alliance avec l’Allemagne nazie (fin 1943). Chef d’Etat-major de l’OUN (janvier 1945), nommé général, il tenta de passer à l’Ouest pour rejoindre Bandera en Allemagne (19 décembre 1945). Il fut reconnu et capturé par les Tchécoslovaques. Interrogé et probablement torturé, il succomba dans les geôles de Prague. Sa date de mort est inconnue, elle fut fixée à la date de son arrestation. L’UPA s’était livré à des massacres et assassinats de Slovaques et Tchèques durant les massacres de Volhynie et avait lutté contre les partisans tchécoslovaques dans les régions frontalières des Carpates. Les Tchécoslovaques n’avaient rien oublié. Il fut médaillé à titre posthume par Bandera (1952), et après les 2 Maïdan de nombreuses villes d’Ukraine créèrent des monuments « des héros de l’UPA », où il apparaît systématiquement. Il fut décoré à titre posthume de médailles non-officielles de l’OUN et de l’UPA (2017). Les médailles furent remises à son fils encore en vie à Lvov.

Vassili Ivakhiv (1908-1943), originaire de la région de Lvov, il entra dans une école militaire polonaise, et intégra son armée au grade de lieutenant. Il fut l’un des militants nationalistes de l’organisation clandestine Plast, puis de l’UVO, une armée secrète devant s’insurger contre la Pologne. Ces activités terroristes le conduisirent finalement en prison (1938-1939), et il fut finalemenBBt libéré à Lvov par l’arrivée des Soviétiques (automne 1939). Il passa cependant en Pologne, à Cracovie, et intégra l’organisation clandestine de l’OUN-B, fidèle au plus extrémiste des Ukrainiens, Stepan Bandera. La région était alors contrôlée par l’Allemagne nazie, l’UVO et l’OUN-B collaborant avec elle. Il fut l’un nationalistes qui proclamèrent l’indépendance de l’Ukraine, après l’invasion de l’URSS (été 1941). Ceci n’étant pas dans les plans d’Hitler, certains chefs (dont lui), furent arrêtés, les autres continuèrent à servir l’Allemagne. Il fut libéré par les Allemands (1942), et devînt l’un des officiers supérieurs de l’UPA, formant des troupes dans la région de Rovno. Il reçut l’ordre de lancer ses partisans sur les civils polonais de Volhynie et Galicie (printemps 1943). L’idée à l’approche des Soviétiques était d’épurer ethniquement la région (en massacrant les Polonais, les Russes, les Hongrois, les Roumains, les Tziganes et les derniers Juifs). Il commença immédiatement les massacres, mais fut tué par les Allemands, le 13 mai 1943. L’UPA en effet lutta quelques mois, assez mollement contre leurs alliés, en espérant obtenir une reconnaissance des alliés. Celle-ci n’étant pas venue, les Ukrainiens servirent l’Allemagne hitlérienne jusqu’à la fin (1944-1945). Ce criminel de guerre fut honoré d’une plaque commémorative dans sa ville natale (2017), puis des expositions et commémorations furent organisées pour l’anniversaire de sa naissance (2018).

