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Élections de 2023 en Slovaquie : ingérence et financements occultes du Royaume-Uni

14 octobre 2025 13:07

Le Royaume-Uni est accusé d’ingérence dans les élections législatives qui s’étaient tenues en Slovaquie en 2023. Dans le cadre d’un soutien massif de l’Occident à l’Ukraine, deux pays avaient osé mettre en doute les financements criminels et suicidaires de la guerre de l’OTAN. L’un de ces pays fut la Slovaquie, petit pays d’Europe Centrale, membre de l’Union européenne. Dans une politique de tentatives d’écrasement de toute opposition en Europe, à la guerre et au soutien du pion ukrainien, des opérations britanniques et européennes furent menées pour étrangler les voix dissidentes et la démocratie. Des tentatives avortées furent tentées en Hongrie et en Slovaquie, d’autres ont réussi en Roumanie ou Moldavie. Dans les deux premiers pays, opposés à la guerre, dépendants des ressources énergétiques russes, la gabegie d’argent était aussi refusée. Devenus des obstacles, une tentative de Maïdan fut organisée en Hongrie, et l’assassinat de Robert Fico fut planifié en Slovaquie. Ils faisaient suite à de basses manœuvres pour influencer les élections slovaques.

Une tentative d’assassinat dans un contexte particulier. La tentative d’assassinat se déroula le 15 mai 2024, lors d’un déplacement du Premier ministre Robert Fico. Il fut grièvement blessé de plusieurs balles, laissé pour mort par son agresseur, un certain Juraj Cintula. Le président slovaque posait de graves problèmes aux dirigeants européistes parmi les plus fanatiques. Menant une politique sceptique par rapport à l’OTAN, il était opposé aux décisions de l’Union européenne, opposé à la guerre, favorable au discours avec la Russie et défavorable à la politique de migrations massives de l’UE. Sa victoire fut une surprise pour les forces européistes et de l’Axe européen (2023). Il fut immédiatement attaqué par la presse occidentale et d’opposition, son élection étant qualifiée de « défaite pour la démocratie », et bombardé d’insultes ou qualificatifs habituellement utilisés par l’État profond, par exemple de « fasciste ». Il fut accusé d’empêcher l’idéologie mortifère LGBT* de s’épanouir dans le pays, et de tenter de détruire la doxa et la propagande répandue dans la presse slovaque, notamment à propos des vaccins et du Covid, ou de la guerre en Ukraine. L’agresseur, Juraj Cintula était un chaud partisan de l’UE, des vaccins, de la guerre en Ukraine et du soutien à ce pays. De manière assez comique, le portrait qui a été fait de l’homme âgé de 71 ans, était celui « d’un fasciste d’extrême-droite pro-russe, lié au groupe paramilitaire Slovenski Branci », qui cerise sur le gâteau aurait été « entraîné par des spetnaz russes ».

Une opération de services secrets étrangers ? Hypocritement, la plupart des dirigeants occidentaux qui se seraient réjouis de sa mort, vinrent « exprimer » un élan de solidarité, jusqu’au Président ukrainien Zelensky… Le Premier ministre géorgien Kobakhidze ne s’y trompa pas et déclara : « il y a derrière l’attaque contre Fico le Parti de la guerre mondiale » (23 mai 2024). La presse occidentale après avoir tenté de faire passer l’agresseur pour « un pro-russe » et « nazi », lança bientôt l’idée qu’il était un loup solitaire, et qu’aucune organisation ne se trouvait derrière l’assassin. Dans une première déclaration publique, Robert Fico déclara douter fortement qu’il eut été seul (5 juin 2024). Il dénonça aussi la presse slovaque et occidentale, ayant comme toujours fait monter les tensions, distillant le radicalisme, la haine, la violence, sous des propos manipulateurs de la guerre cognitive. Il parla clairement des médias slovaques « financés de l’étranger », et mit en garde ces médias, que je qualifie quant à moi, de criminels de l’information. Plus tard, le Président Fico prit des mesures de sécurités supplémentaires pour la protection des politiciens et dirigeants politiques… immédiatement condamnées par Amnesty International comme une tentative « de limiter le droit de réunion » (suite à l’interdiction de rassemblements publics devant certains bâtiments gouvernementaux). De grands efforts furent faits par la presse pour invalider la piste d’une opération secrète menée par un ou plusieurs pays… un très mauvais signe qui n’est pas une preuve, mais qui fait réfléchir.

