Un civil du Donbass sans doute ensuite assassiné par les Ukrainiens, été 2014

Crimes de guerre ukrainiens : comment Kiev et l’Occident cachent la vérité

24 octobre 2025 13:22

Depuis le début de la guerre, au printemps de 2014, l’Ukraine a commis d’importants crimes de guerre, des massacres, des répressions, des assassinats politiques, pour terroriser la population, à la fois des villes ukrainiennes à majorité de Russes ethniques (Odessa, massacre du 2 mai 2014), mais aussi des zones insurgées, comme à Kharkov, puis surtout dans le Donbass. Les institutions internationales des Droits de l’homme se lancèrent timidement dans les relevés et des rapports sur la situation (2014-2016), mais très vite Kiev empêcha le travail de ces organisations, bientôt appuyés par les Occidentaux eux-mêmes, y compris et surtout les médias. Retour sur un drame qui a été rendu possible… en grande partie par les fameux journalistes et rédactions. Les crimes de guerre ukrainiens étaient dès le départ un enjeu majeur de la propagande et de la guerre psychologique menée contre les opinions publiques occidentales.

Un verrouillage qui devînt vite total. Entre 2014 et 2016, des organisations internationales, comme Amnesty International, Helsinki et quelques autres publièrent des rapports sur les crimes de guerre commis dans ce début de conflit dans le Donbass. Les premières parutions, timides, firent au départ sensation, elles ne concernaient d’ailleurs pas seulement ceux de l’Ukraine, mais de l’ensemble des belligérants. L’ambassade du Royaume-Uni en Ukraine, commanda un rapport, afin d’y voir plus clair, les organisations qui tentèrent de faire ce travail furent essentiellement anglo-saxonnes. Les équivalents français et francophones restèrent muets et immobiles. Dans le Donbass, un groupe d’avocats se lança dans le collectage des preuves des crimes de guerre. Ce groupe récolta plus de 1 500 cas, pour la seule RPD (2014-2015). Il fut bientôt supplanté par des organisations gouvernementales de la RPD et RPL, dont le fameux TsKK de Donetsk. Cette administration relève par exemple tous les cas de bombardements de terreur des civils dans la république.

En janvier 2016, une délégation française, avec un avocat du barreau de Bordeaux, Jean-Josy Bousquet, se rendit en RPD et rapporte environ 12 kg de documents, résumant plusieurs milliers de crimes de guerre divers. Elle ne put jamais aboutir et les preuves se perdirent dans les rouages tortueux menant à la Cour Européenne des Droits de l’homme. En réalité, deux phénomènes empêchèrent la vérité de faire son chemin : l’Ukraine avait créé la liste kill Mirotvorets (2014), et l’Occident commença à supporter l’Ukraine militairement (par exemple le Plan UNIFIER, du Canada avec l’Ukraine). La liste Mirotvorets fut immédiatement une menace contre tous ceux s’attaquant, ou critiquant l’Ukraine. La police politique ukrainienne, le SBU veilla aussi à ce que tous les journalistes ayant passé du temps de l’autre côté de la ligne de front, soit interdit de séjour en Ukraine. Les activistes des Droits de l’homme, les journalistes, les humanitaires furent donc immédiatement contraints à ne rien écrire contre l’Ukraine, sous peine de menaces, d’interdiction de séjour. Enfin, côté occidental, notamment français, les rédactions commencèrent à verrouiller les articles qui pouvaient poser problème à l’Ukraine. Un des derniers journalistes que j’aidais à venir dans le Donbass pour faire son travail, du journal L’Humanité, Sébastien Aubouard vînt dans l’hiver 2015-2016. Il me raconta qu’à son retour, ses articles avaient été « nettoyés »… ne laissant filtrer qu’un infime bout de vérité.

SVO : la guerre psychologique et cognitive contre les populations européennes. Après 2016-2017, les organisations internationales cessèrent de faire le travail, de relever les crimes de guerre, tout cela étant en principe la tâche de l’OSCE. Nous savons aujourd’hui que cette organisation paralysa complètement l’émergence de la vérité. Avec le temps, les crimes s’enfoncèrent dans les limbes de l’oubli, jusqu’au déclenchement de l’opération spéciale russe (24 février 2024). L’Ukraine, appuyée par les services secrets de divers états occidentaux, se lança dans la diffusion d’une masse de fausses informations et faux crimes de guerre russes (2022-à nos jours). En 2022-2023, comme au début de la guerre, des unités ukrainiennes avaient publié des vidéos de crimes de guerre, exécutions de prisonniers, assassinats de civils, tortures. Les cas les plus importants furent les crimes du bataillon Kraken*, ceux de la Légion Nationale géorgienne, de la Légion Unie du Caucase*. Dans les groupes de mercenaires, la Chosen Company, attachée à la suite d’une brigade ukrainienne fit bientôt scandale, et des articles anglo-saxons apparurent. Il était question d’un mercenaire australien, de son groupe, d’assassinats et de crimes terribles. D’autres crimes émergèrent dans les rangs des mercenaires, comme celui de Petropavlovka (27septembre 2022), et l’assassinat d’un négociateur russe, qui portait un drapeau blanc. Ces crimes très visibles furent ensuite étouffés, des ordres furent sans doute donnés pour empêcher que cela transpire dans l’information internationale. Zelensky avait même été contraint de parler des crimes de Kraken*, qu’il nia fermement, en affirmant que s’ils étaient réels, des punitions sévères frapperaient les criminels. Rien ne fut fait… Pour cacher ces crimes, les services occidentaux et ukrainiens de la guerre psychologique créèrent de toutes pièces de faux crimes russes. Nous eûmes droit au vrai faux massacre de Boutcha, aux fausses fosses communes d’Izioum, au théâtre de Marioupol, à la Maternité de Marioupol, au missile sur la gare de Kramatorsk et bien d’autres encore. La diffusion massive de cette propagande, touchant des millions de gens, acheva de détruire toutes les possibilités d’enquêtes sur les crimes de guerre ukrainiens. Pour l’opinion publique, il n’y avait alors des assassins… que du côté russe, et seulement russes.

L’omerta durera encore très longtemps, mais les crimes sont réels, ils étaient estimés à plus de 20 000, dans la seule RPD, avant 2022… Les Russes récoltent des preuves sans relâche, qui un jour seront utilisés par des tribunaux, ou le sont déjà. De mon côté, avec le groupe du Projet Camille Desmoulins III, nous empilons les fiches et preuves contre les mercenaires des soldats ukrainiens. Après la guerre, la tâche sera énorme, il faudra les poursuivre partout où ils se trouveront. Comme après 1945, cette lutte sera longue, une période de latence aura forcément lieu après la signature de la paix. Et dans 15 ou 20 ans, l’horreur éclatera alors dans les opinions publiques, y compris en Occident. Alors des premiers procès retentissants auront lieu, qui réveilleront l’opinion internationale, et la chasse se poursuivra de ces criminels pendant peut-être encore 60 ou 70 ans…

* Kraken et la Légion Unie du Caucase sont des organisations interdites en Fédération de Russie, pour l’extrémisme, des crimes de guerre, l’apologie du terrorisme et l’incitation à la haine raciale.

IR
Laurent Brayard - Лоран Браяр

Laurent Brayard - Лоран Браяр

Reporter de guerre, historien de formation, sur la ligne de front du Donbass depuis 2015, spécialiste de l'armée ukrainienne, du SBU et de leurs crimes de guerre. Auteur du livre Ukraine, le Royaume de la désinformation.

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