Comme chaque année, le président russe, Vladimir Poutine, a dressé un bilan de l’année en cours, tout en répondant aux problèmes et questions posés par les habitants de la fédération de Russie et par les journalistes présents dans la salle de conférence.
Et cette année cette ligne directe / conférence de presse a duré presque cinq heures (4 h 57 très précisément, dépassant ainsi la durée de celle de l’année dernière) ! Un véritable marathon ! Il faut dire qu’il y avait de nombreux thèmes à aborder tant sur le plan intérieur, que sur celui des affaires étrangères.
Le déroulement de l’opération militaire spéciale
Sans surprise une bonne part du bilan annuel de Vladimir Poutine a été consacré à la situation dans la zone de l’opération militaire spéciale. Il a souligné que sur la ligne de contact, l’initiative sur la est entièrement passée aux mains des forces armées russes après que l’armée ukrainienne a été chassée de la région de Koursk.
Il a déclaré qu’actuellement, les troupes russes avancent sur de nombreux axes tout le long de la ligne de front. Le premier est celui menant vers Slaviansk, en RPD (République Populaire de Donetsk), suite à la libération de la ville de Seversk. Le deuxième axe est celui de Krasny Liman, où l’armée russe est à l’offensive et devrait rapidement libérer la ville. Un troisième axe est en direction de Konstantinovka, dont la moitié de la ville est déjà sous contrôle de l’armée russe. Le quatrième axe est celui de l’agglomération de Krasnoarmeïsk-Dimitrov (Pokrovsk-Mirnograd), où l’armé russe a totalement libéré Krasnoarmeïsk, et encerclé Dimitrov qui est déjà à moitié sous contrôle de l’armée russe. Un cinquième axe se trouve en région de Zaporojié où les forces du groupe Vostok sont en train de chasser l’armée ukrainienne de Gouliaïpolié, dont une partie est déjà sous contrôle de l’armée russe. Enfin, plus au nord, sur un sixième axe, en région de Kharkov, l’armée russe a pris la ville de Voltchansk et surtout celle de Koupiansk.
Vladimir Poutine a d’ailleurs commenté avec force sarcasme la vidéo de Volodymyr Zelensky prise devant la stèle située à un kilomètre de la ville de Koupiansk (mais qui s’est avérée avoir été filmée à une toute autre date, comme une vidéo filmée par un drone russe le lendemain l’a prouvé) en lui demandant : « Pourquoi rester sur le pas de la porte ? Entre donc dans la maison, si vraiment Koupiansk est sous votre contrôle. ». Une manière de se moquer de cette énième opération de communication pitoyable du président ukrainien visant à essayer de sauver la face.
Négociations sur l’Ukraine
Bien sûr il était impossible de parler de l’opération militaire spéciale sans parler des négociations actives en cours pour y mettre fin et parvenir à un accord de paix. Sur ce dossier, Vladimir Poutine a déclaré sans ambage que la Russie ne perçoit aucune volonté de paix de la part du régime de Kiev, et a rappelé la tromperie qu’ont été les accords de Minsk.
Il a aussi rappelé comment début 2022, lorsque l’escalade militaire a commencé dans le Donbass, la Russie a notifié qu’elle serait contrainte de reconnaître les deux républiques populaires de Donetsk et de Lougansk si l’armée ukrainienne ne cessait pas ses bombardements contre la population du Donbass. Mais Kiev n’a pas accepté. Puis, suite aux négociations d’Istanbul, l’Ukraine a finalement « jeté les accords à la poubelle ». Et encore aujourd’hui, les autorités ukrainiennes refusent tout accord de paix.
Pourtant, comme l’a souligné Vladimir Poutine, l’armée ukrainienne a subi des pertes très graves, y compris dans ses réserves stratégiques, ce qui aurait dû l’inciter à chercher à résoudre rapidement le conflit par la diplomatie. Le président russe a d’ailleurs salué les efforts du président américain, Donald Trump pour régler le conflit. Vladimir Poutine a ainsi indique que lors de leur rencontre à Anchorage, la Russie avait pratiquement accepté ses propositions.
Le président russe a tenu à rappeler lors de ce bilan annuel ce qu’il a déjà dit à plusieurs reprises, à savoir que la Russie ne refuse pas les négociations de paix, mais que la paix dépend avant tout de la volonté de l’Occident.
