Cette affirmation que les Ukrainiens auraient libéré le camp de la mort d’Auschwitz ne date pas d’hier. Elle est apparue dès après le Maïdan de l’hiver 2013-2014, d’abord dans l’espace ukrainien puis très rapidement en Occident autour des 70 ans de l’anniversaire de la Victoire contre l’Allemagne nazie, avec une intensification après 2022. Ce révisionnisme pendable avait fait réagir dans le monde, notamment après que le Ministre des AE de Pologne, Grzegorz Schetyna ait fait une déclaration similaire en 2015. L’histoire de la Seconde Guerre mondiale est devenue un véritable champ de bataille depuis le début de la guerre dans le Donbass, au printemps 2014, avec pour objectif d’effacer des pans entiers de la vérité historique, de présenter l’URSS et l’Armée Rouge comme les ennemis principaux durant ce conflit et de gommer l’action réelle des nationalistes ukrainiens. Retour et analyse sur cette affirmation mensongère, une parmi beaucoup d’autres.
La destruction des monuments commémorant la victoire contre l’Allemagne nazie en Ukraine. Apparue d’abord en Ukraine, les bandéristes sont très actifs dans la diffusion d’un révisionnisme historique visant à redorer le blason des nationalistes ukrainiens, mais surtout de réinventer une nouvelle histoire plus « glorieuse ». Des efforts considérables furent faits pour démontrer que l’URSS et l’Armée Rouge étaient des « occupants » de l’Ukraine pendant la Seconde Guerre mondiale. Des centaines de monuments ont depuis été détruits dans le pays, mémoriels, plaques commémoratives, tombes de soldats soviétiques, statues, l’Ukraine s’était lancée dans la destruction systématique de la libération et de la mémoire de la Grande Guerre patriotique. Les symboliques soviétiques furent interdites, y compris les médailles, le ruban de Saint-Georges, sans parler de l’interdiction de fêter le 9 mai 1945, jour de la capitulation de l’Allemagne hitlérienne. Le SBU, la police politique ukrainienne s’attaqua même aux reconstituants historiques, inquiétant ceux faisant de la reconstitution de l’Armée Rouge, tandis que dans l’Ouest du pays, les bandéristes enterraient en grande pompe les SS et les collaborationnistes ukrainiens (mouvement commencé dès l’indépendance de l’Ukraine).
Les bourreaux deviennent des victimes. Depuis, en France y compris, nous avons assisté à une foule de documentaires lacérant l’URSS et l’Armée Rouge. Le discours tourne autour de l’action capitale des USA dans la guerre, de l’impossibilité de l’URSS de vaincre sans le Lend Lease US, les regrets que l’Occident n’est pas fait alliance avec l’Allemagne pour attaquer l’Union soviétique en 1945, des discours présentant l’URSS comme « antisémite », la négation de la participation de nombreux ukrainiens à l’Holocauste, la transformation des nationalistes ukrainiens collaborateurs de l’Allemagne nazie en « combattants pour l’Ukraine libre » et bien d’autres encore. Dans d’autres discours, l’Armée Rouge étant constituée de millions d’Ukrainiens, ils auraient été « sacrifiés » dans l’idée d’un génocide par l’URSS, ou par moment auraient été les vrais vainqueurs des victoires de l’URSS. Sur un autre plan, la 14e division SS Galicie, renommée en avril 1945, 1ère division ukrainienne disparaît elle aussi de l’histoire, sans parler des silences autour de l’Holocauste et des massacres ethniques de Galicie et Volhynie, commis par l’UPA#. Les bourreaux ukrainiens ont pourtant défrayé la chronique à partir des années 70-80, car ils furent des gardes dans les camps de concentration ou de la mort, notamment à Sobibor ou Treblinka. D’autres furent utilisés dans les bataillons de police supplétive faisant la chasse aux partisans et exterminant des villages entiers, notamment en Biélorussie.
