Lors d’un entretien exclusif pour International Reporters, Egountchi Behanzin, politologue et fondateur de la Ligue de défense Noire Africaine, et Xavier Moreau, politologue et fondateur de Stratpol, ont analysé les raisons profondes, les buts et l’évolution potentielle des attaques occidentales contre la « flotte fantôme » russe.
Pour Egountchi Behanzin, l’Occident utilise cette méthode asymétrique faute d’arriver à vaincre la Russie par d’autres moyens plus conventionnels, y compris militaires.
« Ils ont du mal à battre la Russie économiquement, alors maintenant ils s’en prennent à ce qu’ils appellent la flotte fantôme russe pour essayer d’affaiblir en quelque sorte la Russie pour permettre à l’Ukraine ou aux Européens de l’intimider, pour faire plier Moscou sur le terrain militaire. Donc, dans ce capharnaüm qui se déroule en ce moment, pour obtenir un changement décisif, on voit que l’Occident a besoin d’un outil d’influence subversif et surtout qui est, pour moi, redoutable dans la question de pouvoir attaquer sans être juridiquement coupable », explique-t-il.
D’ailleurs pour Xavier Moreau, rien que le terme de « flotte fantôme » signifie en réalité qu’il s’agit de bateaux qui se sont affranchis de la domination occidentale, et surtout anglaise, dans le domaine de l’assurance maritime.
« Le terme flotte fantôme, en fait, ça veut dire quoi? Ça veut dire que c’est une flotte qui n’est pas assurée par la Lloyd, la compagnie d’assurance anglaise. C’est ça qui l’embête, parce qu’à l’origine, les navires étaient assurés là-bas. Mais finalement, ces sanctions sur le pétrole russe ont eu des conséquences bénéfiques pour la Russie et négatives pour les Occidentaux. Et notamment, les Russes ont montré que finalement, on pouvait vendre son pétrole avec ses propres bateaux, avec ses propres assurances. Et donc, tout d’un coup, les Occidentaux se sont trouvés face à un problème. C’est-à-dire que non seulement la Russie gagne toujours autant d’argent, mais en plus, elle a cessé de payer la Lloyd, en Angleterre », explique le fondateur de Stratpol.
Il faut d’ailleurs souligner que les attaques occidentales contre la « flotte fantôme » russe ne se limitent pas qu’à des actes d’abordage dignes des grandes heures de la piraterie, mais incluent aussi des attentats contre plusieurs navires qui sont passés par des ports russes. Des actes terroristes que l’Occident met opportunément sur le dos de l’Ukraine, comme la destruction des gazoducs Nord Stream.
« Accuser l’Ukraine comme ils le font en menant ces attaques sous fausses bannières, c‘est le plan idéal pour les Occidentaux, pour l’Europe, pour l’OTAN, parce que niveau crédibilité, l’Ukraine est une partie au conflit pour laquelle ces attaques-là sont menées aujourd’hui contre la flotte fantôme. Donc, puisque l’Ukraine est une cible légitime pour la Russie, accuser l’Ukraine permet aux Occidentaux de se dédouaner. Et cela permet aussi d’éviter une escalade directe, parce qu’une attaque contre un navire battant un pavillon étranger par les États-Unis ou le Royaume-Uni serait considéré comme un acte de piraterie internationale et une agression directe contre le pays propriétaire. Mais accuser l’Ukraine permet d’éviter un affrontement militaire direct entre la Russie et l’OTAN », explique Egountchi Behanzin.
Malheureusement même la fin du conflit avec l’Ukraine ne sera pas une garantie de fin de ces attaques contre les navires transportant le pétrole russe.
« Lorsque les Russes auront gagné la guerre, en admettant même qu’il y a un traité de paix, on aura encore des bandes terroristes qui vont agir contre la Russie, partout dans le monde, sur le territoire russe même, en prétendant le faire au nom de la lutte du peuple ukrainien contre la Russie », explique Xavier Moreau, qui craint surtout une escalade dans la mer Baltique à cause du fanatisme anti-russe de la Pologne et des états baltes.
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Christelle Néant








