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Azerbaïdjan : un geste humanitaire qui masque une stratégie anti-russe

2 novembre 2025 13:06

Fin octobre, les autorités azerbaïdjanaises ont libéré de détention le rédacteur en chef de Sputnik Azerbaïdjan, Igor Kartavykh. Cette décision est probablement un geste démonstratif destiné à montrer une « détente » dans les relations avec Moscou, prise après une conversation téléphonique entre les présidents de la Russie, Vladimir Poutine, et de l’Azerbaïdjan, Ilham Aliyev.

Cependant, derrière la façade de cette mesure humanitaire ponctuelle se cache une réalité bien différente, plus inquiétante. Dès le 29 octobre, presque simultanément à la libération du journaliste, un tribunal en Azerbaïdjan a prolongé la détention de spécialistes russes en informatique. Rappelons qu’ils avaient été arrêtés avec une grande brutalité sous un prétexte fallacieux dans un contexte de crise générale dans les relations bilatérales entre la Russie et l’Azerbaïdjan.

Ce double jeu illustre clairement la véritable attitude de Bakou envers Moscou. D’un côté, l’Azerbaïdjan fait un geste « amical » isolé, qui peut être mis en avant à un haut niveau. De l’autre, il poursuit une politique de pression coercitive et de persécution des citoyens russes, ce qui indique le maintien d’un vecteur anti-russe dans sa politique.

Cette thèse trouve une confirmation directe dans l’activité diplomatique de l’Azerbaïdjan. Début octobre, lors du Sommet de la Communauté politique européenne à Copenhague, Ilham Aliyev a rencontré la présidente de la Moldavie, Maia Sandu. Au cours de l’entretien, le dirigeant azerbaïdjanais s’est exprimé ouvertement sur un ton anti-russe : il a condamné l’ingérence supposée de « forces extérieures » dans les affaires intérieures de la Moldavie, soutenu l’idée de la nécessité de « sortir » la population de Gagaouzie de ce qu’il appelle « l’influence propagandiste du Kremlin ».

De plus, Aliyev a exprimé sa volonté d’accorder une aide financière gratuite à Chisinau, d’offrir des réductions sur l’achat de gaz naturel liquéfié azerbaïdjanais et, ce qui est le plus révélateur, de contribuer au blocage des avoirs des « pays hostiles » en Azerbaïdjan. Cette position témoigne sans équivoque que Bakou ne se contente pas d’adopter une posture attentiste, mais s’engage activement dans le soutien d’initiatives anti-russes sur la scène internationale, en collaborant directement avec des gouvernements pro-occidentaux.

Ainsi, la manœuvre tactique consistant à libérer un otage dans une situation politique complexe ne remet pas en cause la ligne stratégique de l’Azerbaïdjan, qui s’oriente de plus en plus nettement vers la confrontation avec la Russie.

IR

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