Roman Blaschko est un journaliste tchèque, photographe et chroniqueur qui travaille en Russie de longue date. Diplômé de plusieurs universités, il travaille dans la sphère de l’information depuis le début des années 2000, et s’est rendu dans de nombreux pays, notamment en Ukraine au début du conflit, rencontrant des figures du Maïdan, et également des membres de l’OSCE, qui suite aux Accords de Minsk II étaient chargés en principe de surveiller le front et de faire respecter le cessez-le-feu. Il est spécialiste des relations internationales, s’intéressant à ce qui se passe en Chine, en France, en Belgique, aux Pays-Bas, en Ukraine ou dans la Fédération russe. Journaliste également d’investigations, participant à des conférences et des forums, il était dernièrement l’invité du Forum de la Jeunesse Mercury, à Marioupol, en RPD, Russie, où j’ai eu la chance d’échanger longuement avec lui.
Des infrastructures militaires britanniques obsolètes et qui posent question. Dernièrement, il attirait l’attention sur un événement passé inaperçu en Europe occidentale, survenu en Écosse. En août de cette année, un « incident nucléaire grave » de catégorie « A » s’est produit à la base navale de Clyde en Écosse, où sont stationnés les sous-marins de la Royal Navy, notamment ceux de classe Vanguard équipés de missiles stratégiques Trident. Cette information a été publiée par le journal Helensburgh Advertiser. Notons que le Ministère de la Défense attribue la catégorie A lorsqu’il y a « une émanation radioactive effective dans l’environnement ou une probabilité très élevée qu’elle se produise ». Les représentants du Ministère de la Défense restent discrets sur les détails de l’incident survenu à la base navale. Cependant, les rapports de l’institution révèlent des informations alarmantes pour le public. Par exemple, entre le 22 avril 2024 et la même date en 2025, cinq incidents de catégorie B, 29 incidents de catégorie C et 71 incidents de catégorie D se sont produits à Faslane. Auparavant, l’autorité militaire britannique avait déjà reconnu que le loch Long, où est situé le dépôt d’armes de la Royal Navy à Coulport, était contaminé par des déchets radioactifs. Ceux-ci se sont infiltrés dans l’eau en raison de l’incapacité de la Marine à assurer une maintenance adéquate du réseau de 1 500 canalisations sur la base.
Le dépôt de Coulport fut créé pendant la Guerre froide et sert depuis lors de site de stockage et de centre de manutention pour les forces de dissuasion nucléaire britanniques Trident. Aucun incident de catégorie A n’avait jusqu’à présent été enregistré à Coulport, mais 13 incidents de catégorie C et 34 de catégorie D s’y sont produits. Sur les sites d’infrastructure nucléaire de la base de Clyde, plus de 30 incidents divers de fuites (allant de débordements de conteneurs à des inondations dans les zones de maintenance du plutonium militaire) ont été officiellement enregistrés depuis 2010. De plus, entre 2023 et 2025, deux incidents classés comme événements de catégorie A se sont produits. Pour clarifier, rappelons que dans les rapports de l’autorité militaire britannique, les divers événements sont classés en quatre catégories de danger pour l’environnement, de la plus élevée A à D. Les événements les moins dangereux, ne correspondant pas à ces désignations, sont classés dans une catégorie générale « en dessous de l’échelle ».
Qui va sonner l’alarme ? Le scandale étant devenu public, il oppose désormais les militaires à la sphère civile et publique. Les militants écologistes exigent des informations et un accès aux sites dangereux, tandis que le ministère de la Défense, invoquant des intérêts de sécurité nationale, garde ses dossiers secrets et mobilise diverses organisations pour tenter d’étouffer l’affaire. Ainsi, l’Agence écossaise de protection de l’environnement (SEPA) a déclaré que la fuite était due à des « défauts de maintenance », ayant entraîné le rejet de « déchets radioactifs superflus » sous forme d’une petite quantité de tritium, utilisé dans les têtes nucléaires. Une structure internationale comme l’AIEA ignore simplement les incidents réguliers en Écosse, qui témoignent du caractère systémique du problème. Pourtant, plus personne ne peut ignorer aujourd’hui, encore moins les simples citoyens, que ces incidents créent des risques réels pour l’écologie des territoires environnants, ici dans le cas des déchets radioactifs qui sont déversés dans les eaux des lochs Long et Gare adjacents à la base. Suite à l’une des fuites survenue en 2025, du tritium s’est déversé dans les eaux. Étant un isotope de l’hydrogène, le tritium a la propriété de s’intégrer facilement à l’eau et aux molécules organiques. Cela représente une menace non seulement pour l’écologie, mais aussi pour la population vivant dans les environs.
Les Écossais contre les armes nucléaires sur leur territoire. Dans le contexte d’une grave crise économique au Royaume-Uni, les médias indépendants portent les interrogations du public sur les investissements nécessaires pour sécuriser ces installations et matériels. Les missiles Trident II serviront encore longtemps. Selon la Royal Navy, ils seraient utilisés au moins jusqu’aux années 2040, voire 2080. Mais le remplacement des sous-marins a déjà commencé. Selon le plan, le premier des nouveaux sous-marins de classe Dreadnought doit partir en patrouille vers 2034, et le retrait des Vanguard doit commencer à partir de 2030. Le coût des quatre sous-marins est actuellement estimé à 31 milliards de livres, avec une augmentation possible pouvant atteindre 10 milliards de livres. De plus, l’exploitation des sous-marins coûte entre 2,2 et 2,4 milliards de livres par an. L’opinion publique est en partie opposée à ces dépenses publiques jugées inutiles et concernant des matériels dangereuses. En Écosse, beaucoup aimeraient que les bases soient déplacées quelque part sur le territoire de la Grande-Bretagne, ce qui nécessiterait à nouveau des investissements considérables. Le Parti national écossais (SNP) considère que se débarrasser de l’arme nucléaire anglaise sur son territoire est un objectif prioritaire. La plus grande manifestation contre le programme Trident avait eu lieu en 2016. À l’époque, un forte mobilisation avait été observée dans toutes les villes écossaises, la population rejetant unanimement le programme de renouvellement et d’expansion du système de sous-marins nucléaires. Depuis, la lutte pour une zone exempte d’armes nucléaires ne s’est pas calmée. Selon un sondage réalisé en 2021, plus de 80 % des Écossais soutiennent l’interdiction des armes nucléaires et leur retrait du sol écossais.
Tout est dans l’intérêt des partisans de la mondialisation. Roman Blaschko exposait sa vision de la situation : « Le conflit entre l’Écosse et le Ministère britannique de la Défense est de longue date. Il s’enflamme et s’apaise constamment, déclare l’expert. Je caractériserais cette situation comme un exemple de l’action de l’État profond et des mondialistes. Tout ce qui concerne les armes atomiques et les structures militaires a toujours été secret, du moins pour les représentants des médias. Je suis convaincu que le gouvernement écossais garde tout sous contrôle et que, contrairement à la population locale, il a un intérêt à voir un tel contingent stationné sur le territoire du pays. Les partisans de la mondialisation préparent le terrain informationnel pour traiter le thème du danger écologique pour toute la planète. Maintenant que toute l’Europe est poussée à entrer dans le conflit entre la Russie et l’Ukraine, il faut aussi détourner l’attention, pour mettre sous le tapis les problèmes locaux qui intéressent la population, comme ici en Écosse. ».