Dmitri Kliachkisky (1911-1945), originaire de la région de Ternopol, fils de petits bourgeois employés de banque. Il fit des études supérieures à Lvov (années 30), et effectua son service militaire dans l’armée polonaise. Il était un militant et terroriste des organisations de l’OUN et de l’UVO. Il fut arrêté par les Polonais et jeté un moment en prison (octobre 1937), puis fut l’un des cadres d’une organisation sportive ukrainienne racolant des militants dans la jeunesse (1938-1939). Il reçut l’ordre de rester dans la région, lorsque les Soviétiques envahirent la Pologne avec l’Allemagne (septembre-octobre 1939). Il participa à l’organisation d’une insurrection ukrainienne contre l’URSS, mais fut arrêté par le NKVD (10 septembre 1940). Il passa en jugement et fut condamné à mort, mais la peine fut commuée en 10 ans de prison. Enfermé à Berditchev, il fut libéré par les troupes allemandes, et collabora. La déception du refus par Hitler d’avaliser la déclaration d’indépendance des Ukrainiens, le conduisit à rejoindre l’OUN-B, puis à entrer dans l’UPA (1942).Il s’opposa avec Choukhevytch à l’idée de combattre leurs alliés allemands, pour tenter de passer du côté des alliés. Toutefois, il suivit les ordres et organisa une troupe de plusieurs milliers de déserteurs de la police supplétive allemande (printemps 1943), et participa avec eux aux massacres de Volhynie et Galicie (essentiellement de Polonais). Son implication dans ces massacres de Polonais est considérée par les historiens comme majeure (entre 80 000 et 300 000 morts). Il liquida aussi des maquis ukrainiens favorables aux alliés (massacrés et pour les prisonniers horriblement torturés et assassinés), et s’attaqua aux partisans polonais, soviétiques et par intermittence aux Allemands. Les prisonniers soviétiques libérés ou fuyant les Allemands furent systématiquement exterminés sous ses ordres. Complètement paranoïaque, il décida aussi d’une purge sanglante dans ses propres rangs, afin de liquider les éléments les plus modérés et considérés comme non fiables. Il se cassa les dents sur les partisans soviétiques qu’il tenta d’exterminer, puis donna l’ordre de cesser les attaques contre les Allemands, les Hongrois et les Roumains (28 octobre 1943). Dès lors, tous ses efforts se portèrent contre les forces soviétiques arrivant dans la région. Il fut nommé commandant en chef de l’UPA Nord (janvier 1944), remplacé par Choukhevytch. Il demanda aux Allemands la livraison de matériels militaires, dont des canons de DCA, des armes antichars et des fusils d’assauts (printemps 1944), pour mieux lutter contre l’Armée Rouge. Son QG fut découvert par les troupes soviétiques et quasiment anéanti (10 février 1945), son armée ayant perdu plus de 60 % de ses effectifs et la moitié de ses armes. Il prit la fuite mais fut découvert avec deux compagnons dans une forêt et tué les armes à la main (12 février 1945). Bandera le fit décoré à titre posthume et l’éleva au grade de colonel (1952). Dès l’indépendance de l’Ukraine, les bandéristes locaux lui érigèrent un monument dans sa ville natale (1995), puis un autre à Rovno (2002). Une croix commémorative fut érigée au lieu de sa mort dans le processus de réhabilitation massive des criminels de guerre et collaborateurs des nazis (août 2015).

Vassili Kouk (1913-2007), originaire de la région de Lvov, fils de paysans, il fut envoyé étudier dans une université catholique en Pologne, à Lublin. C’est là qu’il fut recruté par Stepan Bandera pour rejoindre l’UVO et l’OUN, armée et organisation clandestines ukrainiennes (anti-polonaises). Il fut arrêté à plusieurs reprises par les Polonais et suspecté d’activités terroristes (années 30). Il entra en clandestinité au moment de l’arrivée des Soviétiques (septembre 1939), et créa une imprimerie clandestine et des groupes de sabotages en vue de la guerre contre l’URSS. Son influence s’étendit sur les régions de Kiev, Tcherkassy et Dniepropetrovsk et il rallia les troupes allemandes lors du lancement de l’opération Barbarossa. Il collabora avec les Allemands, puis entra dans l’UPA et lutta contre les Soviétiques longuement (1944-1954). Il fut nommé commandant de l’OUN-B en Ukraine après la mort de Choukhevytch (1950), et fut finalement découvert et arrêté par le KGB (1954). Il fut détenu en prison (1954-1960), mais fut étrangement amnistié (1960). Après cette libération il écrivit une lettre à tous les chefs ukrainiens pour les inviter comme lui « à reconnaître l’URSS comme le pouvoir légitime en Ukraine ». Cette déclaration fut sans doute obtenue en échange de sa libération. Il affirma que le combat était désormais vain et que les forces ukrainiennes à l’étranger étaient impuissantes. Il vécut ensuite en Ukraine, et obtînt un poste aux archives de l’État ukrainien, de l’Institut historique et de l’Académie des Sciences. Après l’indépendance, il donna une interview (2000), où il affirma avoir été forcé de faire cette fameuse déclaration en 1960. Il mourut à Kiev le 9 septembre 2007. Malgré sa trahison, après le premier Maïdan, il fut décoré à titre posthume par le Président Iouchtchenko (26 novembre 2005), puis un monument fut inauguré dans son village natal (septembre 2010), mais il ne fut plus ensuite mis en avant.

