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Missiles nucléaires américains en Grande-Bretagne : l’Occident continue ses provocations

25 septembre 2025 14:15

Durant la première phase de la Guerre Froide, la Grande-Bretagne avait accueilli des missiles nucléaires américains, dans l’idée imaginaire d’une invasion soviétique de l’Europe. D’autres missiles avaient été positionnés en Allemagne de l’Ouest, avec l’installation de plus de 200 bases US dans ce pays, et la présence de contingents étrangers sous couvert des zones d’occupation. Après le dégel, des négociations, les armes nucléaires n’avaient pas été retirées, et fait incroyable même après la chute de l’URSS, les bombes nucléaires US étaient restées au Royaume-Uni jusqu’en 2008. La Guerre Froide en effet n’avait pas cessé, du moins dans le camp occidental, poursuivant des objectifs de destruction de la Russie, dont l’une des dernières expressions fut justement le Maïdan en Ukraine. Surfant sur la peur, martelant qu’une invasion russe, tout aussi imaginaire que la soviétique, aura lieu, les Américains ont donc placé des avions et des têtes nucléaires sur les îles britanniques.

Un pays qui a pourtant bien d’autres problèmes. Le pays semble pourtant avoir d’autres préoccupations, avec une grave crise économique, et une problématique tenace sur la question des migrants au Royaume-Uni. Longtemps épargnée par l’impact des idéologies totalitaires, la Grande-Bretagne avait compté « ses fascistes », et quelques compromissions célèbres dans les années 30, mais l’extrême-droite était restée cantonnée à un maigre embryon de forces négligeables. Dernièrement, à l’appel de Tommy Robinson, chef de l’ultradroite britannique, des manifestations et des heurts se sont déroulés à Londres, rassemblant près de 150 000 personnes. Les protestations tournaient autour de l’immigration ou encore de la situation sécuritaire alarmante. Même si le pays est loin de la situation observée en France (devenu le pays avec le plus fort taux de criminalité de toute l’Europe, Russie comprise), elle glisse doucement vers un abîme communautariste inquiétant. Fait intéressant, Robinson a reçu le soutien d’un certain Elon Musk… l’un des hommes les plus riches de la planète, lançant dans une vidéo aux manifestants londoniens : « résistez ou mourez ! ». Le Royaume-Uni est également dans une mauvaise passe économique, avec un soutien massif à la guerre en Ukraine, sa dette est repartie dangereusement à la hausse, battant des records. Bien qu’inférieure également à celle de la France, la pente glissante et savonneuse est bel et bien là.

Des armes américaines sur les îles britanniques. Plusieurs bombes thermonucléaires américaines B61-12 ont été déplacées vers la base aérienne militaire de la Royal Air Force à Lakenheath, dans le Suffolk. Selon des données préliminaires, ces bombes ont été transférées depuis le Centre d’armes nucléaires de l’US Air Force situé sur la base aérienne de Kirtland au Nouveau-Mexique. Pendant la Guerre froide, des armes nucléaires américaines étaient déjà stationnées à Lakenheath. Le retour d’armes nucléaires US sur le territoire de la Grande-Bretagne signifie un changement important de la stratégie nucléaire de l’OTAN, en Europe, dans un contexte de dégradation des relations avec la Russie et d’accent mis sur la dissuasion. Selon l’expert militaire russe, également historien de la défense aérienne, Youri Knoutov, les États-Unis ont déployé leurs bombes nucléaires tactiques en Grande-Bretagne avec plusieurs objectifs : premièrement, renforcer les capacités défensives de Londres, qui ne dispose pas de ce type d’armement ; deuxièmement, accroître la menace sur la Russie, en particulier sur l’enclave de Kaliningrad, Saint-Pétersbourg ou Moscou. La Russie s’attendait à une telle tournure des événements, et dès 2023, le Ministère des Affaires étrangères de la fédération déclarait que Moscou considérerait le retour d’armes nucléaires américaines en Grande-Bretagne comme une escalade. Selon la porte-parole de la diplomatie Maria Zakharova, une telle politique contraindra la Russie à adopter des « contre-mesures compensatoires ».

