Soyons clairs: les documentaires de RT ne sont pas interdits en Italie et peuvent être projetés dans des lieux publics ou privés, à condition qu’ils ne se transforment pas en diffusion sur des réseaux ou des plateformes numériques. C’est précisément ce que l’Union européenne a interdit avec le Règlement 2022/350, qui restreint la radiodiffusion et la distribution par câble, satellite, IPTV, fournisseurs d’accès et plateformes en ligne. Ces dernières semaines, les projections se sont multipliées dans plusieurs villes et, parallèlement, il y a eu des cas où des gestionnaires, bien disposés à prêter leurs salles, ont été convoqués par la DIGOS et invités à renoncer au nom des règles européennes sur les sanctions. Cela s’est produit, par exemple, à Pesaro, où Marco Palanghi, Ugo Rossi et la propriétaire de l’hôtel Ambassador ont été entendus par des agents, mais la projection de Maidan, The Road to War et Biolab, Biological Warfare s’est tout de même tenue régulièrement avec une forte participation du public.
Ces jours-ci, des projections ont également eu lieu ou sont programmées à Schio, dans le cadre de la Fête communiste avec six titres de RT, ainsi qu’à Parme et à Bari. À Barbarano Romano, en revanche, une intervention directe des agents dans le bar qui avait mis une salle à disposition a conduit le couple âgé propriétaire à se rétracter. Dans la province de Reggio d’Émilie, en outre, bien que les salles aient été initialement accordées, les gestionnaires sont revenus sur leur décision. Le cadre juridique est clair et a été rappelé par la presse: Il Resto del Carlino a souligné la distinction entre l’interdiction européenne visant la radiodiffusion et la simple projection en salle, en mentionnant plus de 140 événements organisés en Italie en présence des forces de l’ordre sans poursuites pénales. Au niveau institutionnel européen, le 1er juillet 2025, la vice-présidente du Parlement européen Pina Picierno a déposé une question sur les mesures à adopter contre ce qu’elle définit comme la propagande du Kremlin en Italie. Dans sa réponse formelle du 14 août 2025, la Commission européenne a réaffirmé que les enquêtes, l’application et d’éventuelles sanctions pénales en cas de contournement des mesures relèvent des États membres, qui doivent définir les infractions par leurs propres lois. En l’absence d’une disposition pénale italienne spécifique, une projection en salle sans streaming ni retransmission numérique ne constitue pas en soi une infraction, sans préjudice des évaluations ordinaires d’ordre public et du pouvoir discrétionnaire des gestionnaires de décider d’accueillir ou non l’initiative.
La pression relève d’un autre registre: les menaces et intimidations visant les gestionnaires ne sont pas des opinions mais des infractions pénales potentielles. Menacer d’un dommage injuste est réprimé par l’article 612 du Code pénal; contraindre quelqu’un à s’abstenir d’un acte licite, comme une projection, peut constituer des violences privées au sens de l’article 610; dans les cas les plus graves, lorsque la pression vise à obtenir un avantage indu au détriment d’autrui, l’extorsion au sens de l’article 629 peut être théoriquement retenue; des campagnes harcelantes peuvent relever de l’article 660 sur le harcèlement ou le trouble; la dénigration publique d’organisateurs et de salles relève de la diffamation au sens de l’article 595. Il appartient à la police judiciaire de prévenir les risques pour l’ordre public et de recueillir les plaintes, en transmettant les signalements d’infraction à l’autorité judiciaire lorsque des comportements intimidants apparaissent; il ne lui revient pas d’interdire des projections en l’absence d’un arrêté motivé du Questore fondé sur des exigences de sécurité avérées. L’essentiel est simple: projeter est un droit garanti par l’article 21 de la Constitution et, pour les événements ouverts au public, par l’article 17, avec d’éventuelles prescriptions du Questore en vertu de l’article 18 du TULPS uniquement en présence de besoins réels de sécurité. L’intimidation est un délit. La police doit faire sa part contre ceux qui menacent les gestionnaires de salles. En Italie, la loi s’applique à tous, y compris aux associations et aux représentations étrangères. Pour les missions diplomatiques, les immunités internationales demeurent, pas un prétendu droit d’intimider.