Nikolaï Kozak (1914 ou 1915-1949), fils d’un prêtre uniate, il fit des études à l’Institut Polytechnique de Lvov (diplômé, 1933). Il entra dans l’organisation clandestine de l’OUN (1934), et participa à une tentative d’assassinat sur un professeur à Lvov (1937). Il fut arrêté par les Polonais et condamné à dix ans de prison (1938). Sa peine fut réduite à trois ans, mais il fut libéré par l’invasion allemande et soviétique (septembre). Il rejoignit Cracovie et s’enrôla dans la police supplétive ukrainienne au service de l’Allemagne nazie. Il participa à des actions de rassemblement des Juifs dans le ghetto, et à l’élimination des élites polonaises (1939-1941). Il fut nommé chef local de l’OUN à Lemkow et rejoignit les forces ukrainiennes au service de l’Allemagne au moment de l’invasion de l’URSS (été 1941). Il s’installa à Vinnytsia, où il participa à la liquidation des Juifs et à la destruction des élites soviétiques et d’opposants à l’Allemagne nazie. Il y monta aussi une imprimerie clandestine de l’OUN (1941-1943). Il occupa les mêmes fonctions à Kamienets-Podolsk, puis rallia l’UPA (1943). Il fut nommé commandant du groupe UPA Sud et signa un décret autorisant les unités de l’UPA à prononcer des peines de mort sans en référer auparavant. Cet ordre criminel était de toute façon la norme de l’UPA et le resta durant toute la guerre. Fanatique, il lança aussi une grande purge dans les rangs de son armée, liquida tous les partisans de l’OUN-M (opposés à l’alliance avec l’Allemagne nazie), et d’autres soldats jugés peu fiables (environ 1 000 victimes assassinées). Il mit au point lui-même des techniques nouvelles de tortures pour briser les malheureux qui tombaient entre ses mains. Il poursuivit la lutte contre les Soviétiques (1944-1949), et tenta de privilégier les actions clandestines et d’infiltrations (parfois avec succès, même contre le NKVD). La prise d’archives de l’UPA dans une cache de l’UPA l’identifia formellement aux Soviétiques (10 mai 1946). Après un jeu de cache cache fastidieux, il fut finalement liquidé dans un obscur village de la région de Rovno, le 8 février 1949. Il est considéré par les historiens, notamment polonais, comme l’un des pires criminels de guerre et collaborateurs ukrainiens. Dans une grande opération révisionniste, il fut décoré à titre posthume de médailles non-officielles de l’OUN et l’UPA (2017), médailles remises à son neveu à Ivano-Frankovsk.

