faiseurs de guerres Ukraine armes OTAN

Kiev : terreur, assassinats et terrorisme

16 octobre 2025 14:52

La terreur est une arme politique que Kiev utilise de longue date. Pour terroriser sa population, la Junte issue du coup d’État du Maïdan américain (hiver 2013-2014) n’avait pas hésité à employer les massacres, les assassinats politiques, la torture dans les caves du SBU, les kidnappings d’opposants disparaissant pour toujours, les menaces contre les familles des opposants. Tout cela s’était complété d’une loi « anti-terroriste », l’ATO, dans le Donbass, pour désarmer le système judiciaire et transformer les insurgés et opposants en « terroristes ». L’Ukraine utilisa alors l’arme des procès mascarades, des milliers de personnes jugées de manière expéditive, avec un avocat muselé et silencieux. Ce régime hideux qui est caché et couvert par les médias occidentaux, est devenu avec le temps de plus en plus violent et répressif. Impuissant face aux populations russes et à la Russie, l’Ukraine est alors passée aux actes terroristes.

Des répressions sauvages initiées dès le coup d’État du Maïdan. La terrible police politique, le SBU, fut l’une des armes sanglantes de ces répressions. Après l’échec des massacres, pour impressionner la population civile, notamment à Odessa (2 mai), ou Marioupol (7-9 mai, et après le 13 juin 2014), cette police arrêta des milliers de personnes, non seulement dans le Donbass, mais dans toute l’Ukraine. Des unités spéciales furent créées, en particulier aux abords du Donbass, ou dans les villes occupées du Donbass. Le point central fut la ville de Marioupol, disposant de deux vastes États-majors du SBU, avec des cachots secrets dans les sous-sols, que j’ai vu de mes propres yeux. Il y avait le QG de l’ancien oblast de Donetsk, et celui de la ville. Le SBU créa des prisons secrètes, dont seulement une partie fut identifiée, mais avérées à Marioupol, Kharkov, Zaporojie, probablement Kiev et d’autres qui se révéleront peut-être un jour. Sur le terrain, les bataillons de représailles donnèrent la main, dans une véritable chasse aux « terroristes ». A l’arrière, le SBU commença son long travail de sape dans la population. Les opposants devaient être identifiés, surveillés, pour les plus suspects arrêtés. Si besoin est, selon les témoignages des survivants, des charges étaient inventées contre eux. Madame Gourina de Kharkov, raconte par exemple qu’une grenade fut glissée dans une botte, dans son domicile, pour l’accuser de détention illégale d’armes et de terrorisme.

Une chasse féroce et sanglante des opposants. La chasse aux opposants fit des milliers de victimes, je fis l’interview en août 2015, d’une jeune étudiante originaire d’Odessa, dans une école supérieure à Kiev, activiste antimaïdan. Elle prit la fuite de la capitale, les agents du SBU sur les talons, en février 2015, se réfugiant à Donetsk. Plus tard, je relevais un cas similaire, celui d’un professeur d’allemand à Dniepropetrovsk, travaillant dans une université. Se sentant observé et suivi, il prit la fuite en douce, sans avoir prévenu personne, passant lui aussi dans le Donbass, au début de l’année 2016. A Moscou, je rencontrais en 2019, une femme de Kharkov, dont le mari avait été l’un des insurgés ayant pris le contrôle de l’administration régionale (début avril 2014). Un matin, la porte de leur domicile avait été enfoncée. L’homme ayant tenté de résister avait été abattu sur place. Emprisonnée, menacée, son épouse avait pris la fuite avec sa vieille mère une fois libérée, après avoir été mise en garde par un inconnu dans la rue, lui intimant l’ordre de fuir ou d’en subir les conséquences (début de l’année 2016). A Marioupol, de telles répressions avaient été menées dans la ville, surtout à partir du 13 juin 2014, date de l’occupation de la ville par les forces ukrainiennes. Je fis des relevés de témoignages de survivants, notamment d’Oleg et son épouse. Arrêté, torturé, membre de la résistance, il avait été sauvagement torturé, emprisonné dans une prison secrète à Zaporojie durant 14 mois. Même témoignage pour Vitali, informateur de la résistance, arrêté, torturé ignoblement, enfermé jusqu’à son échange dans une prison secrète à Kharkov.