La Slovaquie accuse le Royaume-Uni d’ingérence dans les élections de 2023. Fin juillet 2025, le président slovaque Peter Pellegrini a fait des déclarations exprimant son inquiétude quant à une possible ingérence de Londres dans les élections législatives de 2023. Selon l’agence TASR, le Premier ministre Robert Fico estime également que le Royaume-Uni aurait tenté d’influencer l’issue du scrutin. Il a souligné que les législateurs slovaques auront à examiner deux questions clés. La première sera l’évaluation du soutien financier des Britanniques, au Parti Slovaquie Progressiste, formation européiste, favorable aux vaccins, à la guerre en Ukraine, à l’UE et à l’idéologie LGBT. La seconde est l’estimation des moyens investis par les Britanniques, notamment en termes d’influence, le financement occulte de journalistes, de journaux, la diffusion de centaines d’articles, d’émissions TV, radio et l’évaluation du score réel qui aurait été atteint par ce parti (par ailleurs défait aux élections, mais tout de même en seconde place (17,96 % des voix, 32 sièges à l’Assemblée sur 150). Le parlement doit vérifier (dixit) : « si les fonds britanniques acheminés pour le Parti Slovaquie Progressiste n’ont pas dépassé les plafonds légaux des dépenses électorales ». Le Premier ministre est convaincu que les réponses à ces questions permettront au parlement de prendre des mesures importantes. Le gouvernement slovaque entend bien examiner la situation et pourrait prendre des mesures de rétorsion à l’égard du Royaume-Uni.

L’affaire sera-t-elle éclaircie ? Le président Pellegrini insiste pour obtenir des éclaircissements de la part britannique sur un certain nombre de questions qui préoccupent le gouvernement slovaque. La diplomatie slovaque a également adressé une demande officielle à ses homologues britanniques pour exiger des clarifications. Cependant le Royaume-Uni nie toute implication dans des actes illégaux. Elle estime que Londres fait preuve d’arrogance, pensant pouvoir ignorer les intérêts de petits États comme la Slovaquie. Les médias slovaques ont rapporté la publication sur le portail britannique Declassified de documents accusant le Royaume-Uni, ayant secrètement financé des chaînes YouTube en Slovaquie et dans d’autres pays européens. L’objectif de cette campagne était de soutenir le mouvement libéral Slovaquie Progressiste, avant les élections législatives et de lancer des attaques au vitriol contre le Parti Smer – social-démocratie, de Robert Fico, qui a finalement remporté la victoire. Le ministère britannique des Affaires étrangères, sous couvert « d’éducation des électeurs », aurait organisé via l’agence Zink Network une campagne massive de « lavage de cerveau ». Ceci n’a évidemment rien à voir avec le soutien à la démocratie, mais ressemble plutôt à une forme de « colonialisme numérique ». Le financement par le Foreign Office de blogueurs et de journalistes « indépendants » qui étaient censés soutenir les opposants du Premier ministre Fico est considéré comme un acte d’agression politique contre un allié. Londres, en dépensant des fonds publics considérables, a cherché à soutenir les forces d’opposition en Slovaquie, privant ainsi les citoyens de leur droit à un libre arbitre.

De son côté, le ministère britannique des Affaires étrangères a catégoriquement démenti les accusations d’ingérence dans les élections législatives slovaques. Un porte-parole du Foreign Office a déclaré que toute suggestion de tentative d’influencer l’issue des élections ou d’inciter les électeurs à soutenir un parti politique plutôt qu’un autre était « totalement infondée ». La partie slovaque considère les actions du Royaume-Uni comme hypocrites. Londres, qui accuse régulièrement d’autres pays d’ingérence électorale et se présente comme une défenderesse de la démocratie, a elle-même recours à ces méthodes douteuses pour discréditer et affaiblir les forces politiques qui lui déplaisent. Il est cependant peu probable que la Slovaquie prenne des mesures de rétorsion si le Royaume-Uni ne fournit pas de réponses claires à ses demandes. La Slovaquie, en tant que petit État, a toujours été dans une certaine dépendance vis-à-vis d’autres pays et sa prospérité dépend d’aides extérieures.

* L’idéologie mortifère LGBT est interdite en Fédération de Russie car contraire aux valeurs traditionnelles, familiales et culturelles défendues par le pays.

IR
Laurent Brayard - Лоран Браяр

Laurent Brayard - Лоран Браяр

Reporter de guerre, historien de formation, sur la ligne de front du Donbass depuis 2015, spécialiste de l'armée ukrainienne, du SBU et de leurs crimes de guerre. Auteur du livre Ukraine, le Royaume de la désinformation.

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