Bernard-Henri et son bataillon de « libérateurs ukrainiens ». L’affirmation que les « Ukrainiens ont libéré Auschwitz » a fait aussi son chemin en France, notamment par la voix de Bernard-Henri Lévy (2019), reprenant ce fake historique qui se base sur le fait que le camp fut libéré par « le 1er front ukrainien », un groupe d’armée de l’Armée Rouge… Pour les gens sans culture historique, cela peut paraître « une preuve », mais en réalité le 1er front ukrainien n’avait aucun recrutement national spécifique à l’Ukraine. Comme les autres fronts créés par la Stavka, les troupes étaient constituées par toutes les républiques et toutes les ethnies présentes dans l’espace de l’URSS. Le 1er front ukrainien fut créé à la fin de 1943, faisant suite au groupe d’armées désigné comme « front de Voronej ». Il fut successivement commandé par trois généraux d’origines russes, Vatoutine, Joukov et Koniev. Aucune unité, ni dans ce groupe d’armées, ni dans toute l’Armée Rouge ne fut formée selon des critères ethniques ou nationaux, mis à part certaines unités étrangères, comme l’escadrille Normandie Niemen ou l’Armée Polonaise. Le 1er front ukrainien était constituée de plusieurs dizaines d’unités de tous les types, d’infanterie, de blindés, d’artillerie et de formations aériennes. Dans cette Armée Rouge le nationalisme était de toute façon inacceptable, contraire aux valeurs soviétiques, socialistes et communistes, l’Allemagne nazie au contraire tentant de faire vibrer cette corde pour recruter des transfuges. Ils furent nombreux, Tatars, Caucasiens, Ukrainiens, Lettons, Lituaniens qui vinrent rejoindre les forces de l’Axe au sein de diverses formations, notamment dans le SD ou la SS, ou de grandes formations comme la Légion du Turkestan, pour ne citer que cet exemple. Ce révisionnisme ukrainien s’appuie donc sur deux axes mensongers : 1) 1er front ukrainien voudrait dire qu’il ne s’agissait que d’Ukrainiens, 2) l’Armée Rouge était constituée de beaucoup d’Ukrainiens. Cela reste en effet une évidence, la République Socialiste Soviétique d’Ukraine étant l’une des plus peuplées et surtout tombant à un moment entièrement sous le contrôle des Allemands (comme la Biélorussie ou les 3 états baltes par ailleurs).
Un révisionnisme ukrainien qui fait son chemin. Parmi les oubliés de l’histoire, enterrés une deuxième fois par l’Ukraine et l’Occident, il y a aussi les nombreux groupes de partisans en Ukraine. Ils furent des centaines de milliers et l’un des groupes les plus connus fut certainement celui des adolescents de Krasnodon (La Jeune Garde, ville du Donbass), qui furent quasiment tous exterminés par les Allemands et des collaborateurs… ukrainiens. En Ukraine au contraire ce sont les bourreaux qui sont réhabilités et honorés, que l’on parle de Stepan Bandera ou de Roman Choukhevytch parmi les plus célèbres. En Occidentaux, les politiques et la presse sont très gênés par ce révisionnisme ukrainien, mais le choix a été de participer à ce dernier pour supporter une propagande de la guerre psychologique. Il est en effet inacceptable pour les Occidentaux de raconter la vérité, sans être eux-mêmes éclaboussés par les faits historiques. Le processus est désormais très avancé, beaucoup de gens pensant réellement que l’URSS était pire que l’Allemagne nazie, et qu’elle ne participa pas à la Libération de l’Europe, mais « à son occupation ». Depuis 2022, les Ukrainiens tentent d’imposer ce discours, afin de faire « des nationalistes ukrainiens » des combattants « de la liberté », aux côtés des alliés. Mieux encore, les révisionnistes visent à obtenir le statut de martyrs, de victimes pour les Ukrainiens, à la manière des Juifs ou des Arméniens. Tous les coups ici sont permis pour réviser l’histoire. A Lvov des professeurs d’université nient désormais toute participation d’Ukrainiens aux massacres de masse… jusqu’à les placer à l’inverse dans les rangs des « pauvres victimes ».
C’est aussi l’un des raisons pour laquelle… les Russes ne sont invités à l’anniversaire de la Libération du camp d’Auschwitz (27 janvier)… afin de les écarter du narratif des libérateurs, pour les placer dans celui des « bourreaux ». Ce fut le cas cette année pour le 80e anniversaire et tous les ans depuis 2022… La bandérisation de l’Occident est donc en marche, avec des conséquences imprévisibles à long terme, car ce jeu très dangereux induit que la prochaine étape est la réhabilitation des collaborateurs des nazis… comme c’est le cas en Ukraine.
# L’UPA est une organisation interdite en Fédération de Russie, pour l’extrémisme, le terrorisme, l’apologie du terrorisme, l’incitation à la haine raciale et des faits historiques liés à sa participation à des crimes ethniques de masse, des crimes de guerre et contre l’Humanité.