Les répressions se poursuivent de plus en plus violentes et aveugles. En 2022, des opérations du SBU furent menées directement dans les rues. Tout le monde se souvient des commandos du SBU attachant des gens à des réverbères ou des arbres dans la rue. Les victimes, parfois entravées avec leurs enfants avaient leurs pantalons baissés, fouettées ensuite publiquement avec des baguettes. Dans l’été 2022, des forces supplétives furent employées à la chasse aux résistants et opposants. Ce fut le cas notamment de Géorgiens, notamment de la Légion Unie du Caucase*, lâchés dans les rues d’Odessa et de Nikolaïev. Ces hommes se prirent en photos dans les rues, avec des civils ligotés et aux visages enroulés de scotchs ou avec des sacs sur la tête. Une photo montrait aussi d’autres malheureux chargés dans un camion et emportés dans un lieu inconnu. Il est probable, que comme à Marioupol ou Kommunar dans le Donbass, ils furent ensuite assassinés. Dans l’automne, un mercenaire français se prit en photo avec un civil humilié, à genoux, autour de soldats ukrainiens, alors que des vidéos apparaissaient d’autres mercenaires géorgiens torturant des prisonniers de guerre et des civils. Après le retour des Ukrainiens dans les territoires abandonnés par la retraite stratégique russe de l’automne 2022, de telles opérations de nettoyages ont été et sont menées. Mais en parallèle, les services secrets ukrainiens, le renseignement militaire ou le SBU ont commencé de recruter des volontaires pour commettre des attentats, des assassinats, notamment de personnalités pro-russes. Cette stratégie a été mise en place également sur le territoire de la Russie, mais aussi en France ou en Turquie. Dans la fin de l’automne 2022, ma propre sœur fut contactée par un étrange personnage, au fort accent, et sans formule de politesse demandant avec insistance où je me trouvais. Dans l’urgence, mes parents procédèrent à son déménagement, et les numéros de téléphones dont elle usait abandonnés pour d’autres. Le mois précédent, Adrien Bocquet, lors d’un passage à Istanbul, avait échappé à une tentative d’assassinat. Reporters de guerre, journalistes, personnalités, anciens politiciens ukrainiens tombaient déjà sous les couteaux des assassins de l’Ukraine, la plus célèbre restant Daria Douguina.

Les fanatiques de l’Ukraine à l’action dans les régions de Kherson et Zaporojie. Mais ces opérations menées contre des personnalités parfois d’envergure, sont menées aussi dans les nouvelles régions. Elles avaient commencé de longue date, par les assassinats des chefs de bataillon Givi (8 février 2017) ou Motorola (16 octobre 2016), ou encore celui du Président de la RPD, Zakhartchenko (31 août 2018). Après 2022, l’Ukraine a activé d’autres assassins, dernièrement plusieurs ont été jugés et condamnés. Ces actes ne sont hélas pas isolés, mais dirigés et pilotés par les services ukrainiens, qui dans la tradition du bandérisme, de l’UVO ou de l’OUN* (campagnes d’attentats et d’assassinats dans les années 20-30), organisent ces actes terroristes et criminels. Ils ne sont jamais dénoncés par les médias occidentaux, ni même pas les responsables politiques européens… ce qui en dit très long, car certains pour les plus importants ont certainement été organisés avec l’aide de services occidentaux (notamment ceux de Boris Nemtsov en 2015, ou de Daria Douguina en 2022). Parmi la longue liste des terroristes armés par l’Ukraine pour commettre ces assassinats, en voici quelques-uns jugés dernièrement en Russie :

Il s’agissait de Vadim Tratrouk, habitant de la ville d’Energodar, dans l’oblast de Zaporijie, il rejoignit un groupe de saboteurs et d’assassins , le CT (mars 2022), travaillant pour la Direction générale du renseignement (GUR) du Ministère de la Défense de l’Ukraine. En mai 2022, Tratrouk avait placé un engin explosif improvisé dans le tableau électrique d’un immeuble d’habitation où résidait le chef de l’administration d’Energodar. Il avait actionné l’engin à distance. L’explosion avait infligé des blessures de gravité moyenne au fonctionnaire et à deux citoyens russes. Plus tard, en avril 2023, il fut chargé de l’assassinat du directeur adjoint du personnel de la centrale nucléaire de Zaporijie, mais la bombe fut découverte et désamorcée. Démasqué, il fut arrêté et a été condamné dernièrement à 25 ans d’emprisonnement et à une amende de 700 000 roubles.