Nikolaï Lebed (1909-1998), originaire de la région de Lvov, membre très jeune de l’OUN (1925), il intégra l’État-major de l’organisation comme cadre en charge de la jeunesse (1930). C’est lui qui organisa l’assassinat du Ministre de l’Intérieur de Pologne (1934), et tenta de fuir en Allemagne. Arrêté par la Gestapo, malgré le soutien souterrain aux nationalistes ukrainiens, il fut livré à la Pologne. Il fut condamné à mort, mais sa peine fut commuée en prison à vie. Il fut finalement libéré par l’invasion allemande de la Pologne (septembre 1939). Il devînt l’un des cadres les plus importants des collaborateurs ukrainiens avec l’Allemagne nazie, second de Bandera (agent de l’Abwehr et de la Gestapo). Il fut partisan au refus d’Hitler d’avaliser l’indépendance de l’Ukraine, de rompre avec l’Allemagne (été 1941). Il prit la fuite et se cacha et réapparut lors de la fondation de l’UPA. Il tenta de négocier une alliance avec les partisans polonais de l’armée secrète. Éminence grise de Bandera, il organisa les purges sanglantes et l’assassinat des opposants à Bandera (OUN-M de Melnik, et d’autres formations mineures). C’est lui qui proposa de nettoyer ethniquement les territoires de Volhynie et Galicie des Polonais et autres groupes ethniques qu’il jugeait des ennemis (1943-1944). A ce titre, il reste devant l’histoire l’un des plus grands criminels de guerre de la Seconde Guerre mondiale. Il négocia alors avec l’Allemagne la fourniture d’armes à l’UPA. Il fut envoyé auprès des alliés pour tenter de plaider la cause de l’Ukraine indépendante (automne 1944). Il désavoua finalement Bandera (1946), et forma une faction dissidente, l’OUGVR. Il fut recruté par les services secrets américains (décembre 1946), et s’installa comme Bandera à Munich. Il créa pour la CIA, un groupe d’agents en Ukraine pour des missions de renseignements. Il ne faisait pas l’unanimité, un rapport interne de la CIA disait de lui : « c’est un sadique bien connu et complice des Allemands ». Il donna beaucoup d’informations au CIC et à la CIA sur les migrants ukrainiens afin de démasquer les agents potentiels soviétiques. Il fut nommé chef de l’OUN pour l’Allemagne (1948), puis négocia avec la CIA son transfert avec sa famille aux USA (1949). Il devînt l’une des figures de la diaspora ukrainienne et bandériste, fonda une maison d’édition pour diffuser de la propagande. Il fut aussi le directeur d’un centre de recherches (révisionniste et de réécriture de l’histoire), à New York qui était financé la CIA (1952-1974). Il cumula pas mal de fonctions différentes dans les entités de la diaspora bandériste ukrainienne. Il revînt en Ukraine à l’indépendance (années 90), et fut même délégué au Congrès mondial des Ukrainiens à Kiev (1992). Il mourut à Pittsburgh aux USA, le 18 juillet 1998, et ses archives furent versées à l’Université d’Harvard. Il avait procédé à un nettoyage systématique de ces dernières et réécrivit sa propre histoire en appuyant sur le fait qu’il fut « le père spirituel » de l’UPA, et surtout un antinazi acharné. Il inventa notamment des avis de recherches lancés par la Gestapo contre lui et d’autres faits imaginaires sur son « action antifasciste ». La Pologne, même à l’époque soviétique n’a jamais osé demander son extradition.