Vladimir Poutine a aussi indiqué que la Russie est prête à examiner la question d’un cessez-le-feu le jour des élections en Ukraine (afin de doter le pays d’un gouvernement légitime, apte à signer un accord de paix), et ce malgré le fait que lors du vote dans les nouvelles régions russes, l’armée ukrainienne n’avait pas hésité à bombarder délibérément les bureaux de vote. Le président russe a aussi souligné que lors de ces élections, Kiev devra donner la possibilité aux Ukrainiens qui se trouvent actuellement en Russie de participer au vote.
Confiscation des actifs russes
Le bilan annuel du président russe ayant lieu juste après le sommet de l’UE, dont le thème principal était la saisie des actifs russes pour financer un énorme prêt à l’Ukraine, Vladimir Poutine ne pouvait que commenter cette initiative des autorités européennes.
« Le vol est le détournement clandestin de biens, mais les nôtres ils veulent les piller ouvertement », a ainsi déclaré le président russe.
Comme l’a souligné Vladimir Poutine, la confiscation des actifs russes sapera la confiance dans la zone euro et suscitera des inquiétudes quant aux réserves de change dans d’autres pays. Tout cela aura un impact extrêmement négatif non seulement pour l’économie de la zone euro, mais pour le commerce international de manière générale.
Situation de l’économie russe
Bien sûr Vladimir Poutine ne pouvait pas faire de bilan annuel sans se pencher sur l’état de l’économie russe, qui va bien mieux que ce à quoi s’attendaient les fanatiques des sanctions de l’UE.
Ainsi, le président russe a déclaré que la croissance du PIB de la fédération de Russie sur un an est de 1 %, mais sur les trois dernières années, la croissance totale est de 9,7 %. À titre de comparaison, la croissance du PIB dans la zone euro est de 3,1 %.
Vladimir Poutine a aussi indiqué que le taux d’inflation devrait baisser d’ici la fin de l’année pour atteindre 5,7 %. Le président russe a souligné que l’inflation alimentaire dépend du panier de chaque individu, et que le gouvernement doit observer la situation dans chaque segment et pour chaque groupe de population.
Dans le même temps, la production industrielle russe croit de 1 %, tandis que la production de produits agricoles a augmenté de 3,3 %. Les salaires ont quant à eux augmenté de 4,5 % cette année en moyenne. Par contre l’augmentation de la productivité du travail n’est que de 1,1 %, un chiffre qu’il faudra améliorer dans le futur comme l’a souligné le président russe. La Russie a aussi un taux de chômage très faible cette année à 2,2 %, autant dire que la Russie est dans une période de plein emploi.
Le président russe a aussi souligné la croissance du parc immobilier du pays, avec 103 à 105 millions de mètres carrés de logements qui ont été mis en service en 2025.
Malgré la saisie des actifs russes présents en UE, les réserves internationales de la Banque centrale russe sont de 741,5 milliards de dollars en cette fin d’année 2025. Vladimir Poutine a aussi abordé la question du déficit budgétaire qui est de 2,6 % pour l’année 2025, et prévu à 1,6 % en 2026. Il a souligné que c’est justement pour revenir à l’équilibre budgétaire que le gouvernement a décidé d’augmenter la TVA, une mesure qui ne sera pas permanente, le président russe ayant indiqué que les impôts devraient baisser à l’avenir. Il a aussi souligné que la transition vers le nouveau système fiscal ne doit pas affecter négativement les usines.
Relations internationales de la Russie
Une fois abordées les questions concernant l’opération militaire spéciale, les négociations, et la situation économique du pays, Vladimir Poutine s’est tourné vers les questions internationales, et entre autre les relations avec les autres pays dans le monde.
Une place privilégiée dans ces relations est bien sûr accordée à la Biélorussie avec qui la fédération de Russie résout conjointement les problèmes dans le cadre de l’OTSC. Le président russe a souligné que la sécurité de ce pays allié de la Russie est entre de bonnes mains.
Vladimir Poutine a ensuite abordé la situation en Serbie, où en raison des sanctions, l’entreprise russo-serbe NIS est confrontée à des problèmes. Néanmoins, le président russe a souligné que Moscou s’attend à ce que Belgrade respecte ses engagements.