Un autre membre du CT, toujours dans la région de Zaporojie, Artëm Mourdid, avait rejoint l’organisation terroriste en juin 2022, dans une cellule pilotée par le SBU. Il entraîna dans ses activités sa mère, Anna Mourdid, et sa concubine, Anna Vochkoder. Ensemble, ils avaient réuni et élaboré des explosifs et des bombes. Ils avaient tenté de faire exploser entre juillet et décembre 2022, une voie ferrée (explosif découvert et désamorcé), d’assassiner un chef de gare (échappé de peu à l’attentat), d’assassiner le chef de l’administration de Melitopol (blessé dans l’attentat), d’assassiner le chef des transports urbains de Melitopol (mortellement blessé, son épouse grièvement blessée par la bombe). Enfin découverts, arrêtés, Mourdid a été condamné à la réclusion à perpétuité, son épouse à 20 ans de prison, sa mère à 22 ans.

A Melitopol, 5 citoyens avaient été recrutés pour des attentats, à savoir Andreï Goloubev, Igor Gorlov, Alexandre Joukov, Vladimir Zouev et Youri Petrov. Sous la tutelle du SBU, ils avaient planifié un attentat à la voiture piégée, contre un point de distribution d’aide humanitaire fournie à la population civile. En Ukraine, la propagande affirmait que ceux qui recevaient cette aide devaient être tués, car ils étaient des traîtres. Heureusement, leur projet meurtrier fut dénoncé par une connaissance horrifiée par l’acte qu’ils se proposaient de commettre. Ils furent arrêtés et ont été condamnés à des peines de prison entre 11 et 14 ans.

A Kherson, même constat, avec le démantèlement d’une cellule de deux assassins, Alexandre Gazda et Andreï Matienko, entraînés par le GUR, renseignement militaire ukrainien, dans les villes de Krivoï Rog, Zaporojie et Kiev, puis renvoyés dans la région de Kherson avec pour objectif l’assassinat de fonctionnaires des administrations. Leur petit manège et leurs allées et venues provoquèrent leurs arrestations, en possession d’explosifs. Gazda a été envoyé derrière les barreaux pour 20 ans, Matienko pour 11 ans.

En Crimée, Evguéni Kourdoglo avait été recruté lui aussi par le GUR, avec pour mission de faire exploser une station de pompage, dans la région rurale d’Ostanino, qui alimente en eau un réservoir fournissant la précieuse ressource à plus de 170 000 habitants. Dans une région particulièrement visée depuis 2014, par ce genre d’opérations criminelles de l’Ukraine, avec une population massivement ralliée à la Russie, ses allées et venues près de l’installation provoquèrent la suspicion d’habitants. Arrêté en possession de nombreux explosifs, il a été condamné à 14 ans de prison.

Dans le Donbass, en RPD, trois agents du SBU, Youri Ivanov, Stanislav Sourovtsev et Andreï Garrious, avaient commis entre 2016 et 2018, pas moins de 8 attentats à la bombe, à Donetsk et Makeevka, notamment contre des installations énergétiques, dans le but de priver les habitants d’électricité. Dans une région encore plus hostile aux méfaits ukrainiens, ils furent arrêtés et ont été condamnés dernièrement à 23 et 24 ans de prison.

Petit à petit, les services russes démasquent les « apprentis terroristes » de l’Ukraine, mais certains mieux formés, ou supportés par des services occidentaux ont fait mouche. L’Ukraine malgré des centaines de cas documentés affirme toujours, couverte par les médias occidentaux et les politiques « qu’elle n’use pas du terrorisme et ne l’a jamais fait ». Une sinistre pantalonnade qui ne trompe personne, mais qui est utilisée par la guerre cognitive contre les populations occidentales, notamment pour faire porter le chapeau « aux Russes », ou affirmer qu’il s’agit « de propagande russe », ou de « complotisme ».

* La Légion Unie du Caucase et l’OUN sont des organisations interdites en Fédération de Russie, pour l’extrémisme, le terrorisme, l’apologie du terrorisme et l’incitation à la haine raciale.

IR
Laurent Brayard - Лоран Браяр

Laurent Brayard - Лоран Браяр

Reporter de guerre, historien de formation, sur la ligne de front du Donbass depuis 2015, spécialiste de l'armée ukrainienne, du SBU et de leurs crimes de guerre. Auteur du livre Ukraine, le Royaume de la désinformation.

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

Latest from Actualités

Sergey Chikin

Ukraine: pénurie de soldats

Un fil traverse toute la guerre: la demande constante d’hommes au front. En Ukraine, ce besoin s’est traduit par réforme sur réforme, une rhétorique

Don't Miss