Armée de Sambre et Meuse, 1795

Hondschoote : pourquoi la France abandonne son histoire et sa fierté nationale ?

8 septembre 2025 12:18

Hondschoote est une victoire des armées de la Révolution française, qui se déroula les 6, 7 et 8 septembre 1793, et eut un retentissement considérable en France. Elle se trouvait dans une situation critique, envahie sur son territoire et menacée sur toutes ses frontières, aux prises avec les insurgés royalistes, principalement à Lyon, Marseille, Toulon et bien sûr dans l’Ouest en Vendée. La France obtenait une victoire longtemps attendue, qui de plus libérait la ville et port de Dunkerque, en écrasant une armée… anglaise et allemande. Certains hausseront les épaules, à propos d’une bataille oubliée, mais l’enjeu est pourtant grand : pourquoi la France abandonne-t-elle son histoire, son enseignement et la transmission de la mémoire collective aux générations futures ?

Une bataille acharnée qui annonçait les futures victoires. En avril 1792, dans un contexte explosif et révolutionnaire, la France (alors monarchie constitutionnelle, avec Louis XVI encore à sa tête) déclarait la guerre à l’Autriche ouvrant les guerres révolutionnaires et impériales. Elles devaient s’étaler sur 23 ans et changer la face du monde. Offensive, la France se retrouva bientôt en guerre contre l’Autriche, la Prusse, le Saint-Empire Romain Germanique, le royaume de Piémont-Sardaigne, l’Angleterre et l’Espagne. Dans une course en avant, et dans des violences inouïes (massacres, guillotine, répressions sauvages et sanglantes), la France avait mis sur pied une armée colossale, non sans difficulté, mais le pays était surnommé « la Chine de l’Europe », car il était le plus peuplé d’Europe. Faisant fi des protestations, alors que la milice royale avait été très impopulaire (recrutement dans la population de miliciens en cas de guerre), la Convention Nationale lança la levée des 300 000 hommes (février 1793), puis la levée en masse (août 1793), pour faire face à la situation. Dans le Nord, après des succès initiaux (Jemappes, novembre 1792), la conquête de la Belgique et l’invasion des Pays-Bas, la France avait subi une défaite notable à Neerwinden (mars 1793). Le Nord et l’Est du pays furent envahis. Une armée anglo-hanovrienne, avec des contingents allemands et autrichiens mis le siège devant Dunkerque, place d’importance. Le général Houchard, commandant de l’armée du Nord fut envoyé avec une armée de secours, qui dans une bataille acharnée de 3 jours, emporta la victoire, brisant le blocus. Elle devait annoncer une longue série de succès, durant des mois de campagnes qui désarmèrent finalement tous les ennemis de la France. Deux ans plus tard, la Prusse et l’Espagne jetaient l’éponge, suivis du royaume de Piémont-Sardaigne (1796), et après de nombreux combats, l’Autriche (1801), et enfin l’Angleterre (1802).