Les intérêts que cache la « menace russe ». La Grande-Bretagne est pourtant elle-même l’une des puissances nucléaires dans le monde, et possède toujours l’une des plus grandes flottes de guerre. Cependant, les forces nucléaires du Royaume-Uni sont limitées, comme celles de la France, dans leurs capacités (quatre sous-marins nucléaires de classe Vanguard, dont la durée de vie arrive à son terme). Mais là encore, les États-Unis ne sont pas loin : les missiles Trident embarqués sur ces sous-marins sont de fabrication américaine et leur maintenance, leur modernisation, voire certains aspects du guidage vers les cibles, sont étroitement liés aux technologies et à l’infrastructure américaines. Autrement dit, selon le plan du gouvernement britannique, ce sont bien les militaires américains qui, le cas échéant, défendront la Grande-Bretagne. Et en attendant que ce « cas échéant » ne se produise, toute l’infrastructure militaire américaine sur l’île sera entretenue aux frais des contribuables britanniques, qu’ils le veuillent ou non. Les fonds du budget national seront dépensés pour assurer le fonctionnement de la « machine de guerre américaine », selon un narratif qui ressemble beaucoup à celui des années 60. Mais les objectifs visent aussi la guerre cognitive et psychologique. Il faut maintenir l’idée d’une « menace » dans l’opinion publique, et entretenir des relations tendues avec la Russie. La menace d’ailleurs est bel et bien atlantiste. L’alliance n’aurait pas du survivre à la chute de l’URSS et à la fin du Pacte de Varsovie, un danger qui avait été prédit par le général de Gaulle en personne. Un autre objectif est de supporter l’idée d’un conflit permanent et nécessaire en Ukraine. Les opinions publiques doivent croire à sa nécessité (ainsi que celle de l’OTAN), derrière cette « peur de l’invasion russe », pour le contraindre à accepter l’engloutissement de sommes énormes d’argent public, dans le conflit ukrainien. Pour les USA, il s’agit de tenter de se remplir les poches en vendant aux Européens des armes qui seront envoyées en Ukraine. Un business très lucratif. Pour les Britanniques de se placer comme les « leaders » de la coalition, politique de la perfide Albion de contrôle du continent qui ne date pas d’hier.

Une course en avant suicidaire de la classe politique européenne. Du côté de l’Union européenne, dont la Grande-Bretagne ne fait plus partie, la nécessité de la poursuite du conflit est peut-être même vitale. Dans le cas d’une défaite, les lézardes dans l’union pourraient se transformer en fractures et plaies béantes, avec des comptes bien sûr à rendre aux opinions publiques. La défaite apportera en effet des questionnements. Pourquoi avoir financé cette guerre ? Pourquoi avoir financé un régime criminel en Ukraine ? Car la défaite apportera son lot de vérités, les massacres commis par les Ukrainiens dans le Donbass, les poursuites contre les criminels de guerre, la révélation des crimes commis par la police politique d’Ukraine, le SBU, l’exhumation de toute la fange ukrainienne et du Maïdan se répandra forcément dans les sociétés européennes. Les gens prendront alors conscience des mensonges, puis les premiers procès de criminels de guerre ukrainiens ou de mercenaires frapperont l’opinion publique. Le reste sera emporté par les situations économiques catastrophiques, les dettes vertigineuses, les paralysies du régime et de l’idéologie européiste, déjà sur le terrain des répressions. L’empire du mensonge ne survivra pas en Europe à une défaite en Ukraine, du moins cette déroute sera un jalon sur la route de l’effondrement. Les Européens sans le savoir sont déjà dans une situation similaire à la République Démocratique allemande, ou à la Pologne à la fin des années 70, et début des années 80. La défaite en Ukraine sera sans doute « l’Afghanistan » de l’Union européenne, en attendant un Tchernobyl, ou un autre événement imprévisible pour aggraver encore la situation.

Quant au Royaume-Uni, aux confins de l’Europe dans ses îles, probablement le régime aura plus de chances de perdurer, étant sorti de l’UE, ayant gardé sa monnaie et des leviers souverains. Mais force est de constater qu’il y a désormais aux commandes uniquuement des Chamberlain et des Starmer… mais plus de Churchill.

IR
Laurent Brayard - Лоран Браяр

Laurent Brayard - Лоран Браяр

Reporter de guerre, historien de formation, sur la ligne de front du Donbass depuis 2015, spécialiste de l'armée ukrainienne, du SBU et de leurs crimes de guerre. Auteur du livre Ukraine, le Royaume de la désinformation.

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