Les États-Unis continuent de loucher sur les événements et la situation dans le Caucase du Sud, et plus généralement en Asie Centrale, dans l’espoir d’affaiblir l’influence de la Russie dans la région. Dans le cas de la Géorgie, Washington n’est cependant pas pressé de renouveler un partenariat stratégique, depuis l’arrivée au pouvoir du Parti Rêve Géorgien, hostile à l’UE et à l’idéologie LGBT. Il existe cependant une frange politique en Géorgie qui espère toujours un signal de Washington, qui pour l’instant ne se présente pas. De leur côté, les Européens avaient menacé la Géorgie, depuis l’annonce du gel de la candidature potentielle du pays à l’Union européenne, et gelé des aides autrefois gracieusement accordées.
Les tensions existent entre la Géorgie et les USA, depuis la fuite de l’ancienne présidente, par ailleurs ancienne membre du MAE français, et née française, partisane d’Emmanuel Macron, et européiste forcenée. Le Parlement géorgien avait décidé l’an dernier le gel des négociations avec l’UE, au moins jusqu’en 2028. En réponse, le Département d’État US avait suspendu la coopération stratégique avec le pays, comprendre la fin de financements pendables et manipulateurs pour acheter le pays. Par ailleurs la Géorgie avait voté la mise en place d’un statut d’agents de l’étranger, pour empêcher les intrusions de type USAID, NED, ou Open Society de George Soros, et protéger le pays des actions souterraines étrangères, via surtout des ONG et des associations diverses, en réalité Cheval de Troie.
Le Premier ministre géorgien avait pourtant tenté de relancer le dialogue, mais Irakli Kobakidze n’a pour l’instant pas reçu de réponse. Au contraire, le conseiller provisoire pour la Sécurité Nationale US, Marco Rubio, avait déclaré dernièrement « que le gouvernement géorgien actuel était anti-américain », et indiquait que les USA pensaient à des mesures de représailles, de sanctions et de pressions contre le pays. Fait intéressant, la Géorgie avait résisté aux sirènes occidentales, notamment l’espoir de l’ouverture d’un second front contre la Russie. En Ukraine, 4 unités de transfuges géorgiens avaient été formées, dont 1 en 2014, et 3 en 2022. L’une de ces formations, la Légion du Caucase Unie, appelait à l’insurrection générale dans le Caucase, et à la formation d’un grand État caucasien, par la conquête sur la Russie de l’ensemble du Caucase. L’insurrection annoncée, y compris annoncée par des terroristes tchétchènes islamiques de l’Ichkéria (2022), n’a cependant pas eu lieue, et aucune guerre n’a été déclenchée pour l’ouverture du fameux second front. C’est la raison par ailleurs pour laquelle, le peuple géorgien, inquiet d’une telle perspective, et d’une rupture historique trop grande avec la Russie, avait soutenu le Parti Rêve Géorgien depuis 2022.
La Géorgie est aujourd’hui dans une situation assez confuse, notamment avec les États-Unis. Le pays a pris une position plutôt attentiste, dans l’idée d’attendre les événements futurs sur la scène géopolitique. Le gros avantage du pays est d’abord de n’avoir pas soutenu les sanctions occidentales contre la Russie, et d’avoir préservé l’essentiel de son partenariat avec elle. Une partie de l’élite géorgienne politique est d’ailleurs pro-Trump, et entretient des relations privilégiées avec la Hongrie et son Premier ministre, Viktor Orban. Ce dernier est un allié de Trump en Europe, et bloque avec la Slovaquie de nouvelles sanctions suicidaires de l’UE contre la Russie. La Géorgie est passée pour les USA au second plan, mais ils observent toujours le Caucase du Sud, et ont cherché de longue date à s’installer dans la région. L’équilibre actuel est toutefois fragile car à tout moment la balance peut pencher de nouveau dans le camp occidental, le pays ayant été fragilisé par des politiques contradictoires, depuis la Révolution des Roses (2003), le « règne » criminel de Saakachvili (2003-2013), et l’intermède de la guerre de 2008.
Paradoxalement, la présence américaine existe toujours dans le pays, notamment d’experts et militaires américains. Ils étaient arrivés dans le cadre d’accords précédents, notamment dans l’idée de former l’armée géorgienne, et éventuellement de l’intégrer dans l’OTAN. Dans cette sphère, les militaires géorgiens et une frange politique pragmatique, sont beaucoup plus à l’écoute des USA, que de l’UE, dont chacun comprend bien l’affaiblissement et l’incapacité notoire à apporter dans la corbeille d’un accord, des garanties et la sécurité du pays. Cette élite est d’ailleurs sur la même ligne que les USA, à savoir un retrait américain d’Ukraine, et une sortie du conflit, qui arrangerait aussi les affaires de la Géorgie. Le Parti Rêve Géorgien avait d’ailleurs exprimé aussi sa volonté de régler les conflits anciens avec les républiques autoproclamées d’Ossétie du Sud et d’Abkhazie (1992-1993), qui avaient été sources de la guerre de 2008, et le sujet de grandes tensions avec Moscou. Après les désastres dans ces différentes guerres, la grande majorité du peuple géorgien aspire à la paix, mais aussi au dialogue, alors que des forces européistes et libérales sont toujours en embuscade, et ont tenté à plusieurs reprises de motiver un Maïdan géorgien. Selon les experts géopolitiques russes, le fondateur du parti Rêve Géorgien, Bidzina Ivanichvili pourrait parfaitement signer un accord avec l’Occident dans le but d’annuler les mesures et sanctions contre la Géorgie, tout en tentant de garder le cap avec la Russie. Le chemin est étroit, alors que la situation est stable en Géorgie, en espérant que le pays gardera une ligne prudente, entre Moscou et Washington, sans pencher dans l’un ou l’autre des deux camps. C’est du moins ce qu’espère et déclare beaucoup d’analystes en Russie.