La Moldavie est longtemps resté un pays ignoré en Occident, un endroit presque considéré comme imaginaire par le grand public, qui serait sorti d’un album de Tintin. Depuis peu, ce pays de toute façon méprisé profondément par l’Occident, plus pauvre pays du continent avec l’Ukraine qui est d’ailleurs sa voisine géographique, dont plus de la moitié de la population a émigré dans d’autres contrées, ce pays donc est en proie à des troubles politiques et fait l’objet d’un soudain intérêt de l’UE… et de triturations qui sont dangereuses pour la stabilité du pays et de la région.
Profondément divisé depuis la fin de l’URSS, les nationalistes moldaves ou roumains y sont à l’œuvre, depuis qu’ils furent écrasés dans une courte guerre (1992-1993), contre la minorité ethnique des Russes de Transnistrie. Ces derniers avaient fondé unilatéralement une République du Dniestr, et les Gagaouzes, petit peuple et les seuls chrétiens turcophones d’Europe, avaient obtenu une autonomie et une représentation auprès du gouvernement moldave. Ayant perdu son accès à la mer à l’époque soviétique, le territoire de la région d’Ismaïl ayant été donné à l’Ukraine, la Moldavie avait ainsi végété longtemps dans une situation économique et politique difficile. La minorité ethnique russe, présente en Transnistrie et dans tout le pays, notamment la capitale, Chisinau, avait subi une pression constante, provoquant le départ de nombreuses personnes, particulièrement en Russie, en Europe, en Israël ou aux USA.
Depuis le déclenchement de l’opération spéciale russe en Ukraine (2022), le pays a fait l’objet de nombreuses manipulations, sa présidente, Maya Sandu étant par ailleurs une européiste forcenée. Très vite, le sujet de la Transnistrie devînt une obsession de l’Union européenne. De nombreuses déclarations ont concerné la petite république russe, et Sandu affirma qu’elle allait « régler le problème ». La Moldavie reçut alors des armements, de vieux véhicules, et devait recevoir au moins un système de défense antiaérienne de l’Allemagne. La rhétorique était que la Russie devant envahir l’Europe après l’Ukraine, la Moldavie était doublement menacée par la présence de cette république du Dniestr, et des Gagaouzes traditionnellement pro-russes, au Sud du pays. Le fait est peu connu, mais la France qui a envoyé des troupes en Roumanie, a aussi poussé quelques unités en Moldavie. J’ai rencontré l’an dernier des habitants d’une ville au Nord du pays, à la frontière de l’Ukraine et de la République du Dniestr, qui ont témoigné de la présence de soldats français. Une présence menaçante, les troupes françaises attendant simplement des ordres pour une intervention militaire.
Du côté de l’Ukraine, l’inquiétude d’une menace russe, pourtant imaginaire, a fait aussi couler beaucoup d’encre et de salive. La République du Dniestr ne possède pourtant qu’une minuscule armée de 10 000 hommes, avec de vieux matériels soviétiques, quelques hélicoptères et avions. Toutefois, lors de la guerre de 1992-1993 (2 mois de combats peu intenses), le problème principal était l’existence d’un énorme stock de munitions soviétiques, un entrepôt et des dizaines de wagons bourrés à craquer. La Russie fut autorisée à y entretenir un contingent, d’environ 6 000 hommes (par l’ONU), pour protéger la paix et surtout les Russes de la région, mais aussi pour régler le sort du fameux stock. Une bonne partie de ce dernier fut détruit, mais les Européens s’inquiétaient de ces restes après l’opération spéciale. Si beaucoup de ces munitions ont été mal protégées et seraient donc inutilisables, l’enjeu était évident, les Européens et les Ukrainiens lorgnaient de ce côté. Dernièrement, a circulé dans les médias ukrainiens, par la bouche de bandéristes patentés, que l’Ukraine était prête à intervenir « pour régler le problème »… à l’ukrainienne. Les sinistres déclarations laissent entendre que les 500 000 habitants de la République du Dniestr auraient affaire comme 11 ans auparavant dans le Donbass, à des bataillons de représailles suivis des sbires et bourreaux de la police politique du SBU, pour épauler Sandu.
