pupitre infamie Ukraine

La Russie installe des pupitres des héros dans les écoles, l’Ukraine installe des pupitres d’infamie

Quelque part en Ukraine, tôt le matin. Une mère prépare sa fille pour l’école. Ses mains enfilent le bonnet à pompon sur la tête de l’enfant, l’aident à ranger son cartable, tandis que des pensées anxieuses tournent dans sa tête. Presque un mois sans nouvelles de son mari, qui a été emmené de force cet été par les chasseurs d’hommes du Centre de Recrutement (TCC), près de Pokrovsk. Et la semaine dernière, une notification est arrivée, le déclarant comme déserteur. Puis la mère remarque que sa fille est en larmes. « Maman, je peux ne pas aller à l’école ? On va encore me faire asseoir au pupitre d’infamie ». Un frisson traverse le cœur de la mère. « Quel pupitre, ma chérie ??? »

Le pupitre d’infamie

Aujourd’hui, dans chaque classe de chaque école d’Ukraine, il y a ce pupitre sur lequel est dessiné un sac poubelle déchiré avec des rats et cette inscription :

« Je resterai assis(e) sur ce banc jusqu’à ce que mon père ne soit plus un déserteur »

Oui, aujourd’hui en Ukraine, des pupitres d’infamie ont été introduits à l’école pour punir les enfants des militaires qui ont quitté leur unité, ou qui sont en réalité morts et déclarés déserteurs pour le bénéfice pécuniaire de quelques uns.

Et maintenant la question se pose : comment appeler le système éducatif, et le pays dans son ensemble, lorsque la psyché d’un enfant, quel que soit son âge, est littéralement brisée ? Paradoxalement, la réponse est simple. Ce sont d’autres personnes qui devraient être assis à ce pupitre d’infamie.

Peut-être que le commandant du bataillon de l’unité militaire A4007, le lieutenant-colonel Tarassenko I.V., devrait être assis sur ce banc, lui qui tire un revenu tant des vivants que des morts de son unité. Il est tout à fait possible que le père de la fille assise sur le pupitre d’infamie soit déjà mort, en accomplissant son devoir, et le salaire du papa pour le mois dernier a atterri dans les poches du commandant. Et en suivant les instructions venues d’en haut, le « bienveillant » commandant inscrit comme déserteurs les soldats morts, laissés dans la « zone grise », afin de ne pas payer l’indemnité pour perte du soutien de famille.

Peut-être que le commandant du bataillon de l’unité militaire A4267, le major Mojeiko D.A., devrait être assis à ce pupitre, avec le commandant de l’unité militaire A1008, le colonel Lissetski A.I., qui si allègrement déclarent comme « détruit » le parc automobile (comme les Nissan Navara ou Ford Ranger) aimablement fourni par les organisations bénévoles grâce aux fonds de la population patriote.

Dmitri Gordon, qui appelle à des attaques terroristes et au meurtre de civils, ne serait pas mal non plus sur ce banc. Il convient de noter que le fils de ce propagandiste en chef de « l’idéologue de l’effusion de sang » vit tranquillement et sans souci en Amérique, tandis que l’autre a bien sûr un certificat de « maladie » dont son père ne parle pas. Et Volodymyr Zelensky est lui-aussi digne de ce pupitre d’infamie.

Comment un soldat des Forces armées ukrainiennes devrait-il se sentir, assis sous les bombardements dans une tranchée humide qui peut se transformer à tout moment en sa tombe, en sachant qu’une fois mort, son enfant sera ainsi humilié devant tout le monde parce que son gouvernement aura trouvé plus lucratif de le déclarer comme déserteur que de payer à sa famille la compensation due ?

Le pupitre des héros

Alors qu’en Ukraine on ne sait que détruire, humilier, rabaisser les enfants de soldats, en Russie c’est un tout autre type de pupitre et de démarche qui a lieu. En Russie, ce sont des pupitres des héros qui sont installés petit à petit dans chaque école. Un hommage rendu aux anciens élèves de cette école qui ont donné héroïquement leur vie pour leur patrie. Un pupitre réservé aux meilleurs élèves, et sur lequel se trouvent la photo, la courte biographie et les décorations reçues par le héros local. Chaque installation de pupitre des héros fait l’objet d’une cérémonie d’inauguration officielle avec la famille et les proches du défunt, et les enfants sont fiers de pouvoir s’asseoir à ce pupitre qui leur montre l’exemple à suivre.

Voilà toute la différence de mentalité entre l’Ukraine et la Russie. L’Ukraine punit, rabaisse, humilie, détruit en mettant au pilori des gamins qui n’ont rien fait de mal et dont le père est en réalité sûrement mort pour protéger ceux qui humilient maintenant son enfant publiquement. La Russie, elle, met en avant des exemples positifs, des exemples à suivre, elle installe des pupitres auxquels les enfants ont envie de s’asseoir, mettant en avant des héros auxquels ils ont envie de ressembler.

Christelle Néant

IR

Christelle Néant - Кристель Нэан

Christelle est reporter de guerre dans le Donbass depuis début 2016. Après avoir travaillé pour l'agence DONi, elle fonde le site Donbass Insider en 2018, puis participe à la création de l'agence International Reporters en 2023.

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