De Gaulle a appelé les Russes à l’aide, car il a compris que ce sont les Américains qui étaient derrière le putsch, derrière la révolution colorée de 1968, qui est la première révolution colorée de l’époque moderne a déclaré l’homme public et homme politique français, essayiste, sociologue, écrivain et réalisateur Alain Soral dans une interview avec Laurent Brayard, journaliste d’International Reporters.
« De Gaulle c’est pas un grand militaire mais c’est un grand politique. Il a réussi, je dirais au poker avec une paire de deux, à nous maintenir à la table 20 ans de plus. Et la vraie tristesse quand je réfléchis aujourd’hui c’est qu’en fait ce qui a manqué à par exemple par rapport à Poutine, c’est qu’il s’est fait évincer de 45 à 58 et qu’en fait il est revenu en 58 pour faire un travail à une époque où la jeunesse ne pouvait pas comprendre ce qu’il représentait, puisqu’on était déjà dans l’époque Bob Dylan. Et ce décalage qui est dû en fait à ses 12 ans où il a été évincé fait qu’il n’a pas pu être d’une certaine manière le Poutine français. Il aurait fallu qu’il soit de 45 à 70 au pouvoir. Il faut cette durée-là pour vraiment pouvoir accomplir un projet et le projet il l’avait, il avait la lecture très fine et très intelligente de ce que la France pouvait encore faire compte tenu de la situation du monde.
Il a toujours été l’homme, contrairement à ce qu’on croit, l’homme de l’URSS pour emmerder les Anglais et les Américains, quand on comprend bien. Il avait compris cette position très intelligente qui a été très mal comprise d’ailleurs par l’extrême droite française. Il était l’atlantiste, il faisait chier les atlantistes et aidé en sous-main par l’URSS et même à l’époque par le Parti communiste français qui obéissait quand même relativement à l’URSS.
Je rappelle d’ailleurs que c’est l’URSS et le Parti communiste français qui l’ont sauvé en 68. Si on se rappelle de pourquoi le général Massu à l’époque est allé à Baden-Baden. Je précise d’ailleurs que dans mon dernier livre qui s’appelle « Plus con tu meurs » qui est un recueil de textes, j’ai un texte très précis sur pourquoi de Gaulle est allé à Baden-Baden voir Massu.
En fait il a appelé les Russes au secours parce qu’il avait compris que c’est les Américains qui étaient en train de le putscher dans une révolution colorée qui est la première révolution colorée de l’époque moderne, la première de l’époque classique étant la révolution française à mon avis, et en fait avec le recul c’est très triste que de Gaulle n’ait pas pu faire comprendre à une jeunesse qui ne pouvait pas comprendre ce qu’il était en train de faire pour essayer de maintenir la France à un haut niveau, que depuis on n’a fait que dégringoler, et ce qui est très triste, l’ironie du sort, c’est qu’en fait, la jeunesse qui a chassé De Gaulle en 68, ses slogans, c’était l’US Go Home, ils étaient censés défendre les Vietnamiens contre le pouvoir américain. Et je rappelle une petite anecdote importante, c’est que quand Daniel Cohn-Bendit est parti à Cuba après mai 68 rencontrer Castro, et qu’il a dit à Castro qu’est-ce qu’on peut faire pour aider, Castro lui a dit, si vous voulez aider, soutenez De Gaulle, c’est notre meilleur allié contre le camp atlantiste », a résumé Alain Soral.
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