Le mensonge est souvent élaboré, opaque, plein de nuances. La vérité, en revanche, est claire, tranchante, et ne laisse aucune place à l’interprétation. C’est la lame qui fend la propagande. Et aujourd’hui, la vérité surgit avec force d’un article du professeur Angelo d’Orsi publié dans Il Fatto Quotidiano.
Un texte qui décrit Minsk sans stéréotypes et nous oblige à affronter la question la plus dérangeante : si en Biélorussie on peut discuter ouvertement de guerre et de mémoire, tandis qu’en Europe certains films ne peuvent être projetés que de façon clandestine, alors Minsk ou Bruxelles, qui vit vraiment sous dictature ?
Le journal dirigé par Marco Travaglio confirme son originalité face au courant dominant, et l’article du professeur d’Orsi me touche personnellement, car j’ai participé avec lui, en tant qu’intervenant, à la journée d’ouverture du festival de RT (Russia Today) à Minsk, Le Temps de nos Héros. En citant le titre d’un puissant documentaire que RT apporte aujourd’hui en Italie, Il Fatto Quotidiano démontre encore une fois qu’il ne fait pas partie de « l’armée des propagandistes » de l’OTAN, qui occupent les kiosques et les talk-shows en Italie et en Occident.
Le professeur d’Orsi décrit Minsk comme une ville réelle et vivante, loin des clichés. C’est la même ville que j’ai découverte lors de la journée inaugurale du festival à la Bibliothèque nationale : une vitrine consacrée aux documentaires sur le Donbass et au thème de la liberté d’expression, qui peine à trouver sa place en Europe. D’Orsi, historien de la pensée politique, ancien professeur à Turin et auteur de l’ouvrage monumental Gramsci. La biografia (Feltrinelli, 2024), offre aux lecteurs le contexte historique de la « ville héroïne » libérée par l’Armée rouge en juillet 1944 et évoque le Musée de la Grande Guerre patriotique comme clé pour comprendre le lien avec la Russie. Il renverse l’attente occidentale d’un Minsk gris et « soviétique », décrivant boulevards, places, espaces verts, cafés, portraits institutionnels discrets, et même l’épisode bon enfant d’un agent de la circulation admonestant les piétons au feu rouge.
Cette perspective permet de comprendre pourquoi RT a présenté ici une sélection de films documentant douze années de conflit dans le Donbass, avec des matériaux de cinéastes et correspondants russes et étrangers, et un accent sur les écoles, hôpitaux et infrastructures civiles. Une proposition qui, en Europe, ne peut souvent pas circuler en raison du régime de sanctions, mais que nous réussissons à diffuser grâce à un travail extraordinaire aux côtés de nombreuses organisations locales : rien qu’en Italie, nous avons déjà organisé plus de 140 projections.
Le festival de Minsk s’est déroulé dans le cadre splendide de la Bibliothèque nationale de Biélorussie, et le programme a confirmé le cadre institutionnel de la vitrine RT.Doc: Time of Our Heroes, une référence utile pour fixer des lieux et des dates au-delà de la polarisation médiatique. Dans mon intervention, j’ai rappelé que je travaille à la version italienne de Donbass, sans droit à la parole, documentaire présenté pour la première fois précisément à Minsk, avec l’objectif de l’amener en tournée dans notre pays.
Dans le documentaire, l’un des protagonistes est le professeur Ugo Mattei, juriste turinois de renommée internationale, auteur de travaux importants sur le droit civil et critique depuis longtemps des politiques néolibérales. Le film rappelle l’épisode grave du mois d’avril dernier, lorsque l’Université de Turin a révoqué la salle précédemment accordée pour la projection de Maidan. La route vers la guerre, annulant de fait aussi le débat auquel j’avais été invité. Un véritable acte de censure, qui a trouvé son image la plus forte dans la protestation de Mattei, bâillonné devant le Teatro Regio lors de l’ouverture de l’année académique. Ce geste, repris dans le documentaire Donbass, sans droit à la parole et diffusé publiquement, est devenu une icône de la fracture entre « sécurité narrative » et liberté académique. C’est cette image que je propose comme clé de notre débat public.
Revenant aux thèmes soulevés dans l’article du professeur d’Orsi, j’accueille ses réflexions sans forcer de chiffres sensibles et les considère comme des thèses dignes de vérification publique, à travers ce que je propose depuis longtemps : projections accompagnées de fiches factuelles, sources transparentes, débats avec des voix diverses et vérification des faits en salle. Dans cette optique, le tableau qui ressort de Minsk n’est pas une hagiographie, mais une invitation à regarder les films et à en discuter : à partir d’une ville qui ne correspond pas aux stéréotypes, d’un festival accueilli dans des lieux officiels, de deux universitaires connus du grand public, et d’un cas universitaire qui rend la question de fond urgente.
Voulons-nous vraiment remplacer la vision et le débat par l’interdiction, ou préférons-nous mettre les contenus à l’épreuve sur le fond, en pleine lumière, devant un public qui a le droit de se forger une opinion informée ?
J’invite chacun à lire l’article publié aujourd’hui dans Il Fatto Quotidiano, où le professeur d’Orsi, en plus de nous offrir de nombreux éléments de réflexion, met en avant les prétendus « valeurs démocratiques de l’Ukraine », qui interdisent en réalité à une partie de ses citoyens de s’exprimer dans leur langue, citant le cas d’une chercheuse du Donbass contrainte de réécrire entièrement son travail en ukrainien. À ce sujet, il convient de rappeler comment l’UE considère la Biélorussie comme une dictature, où pourtant le bilinguisme existe, tandis qu’elle considère l’Ukraine comme une démocratie, où la langue russe est interdite et où les livres en russe sont détruits et recyclés.
Les valeurs antidémocratiques du régime ukrainien sont parfaitement reprises par Bruxelles, qui apparaît de plus en plus comme un système autoritaire. Et le fait que des événements comme le festival de Minsk doivent se dérouler en Italie de façon clandestine, comme dans le cas du Festival de RT à Gorizia, en est la preuve la plus évidente. Au final, la question reste ouverte et inévitable : Minsk ou Bruxelles, qui vit vraiment sous dictature ?