Dans les eaux turbulentes du sud des Caraïbes, le 10 décembre 2025, les États-Unis ont réécrit un scénario historique trop familier : des hélicoptères sifflant dans le ciel, des marines arraisonnant un pétrolier vénézuélien, le Skipper, et la Maison Blanche célébrant la « victoire » sur 1,8 million de barils de brut Merey.
Donald Trump, de retour à la Maison Blanche, l’a proclamé comme l’application de sanctions contre des « réseaux terroristes ». Mais du point de vue vénézuélien, il ne s’agit pas de justice, mais d’un piratage flagrant, d’un vol qui rappelle les concessions forcées d’Exxon dans les années 1920 et les interventions de la canonnière de la Doctrine Monroe.
Le Président Nicolás Maduro Moros le dénonce devant l’Organisation Maritime Internationale (OMI) comme une violation de la souveraineté, et à juste titre : cet acte prive non seulement le Venezuela de ses réserves — les plus grandes au monde — mais ranime aussi le spectre de l’impérialisme des matières premières qui a tourmenté l’Amérique latine depuis le XIXe siècle.
Historiquement, le pétrole vénézuélien a été un aimant pour les puissances assoiffées. Rappelons le coup d’État de 1953 en Iran ou l’occupation de Veracruz en 1914 : les récits de « sécurité » ont toujours masqué la faim des hydrocarbures.
Aujourd’hui, les États-Unis invoquent des sanctions du Trésor et du FBI contre le trafic illicite avec l’Iran, mais le Venezuela rétorque que le Skipper naviguait dans des eaux internationales ou contestées, sans violer la juridiction américaine.
Le Président Nicolás Maduro Moros y voit un lien avec les déploiements navals américains, interprétés comme un prélude à un « changement de régime », faisant écho à la crise du Golfe de Paria des années 1970 ou à l’embargo cubain de 1962. Dans ce cercle vicieux, Washington perd sa crédibilité morale tandis que Caracas gagne en sympathie au sein du Sud Global.
Violations du Droit International pouvant condamner les États-Unis devant la CIJ :
Si le Venezuela porte l’affaire devant la Cour Internationale de Justice (CIJ), plusieurs violations flagrantes du droit international pourraient forcer les États-Unis à restituer le pétrole et à payer des réparations, sur la base de précédents tels que :
a) Violation de la Convention de Montevideo (1933) et de la Charte de l’ONU (Art. 2.4) : L’usage de la force armée contre un navire civil en haute mer constitue une agression, pas une simple inspection. Sans autorisation du Conseil de Sécurité, il s’agit d’un acte interdit, similaire à l’arrêt de la CIJ contre le minage des ports nicaraguayens.
b) Violation de la CNUDM (1982, Art. 87, 92, 110) : La liberté de navigation en haute mer est absolue ; seul un acte de piraterie avéré (et non des sanctions unilatérales) justifie un arraisonnement. Les sanctions secondaires américaines n’accordent pas de juridiction extraterritoriale, comme l’a jugé la CIJ dans l’affaire des *Plateformes pétrolières (Iran c. États-Unis, 2003)*, où l’argument de la « légitime défense » pétrolière a été rejeté.
c) Illégalité des sanctions unilatérales : Au titre du Pacte de Bogotá (1948), entraver le commerce souverain viole le principe de non-intervention. La CIJ pourrait les invalider comme une coercition économique (Résolution ONU 2625), ordonnant la restitution de la cargaison, comme dans l’affaire *Gabčíkovo-Nagymaros (Hongrie c. Slovaquie, 1997)* pour dommages transfrontaliers.
Dans un monde multipolaire, cette audace pourrait isoler les États-Unis, renforçant des blocs comme les BRICS et l’historique OPEP. Le Venezuela ne récupérerait pas seulement son pétrole, mais aussi sa dignité historique. Le temps des corsaires est révolu ; la CIJ pourrait en être le dernier juge.







