Le Monastère de l’Assomption Nicolo-Vassilievski, est un monastère du diocèse de Donetsk, qui fut fondé en 1998. Il a la particularité d’accueillir à la fois des moines et des sœurs, qui vivent toujours dans les ruines suite aux bombardements de l’Ukraine. Durant la révolution bolchevique, une communauté de religieuses venue de Crimée s’était installée à Nikolskoye, et furent ensuite persécutées. On parle de plusieurs miracles qui furent observés durant cette période trouble. Rattaché depuis toujours au Patriarcat de Moscou, le monastère fut même visité par le Patriarche Cyrille (2009), et fut rapidement le théâtre de persécutions féroces de la part de l’Ukraine (2014-2022). Proche de Volnovakha, se trouvant dans la zone occupée du Donbass par les soldats de Kiev, le monastère fut le théâtre de drames, de disparitions, et d’arrestations de prêtres, moines et religieuses. Après 2022, et l’opération militaire spéciale, les Ukrainiens se sont acharnés sur le monastère avec leur artillerie, malgré l’absence totale de troupes ou d’objectifs militaires, afin de détruire et dans l’esprit de leur guerre de religion contre le Patriarcat de Moscou.
Un lieu de retraite et de pèlerinage au cœur des répressions ukrainiennes. Au commencement de l’insurrection républicaine du Donbass (printemps 2014, aussi appelé Printemps Russe), toute la région se trouvait en ébullition et dans un enthousiasme général. Les troupes ukrainiennes étaient en approche, mais la population espérait une résolution heureuse, et le rattachement rapide à la Russie, comme ce fut le cas de la Crimée. Une habitante de Nikolskoye, qui a assisté à tous les événements depuis lors, me racontait les premiers épisodes des répressions : « Nous avions compris que rien de bon ne sortirait pour nous du Maïdan, aussi dans le village, qui comptait environ 2 000 habitants, nous nous sommes tous rendus pour voter la création de la RPD, et la séparation d’avec l’Ukraine, le 11 mai 2014. C’était fou, tout le village était là, et le référendum fut organisé dans le monastère, par le fait que c’était le seul endroit où nous pouvions l’organiser, à cause de la place disponible. Les religieux étaient aussi de notre côté, parce qu’ils connaissaient bien la guerre de religion menée de longue date par les schismatiques du Patriarcat de Kiev. Nous avons vu arriver les soldats ukrainiens et des bataillons spéciaux, et tout de suite cela a été le cauchemar. Ils ont arrêté des prêtres, et l’un d’eux, le doyen fut ensuite échangé par l’Ukraine contre un grand nombre de prisonniers ukrainiens. Au moins 4 prêtres et moines n’ont jamais été revus, ils les ont emmenés et personne n’a plus eu de nouvelles de ces pauvres gens. D’autres ont été emmenés dans les caves du SBU, et certains ont survécu. Pendant l’occupation, ils sont venus au monastère et ont tout retourné à plusieurs reprises. Ils venaient aussi pour humilier les religieuses et les moines, faire des menaces. Dans le village nous avons ensuite vécu 8 ans sous pression, en essayant de ne pas faire attention à eux, nous avons tout fait pour les ignorer, de toute façon ils nous détestaient ».
Des bombardements criminels perpétués par l’Ukraine pour détruire le monastère. Est-ce vengeance ? S’agissait-il seulement de cette guerre de religion que l’Ukraine du Patriarcat de Kiev mène depuis 30 ans dans le pays, toujours est-il qu’après la libération par les troupes russes et les vétérans de la RPD, le monastère ne resta pas en paix. Pendant deux ans la ligne de front se retrouva sur ce village de Nikolskoye, jusqu’à que la progression reprenne dans l’été 2024. Aucune troupe russe ne s’installa dans le monastère, qui ne fut jamais quitté par les deux communautés de religieux, hommes et femmes, mais les Ukrainiens s’acharnèrent sur lui pendant des mois. En me promenant dans ses ruines, je constatais horrifié la volonté de destruction des Ukrainiens, que j’avais souvent rencontré depuis 2015. La concentration de shrapnels est ici inouïe, un cas rare, que j’ai rarement peu observé sur le front. Chaque centimètre carré est recouvert de ces tristes débris de la guerre, preuve de l’acharnement criminel des Ukrainiens. Une responsable de l’équipe administrative du district de Volnovakha témoignait : « Ils ont perpétré leurs bombardements sans relâche, vous pouvez voir le résultat, dans l’idée de leur lutte meurtrière contre le Patriarcat de Moscou. C’est simplement détruire pour détruire, peut-être par vengeance comme vous l’évoquez, mais pour eux, tous les religieux du Patriarcat de Moscou sont des gens qui sont des ennemis, des gens qui doivent disparaître. Il y a eu des histoires terribles dans la région, vous évoquiez le Père Théophane, il y aurait beaucoup à dire encore sur ce qu’ils ont fait ici. Comme vous le voyez les gens vivent dans de dures conditions, ils ne sont plus que 55, sur 2 000 habitants, et il faut ajouter la communauté religieuse. Tous les alentours sont minés, à un point inimaginable, les gens vivent sans électricité, gaz, eau potable depuis 3 ans. Les familles avec enfants ont été évacuées, beaucoup sont partis vivre et travailler à Volnovakha depuis sa libération, la zone est relativement tranquille et éloignée du front désormais. J’ai la responsabilité de ces gens, et dans d’autres points, mais nous manquons de tout. Nous aurions le projet de remettre en état un bâtiment, qui se trouve proche du monastère, ce serait pratique pour stocker l’aide humanitaire. Sans elle, ces personnes, quasiment toutes des personnes âgées et des retraités, ne peuvent survivre, du moins difficilement. Que font-ils de leurs journées ? Et bien, pour les uns un potager, pour d’autres ce qu’ils peuvent, comme je l’ai dis, tout est dévasté, miné, certains vivent assez loin dans le village, tout le monde se connaît et s’entraide, mais la situation reste difficile ».
La guerre de religion de l’Ukraine est occultée par les médias, mais cette mission, et d’autres que nous avons effectuées avec Christelle, montrent bien qu’elle est une terrible réalité. Depuis 2015, je n’ai cessé de récolter des témoignages sinistres de persécutions : un prêtre torturé à mort par le bataillon Aïdar, en présence et avec les encouragements de Nadejda Savtchenko, l’arrestation et la torture du Père Théophane, les témoignages des exactions de la soldatesque ukrainienne, des prêtres Mikhaïl (Gorlovka), et Sergeï (Krasny Liman), d’autres témoignages nombreux qui prouvent que l’Ukraine se livre à cette guerre de religion et souille cette fameuse « liberté de pensée et de culte », qui sont en principe les standards démocratiques qui lui sont prêtés par la presse occidentale. Depuis les années 90, les fanatiques du Patriarcat de Kiev, appuyés par des bandéristes se sont de toute façon livrés à des vols d’églises, des pillages de lieux de culte, des assassinats de prêtres ou des violences contre les tenants du Patriarcat de Moscou. Cela aussi devra être compté dans un Nuremberg 2.0 qui nous l’espérons se tiendra après la guerre.