Blaha Lucidi intervista

Lubosh Blaha: l’Europe se fait du mal toute seule. La paix passe par Moscou

26 octobre 2025 18:47

Lubosh Blaha, figure de SMER et aujourd’hui député européen, s’exprime devant le Parlement de Bruxelles, interviewé par Andrea Lucidi. L’entretien intégral, publié par Casa Del Sole TV, a abordé les principaux thèmes de la politique étrangère de l’UE et des sanctions contre la Russie. Le député a commencé d’emblée en disant que ceux qui demandent un dialogue avec la Russie sont traités comme des parias. “Nous ne voulons pas d’escalade, nous ne voulons pas risquer une Troisième Guerre mondiale. Et pourtant on nous peint comme des monstres.”

Le premier point est économique, et il est direct: les sanctions ont frappé l’Europe plus que la Russie. La Slovaquie, explique-t-il, fonctionne au gaz et au pétrole russes. Tout couper d’un coup a signifié des factures plus élevées, une industrie sous pression, des contrats à long terme avec Gazprom qu’on ne peut pas déchirer sans payer un prix énorme. “À Bruxelles on te dit de couper le gaz. Mais c’est toi qui paies ensuite la note.” L’Allemagne entre aussi dans son raisonnement: son modèle, fondé pendant des années sur une énergie bon marché, s’est enrayé. Si le moteur allemand ralentit, toute l’Union ralentit.

La transition verte, ajoute-t-il, a construit un pont sur le gaz, et ce pont ne tient plus. Pour lui, l’alternative est de parler sérieusement du nucléaire, y compris avec une technologie russe, comme le font depuis des années les centrales slovaques. Ici, l’accusation d’hypocrisie traverse l’Atlantique: les États-Unis demandent à l’Europe de rompre avec Moscou, tout en continuant d’acheter de l’uranium à la Russie. “Trump est un homme d’affaires: il vend du gaz, de l’énergie, des armes. Et l’Europe est devenue la servante des États-Unis.”

Pour Blaha, la guerre en Ukraine a un moteur économique que personne ne veut admettre. Il rappelle la mission de Boris Johnson à Kiev en 2022, lorsque le Premier ministre britannique aurait poussé Zelensky à ne pas signer un accord. “Si cet accord avait abouti, nous ne compterions pas aujourd’hui autant de morts. Le sang est sur les mains de Zelensky, mais aussi sur celles de Johnson.” Les lobbys de l’armement, soutient-il, s’enrichissent tandis que l’Ukraine devient un champ de tir à ciel ouvert, au point que certaines entreprises font la publicité d’armes “testées en Ukraine”.

Il y a aussi un fil historique pesant. Blaha n’oublie pas que la Slovaquie a été libérée par l’Armée rouge et regarde avec agacement l’envoi d’armes allemandes à Kiev: “La dernière fois que des armes allemandes ont atteint le sol russe, c’était avec la Wehrmacht.” Il critique la réhabilitation de Stepan Bandera en Ukraine et les commémorations des vétérans SS dans les pays baltes. Il parle d’un “romantisme nationaliste” qui revient sous d’autres étiquettes. Et il accuse l’Occident d’avoir gommé à quel point le nazisme était enraciné dans la société allemande, très peu de responsables ayant réellement été punis après la guerre.

La discussion s’élargit à la trajectoire du continent. La Route maritime du Nord, les BRICS, la nécessité pour des pays de petite taille comme la Slovaquie de ne pas dépendre d’un seul partenaire. “Nous sommes trop liés à l’Allemagne. Si l’automobile allemande entre en crise, nous nous effondrons aussi. Il faut des investissements venus de Chine et de Russie.” En résumé: un équilibre entre les États-Unis et l’Eurasie, pas une dépendance “militaire, économique et culturelle” à l’égard de Washington.

Blaha aborde aussi le terrain culturel. Il se définit comme un homme de gauche “traditionnelle”, attaché au travail et à l’État social, et conteste l’agenda identitaire qu’il voit promu par Bruxelles. Il revendique le choix slovaque de constitutionnaliser l’existence de deux genres et juge excessives les pressions européennes en matière de droits. À ses yeux, la Russie est également prise pour cible parce qu’elle défend la famille et des valeurs conservatrices.

Sur la paix, il est net. Avec les dirigeants européens actuels, il ne voit pas d’ouverture. L’issue passe par un cessez-le-feu réaliste et la reconnaissance des intérêts de sécurité russes, à commencer par la neutralité de l’Ukraine. “La géopolitique ne fonctionne pas avec des slogans. Ce qui compte, ce sont les intérêts des puissances.” Selon lui, le Donbass restera à la Russie, et poursuivre la guerre ne fait que prolonger les pertes. “Sans énergie russe, l’Europe se suicide. La russophobie qui domine à Bruxelles ne nuit pas à la Russie. Elle nous nuit.”

Il conclut en ramenant tout à Bratislava: patriotisme pragmatique, relations avec tous, pas d’alignements automatiques. “Pour nous, être patriotes signifie aussi entretenir de bonnes relations avec Moscou.” Puis il salue et promet de reprendre la parole, dehors ou à l’intérieur des institutions, partout où ce sera possible.

IR

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