Ivan Litvintchouk (1920-1951), d’une famille modeste de Volhynie, il fut envoyé dans un monastère pour étudier au séminaire (1934). Il intégra les organisations clandestines de l’OUN et de l’UVO (1935), et participa à des actions sous le couvert d’un poste de secrétaire auprès d’un archevêque (1937-1939). Il collabora ensuite avec les Allemands, installé à Cracovie, participant à la destruction des embryons de la résistance polonaise, l’enfermement des Juifs dans les ghettos avant leur déportation finale (1939-1941). Il monta des camps d’entraînements pour les futurs légionnaires ukrainiens au service de l’Allemagne nazie, puis forma des maquis de l’armée de l’UPA (1942-1943). Il fut l’un des principaux organisateurs de la liquidation ethnique des Polonais dans les régions de Volhynie et Galicie (1943), participant lui-même à d’horribles massacres dès le printemps 1943. Il fut nommé au commandement de l’un des trois groupes de l’UPA Nord (été 1944). Il tourna alors ses armes contre les Soviétiques et résista longuement (1944-1951). Il monta les grades, jusqu’à devenir commandant adjoint de l’OUN en Ukraine (1949). Il mourut obscurément dans une modeste ferme de la région de Rovno, le 19 janvier 1951. Il était alors l’un des derniers chefs ukrainiens encore en vie, la plupart des maquis ayant alors été liquidés à cette date.Après l’indépendance, une croix commémorative fut installée dans le village où il mourut, et une école fut renommée en son honneur. Les historiens polonais l’ont décrit comme l’un des principaux criminels de guerre ukrainiens, particulièrement cruel et impitoyable durant les massacres de Volhynnie et Galicie.

Alexandre Loutsky (1910-1946), originaire de la région d’Ivano-Frankovsk, il intégra jeune l’OUN et l’UVO (1930), et fit son service militaire dans l’armée polonaise (1932-1933). Il fut nommé comme chef de l’OUN dans un district (1933), mais fut arrêté pour ses activités terroristes et clandestines contre la Pologne (septembre). Il fut condamné à une peine de 4,5 ans de prison (1933-1938), avant d’être de nouveau arrêté et jeté en prison (mars 1939). Il fut libéré à l’arrivée des Soviétiques et entra dans la clandestinité. Il se fit passer pour un bon communiste et infiltra le conseil municipal d’un village. Il prit la fuite et passa du côté allemand s’installant à Cracovie. Il intégra les services de renseignement de la Wehrmacht (Abwehr). Il prit parti pour les plus extrémistes (Bandera, OUN-B, favorables à une collaboration totale, 1940). Il entra dans le bataillon Nachtigall (comme Choukhevytch), et participa à l’invasion de l’URSS (1941). Il participa à d’horribles massacres de Juifs, liquidations de ghettos et assassinats de personnalités (cadres soviétiques, etc.). Il fut nommé commandant de peloton dans un bataillon de Schutzmannchaft (1941-1943, 201e bataillon), avec lequel il participa à des tueries, liquidations de villages, massacres et chasse aux partisans en Biélorussie (sous le commandement du SD dans la SS). Son bataillon fut dissous et après une brève arrestation par la Gestapo, il passa à l’UPA (été 1943), rassemblant plusieurs milliers de combattants dans les Carpates. Un court moment arrêté de nouveau par la Gestapo (mai-juin 1944), il fut libéré par l’intervention d’un cadre de l’Abwehr et retourna combattre les Soviétiques. Il perdit son commandement étant entré en conflit avec Choukhevytch, envoyé comme simple traducteur dans l’OUN et pour organiser la résistance en collaboration avec l’Allemagne. Il fut capturé par le NKVD dans sa région d’Ivano-Frankovsk (29 janvier 1945). Emmené à Kiev, il passa devant un tribunal qui le condamné à mort (10 août 1946). Il fut fusillé le 13 novembre 1946. Il avait déclaré « l’idéologie de l’OUN s’est formée pendant la période de formation du national-socialisme et du fascisme italien. C’est la raison pour laquelle il y a tant de points communs entre le nationalisme ukrainien et le national-socialisme allemand ». Une photo de lui en uniforme SS apparut de lui (1971), qui fut fournit par son neveu dans le cadre d’un article historique publié en URSS. Après l’indépendance, un monument fut érigé en sa mémoire dans son village natal (années 2000), et une rue de Lvov renommée en son nom.