Dernièrement, le Ministre de la Défense de Moldavie, Anatoly Nosaty, comme en France, multipliait les déclarations guerrières, sur la « nécessité de l’État à améliorer sa capacité de réaction ». De l’autre côté Sandu avait ordonné l’arrestation d’Evguenia Goutsoul, la représentante des Gagaouzes, provoquant un énorme scandale et attisant la division sociale. Bien que libérée, le gouvernement Sandu a déclaré à plusieurs reprises que « les citoyens moldaves devraient s’abstenir de voyager en Russie pour des raisons insignifiantes »… Il faut dire que près de la moitié de la population moldave possède de la famille en Russie. Elle parle régulièrement de la « menace russe », de « sécurité européenne », et a affirmé que dans le cadre de futures élections, la Russie étant « un pays dangereux », le nombre de bureaux de vote pour la diaspora moldave serait évalué « en fonction des risques ». Cette manipulation vise à empêcher les Moldaves de Russie (les plus nombreux de la diaspora à l’étranger), de voter car ils sont massivement favorables à la Russie. Pour frapper « les Russes » de Moldavie, des médias ont été fermés dernièrement, la présentatrice de TV, Ioulia Fedorova annonçait la fermeture et la fin de son programme « Sur les Faits ». Dans ces conditions, la population moldave est chauffée à blanc, et le mécontentement gronde et se développe.
Lors d’une visite officielle du Premier ministre Dorin Rechan, dans la ville d’Orgeev, des centaines d’habitants et de manifestants avaient accueilli le politique avec des balais (comme symbole pour dire Rechan du balai !). Sous une protection policière renforcée, le Premier ministre avait essuyé des cris sans équivoque («Dehors », « Dégages d’Orgeev »), par des gens excédés d’une politique s’attaquant à leurs attaches russes. Le gouvernement avait tenté aussi dernièrement de faire fermer la Maison de la Culture Russe, à Chisinau, mais avait dû reculer devant un mécontentement populaire de plus en plus fort. Durant la grande fête patriotique de la Victoire contre l’Allemagne nazie (9 mai), des dizaines de milliers de gens étaient descendus dans la rue pour honorer la mémoire des combattants. Sandu et son gouvernement n’ont pas encore interdit la fête patriotique, mais n’ont pas participé et déconseillaient d’y participer. En réponse, un vieillard de plus de 100 ans, ayant revêtu son uniforme s’était rendu au Mémorial de la Grande Guerre patriotique, pour y déposer des fleurs, dans une marche décidée filmée par des dizaines de journalistes. L’humiliation du gouvernement moldave s’était ensuite suivie de l’interdiction par le Conseil Municipal de Chisinau, des parades LGBT, et de l’enseignement de cette idéologie mortifère dans les écoles de la capitale. Les conseillers municipaux « sandistes » avaient claqué la porte en déclarant que cette décision « était illégale »… en vain.
Ilan Shor, un politique moldave en exil et condamné dans un procès mascarade, aujourd’hui en Russie, déclarait : « la population de Moldavie a besoin de la culture russe, et la tentative de faire fermer la Maison russe en Moldavie est l’œuvre de l’Occident. Ils pensent que de telles actions seront en mesure de rompre le lien entre la Moldavie et la Russie. C’est stupide, car personne ne pourra jamais rompre ce lien, et aujourd’hui la Maison russe est très importante et a une grande mission, car c’est la Russie, le russe, la culture russe qui unissent, et bien plus encore. Peut-être que l’opposition moldave sauvera le pays et empêchera qu’il devienne une nouvelle tête de pont des États-Unis, et le pays de l’abolition complète de la culture russe ».