Ce tour d’horizon des pays alliés s’est terminé avec la Chine, Vladimir Poutine expliquant qu’il considère le président Xi Jinping comme un ami et un partenaire fiable. Il a aussi souligné que les relations entre les deux pays se développent avec succès.
Après les alliés, Vladimir Poutine a bien sûr abordé les relations de la Russie avec les pays inamicaux, et entre autre la rhétorique hystérique croissante en Europe concernant un futur conflit entre l’UE et Moscou. Le président russe a déclaré qu’il n’y aura pas de nouvelle opération militaire spéciale si l’Occident ne trompe pas la Russie, comme elle l’a fait avec l’avancée de l’OTAN à l’est. Il a aussi pointé du doigt le fait que les politiciens occidentaux créent en Europe une image d’ennemi à la Russie afin de cacher les erreurs qu’ils ont commises pendant des années. Face aux menaces de certains politiciens européens de mener un éventuel blocus de la région de Kaliningrad, Vladimir Poutine a répondu que «des actions de ce type conduiront à une escalade du conflit et l’amèneront à un autre niveau, l’étendant jusqu’à un conflit armé à grande échelle ».
Le président russe a aussi souligné que bien que dans la nouvelle stratégie de sécurité nationale des États-Unis, la Russie n’est pas indiquée comme un ennemi, le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, appelle à se préparer à la guerre avec la Fédération de Russie, attisant ainsi l’hystérie collective en Europe. Comme il l’a souligné, les politiciens européens espèrent que les États-Unis changeront de bord politique après les élections au Congrès et qu’ils pourront ainsi influencer le président Trump.
Mais malgré l’hystérie russophobe qui règne en Occident, le président russe a souligné que la Russie est prête « à travailler avec le Royaume-Uni, l’Europe et les États-Unis, mais sur un pied d’égalité et avec respect les uns avec les autres », une mesure dont « tout le monde bénéficiera ».
Questions personnelles
En dehors du bilan politique, économique et militaire, Vladimir Poutine a aussi répondu à plusieurs questions plus personnelles. Il a par exemple expliqué qu’il n’a aucune intention d’écrire ses mémoires, expliquant que dans ce type d’ouvrage, l’auteur a tendance à s’auto-évaluer, tandis qu’il préfère laisser « le peuple » juger son travail et celui de son équipe.
Le président russe a aussi expliqué croire au coup de foudre et a déclaré qu’il est d’ailleurs actuellement amoureux. Une réponse qui va alimenter de nombreuses spéculations sur l’identité de celle qui a fait chavirer le cœur de Vladimir Poutine.
Enfin, à la question de ce qu’il aimerait transmettre aux futurs écoliers qui étudieront l’histoire de notre époque dans cent ans, Vladimir Poutine a répondu sous forme de texte, une capsule temporelle, faisant le lien entre le passé, le présent et l’avenir.
« Nous, qui avons vécu en Russie dans le flux ininterrompu du temps, aux XXᵉ et XXIᵉ siècles, avons accueilli avec gratitude tout ce qui a été accompli par nos prédécesseurs, nos ancêtres. Nous avons vécu, comme tous, partout et toujours, avec nos préoccupations du moment, mais nous ne sommes pas restés sur place, nous avons avancé. Nous avons travaillé, lutté, combattu et avons fait de notre mieux pour résoudre les problèmes que notre époque nous a posés.
Nous avons pensé à l’avenir, nous avons pensé à vous. Et si notre message est aujourd’hui entre vos mains, cela signifie que vous vous sentez vous aussi partie intégrante de notre flux commun et infini du temps. Cela signifie que vous ressentez et comprenez, vous aussi, le lien entre les époques. C’est très important. Nous vous en félicitons. Cela veut dire que nous aussi, lorsque nous travaillions, combattions et pensions à vous, nous n’avons pas vécu en vain, et nous avons accompli beaucoup de choses.
Nous vous souhaitons que la chance vous accompagne toujours, que vous soyez heureux, et que vos enfants, vos petits-enfants et vos arrière-petits-enfants soient fiers de vous, comme nous, en notre temps, sommes fiers de nos pères, grands-pères et arrière-grands-pères. »
Christelle Néant