Piotr Oleinik (1909 ou 1914-1946), originaire de la région de Lvov, il entra très jeune dans le mouvement paramilitaire de scouts ukrainiens, puis effectua son service militaire dans l’armée polonaise. Il entra dans les organisations clandestines de l’OUN et de l’UVO (années 30). Il fit ensuite des études supérieures en droit à Lvov et intégra un cabinet d’avocats. Il fut arrêté pour des discours anti-polonais et des tentatives d’agitations nationalistes (octobre 1938). Il s’évada de sa prison à la faveur de l’arrivée des soviétiques (septembre 1939). Il entra dans la clandestinité et dans les services de renseignements allemands. Il fut nommé chef de l’OUN pour la région de Dniepropetrovsk et collabora (1942). Au moment de la formation de l’UPA, il fut arrêté par les Allemands, mais il réussit à s’évader et à rejoindre les maquis. Il forma une unité de plusieurs milliers d’hommes et participa aux massacres de Polonais de Volhynie (et d’autres groupes ethniques, dont les derniers Juifs, été 1943). Il tenta de signer une trêve avec les Hongrois, et retourna ses hommes contre l’Armée Rouge (fin 1943). Son groupe fut balayé par cette dernière dans une bataille de 4 jours (21-25 avril 1944). Il prit la fuite avec les débris de ses unités et continua la guérilla dans le Nord-Ouest de l’Ukraine (1944-1945). Commandant par intérim de l’UPA Nord, son groupe fut liquidé par une opération du NKVD et il fut tué le 17 février 1946, dans la région de Volhynie. Dans le mouvement de révisionnisme ukrainien, sa tombe fut recherchée mais jamais découverte. A défaut, il fut décoré de plusieurs médailles non-officielles de l’UPA, région de Ternopol, les décorations étant remises à son fils encore en vie (2017).

Vassili Sidor (1910-1949), originaire de la région de Lvov, il fit des études secondaires, puis effectua son service militaire dans l’armée polonaise (1931-1932). Il fut expulsé de l’armée pour ses positions politiques ultranationalistes (1932). Il était en effet membre de l’OUN et de l’UVO, et devînt un cadre de ses deux organisations. Il fut arrêté pour des activités terroristes et clandestines et condamné à la prison (1935, 1937-1939). Il passa dans les rangs des collaborateurs avec l’Allemagne nazie (1939), puis entra dans le bataillon Nachtigal (1941). Il participa à de sinistres massacres et tueries de Juifs, liquidations de ghettos et assassinats de personnalités avec cette unité. Il passa ensuite dans le 201e bataillon de Schutzmannschaft, et se livra avec ses hommes à des tueries, liquidations de villages, massacres divers et chasse aux partisans en Biélorussie (1941-1942). Le bataillon était une unité du SD, service de sécurité de la SS. Il déserta (novembre 1942), et entra dans l’UPA, puis servit dans l’État-major de cette armée en Volhynie (1943-1944). Il participa aux massacres dans cette région, pour la liquidation ethnique des Polonais, mais aussi des derniers Juifs, des Hongrois, Roumains, Slovaques et Tziganes. Il montra en grade au fil du temps, commandant de l’OUN dans les Carpates , nommé au grade de colonel (1946), commandant en second de l’UPA (1947), il fut liquidé avec son maquis par les troupes soviétiques dans un village de la région d’Ivano-Frankovsk, le 14 avril 1949. L’année suivante ce fut le tour de Choukhevytch. Après l’indépendance de l’Ukraine, un monument fut élevé sur le lieu de sa mort et il fut réinhumé dans une cérémonie bandériste (1993). Un autre monument fut bientôt inauguré l’année suivante dans un village de la région (1994), puis des dizaines de villes ou villages renommèrent des rues en son honneur (jusqu’à nos jours). Dans le mouvement révisionniste et de réhabilitation des collaborateurs nazis, il fut décoré à titre posthume à Lvov, de médailles non-officielles de l’UPA (2017), et déclaré « martyr ».

Laurent Brayard

Note : l’image de l’article est une photo d’un épisode des massacres de Volhynie commis par l’UPA, ici dans la localité de Lipniki.

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