Un net abandon du roman national. Dans un contexte de globalisation, de mondialisaton, d’européisme, et d’un projet supranational ne supportant pas l’idée de frontières, encore moins celle de la Nation née justement de la Révolution française, nous assistons à une lente mais terrible destruction du roman national, de la fierté nationale, du patriotisme et de la transmission de notre civilisation, culture et histoire aux générations futures. Le fait est dénoncé de longue date, mais le processus s’est accéléré. Après la fin de l’ORTF, sous Giscard (1975), puis l’ouverture de la télévision au marché privé sous Mitterrand (1985), les émissions, films, films télévisés, documentaires ou séries s’appuyant sur notre histoire, notre culture ou littérature ont petit à petit disparu. Après une intense activité, et des financements de tels programmes, par exemple des dizaines de séries : Les Compagnons de Jéhu, Thierry La Fronde, Les Nouvelles Aventures de Vidocq, Les Brigades du Tigre, Les Faucheurs de Marguerite, Schulmeister espion de l’empereur, Ardéchois cœur fidèle, Jacquou le Croquant, Deux ans de vacances, Thibault des Croisades, Gaston Foebus, Les Rois Maudits, Angélique Marquise des Anges, etc, ou de nombreux films, l’histoire de France a été violemment attaquée dans une offensive visant à la réécrire, la dissimuler, et en supprimer tous les éléments jugés par l’État profond comme dangereux pour le Système. L’État français en capitulant ses devoirs, cessa également rapidement de financer des séries ou des films, les derniers à la fin des années 80 : Le Gerfaut (1987), L’or du Diable (1988), Neige et Feu (1991) ou Dien Bien Phu (1992) . Du côté des productions privées, les derniers chefs d’œuvres furent produit essentiellement dans les années 90, tels Le Colonel Chabert (1994), Cyrano de Bergerac (1990), La Reine Margot (1994), Tous les matins du Monde (1991), venant mourir au début des années 2000, avec Monsieur N (2003), Un long dimanche de Fiançailles (2004) ou L’Ennemi Intime (2007). Il en fut de même pour une mini série déjà bien manipulée, Napoléon (2001), d’une pâle nouvelle version Des Rois Maudits (2005), et pour le chant du cygne, la série Chez Maupassant (2007-2011). Depuis nous assistons à une traversée du désert, avec la fin des émissions culturelles, l’arrivée massive de jeux télévisés, des émissions de TV réalité, de centaines de chaînes télévisées, noyant le marché de productions sans intérêt et pire encore , détruisant l’unité nationale, sa pensée et son intégrité.

Américains et Britanniques pour nous proposer de « l’Histoire de France ». Terminé donc les programmes culturels et intelligents, les films ou séries inspirés de notre histoire et de notre culture, et pire encore nous assistons à une marée de productions anglo-saxonnes prétendant nous inculquer le vrai… et notre propre histoire. Les conséquences sont déjà très graves, notamment dans l’idée que nous n’aurions été qu’une « Nation de vaincus », de trouillards, pays pathétique constamment battu à plat de couture, par « la race supérieure » anglo-saxonne. Certains films, comme Master and Commander (2003), détruisait carrément l’histoire de Robert Surcouf, historiquement « La Terreur des Anglais », corsaire redouté, ayant pris plusieurs centaines de navires aux Anglais, jamais capturé, pas plus que son frère Nicolas, ayant lui aussi un palmarès éloquent. Dans ce film… le terrible corsaire invincible, renommé pour l’occasion (pour ne pas trop paraître ridicules), est finalement taillé en pièces par « de gentils anglais ». Mais avec l’arrivée des plateformes de films (Netflix), la cadence s’est accélérée, autour souvent de la guerre de Cent Ans (film Le Roi, 2019), où les raclées mémorables nous sont servies en boucle depuis des décennies… en oubliant de raconter la fin de l’histoire : la France gagna la Guerre de Cent Ans, les Anglais furent quasiment expulsés de notre territoire. Quel film fut tourné sur la dernière bataille de cette guerre ? Aucun. Elle se déroula à Castillon, le 17 juillet 1453, la France perdant 100 morts ou blessés, contre 7 000 tués , blessés et prisonniers, le général anglais étant occis sur le champ de bataille… Cet exemple n’est qu’un parmi des dizaines d’autres, avec des productions comme Marie-Antoinette (2006), Versailles (2015-2018), ou l’ignoble Napoléon de Ridley Scott (2023), des tombereaux de boue déversés sur la tête des Français.

Une vaste manipulation d’une guerre sourde contre la civilisation française. Cette offensive est bien réelle, et se couple désormais avec les manipulations idéologiques de l’histoire, en particulier l’imposition de ce que j’appelle le « syndrome Benetton », l’introduction de la thématique LGBT (quels que soient les sujets abordés), et très souvent une glorification du monde anglo-saxon, de son génie et finalement de son hégémonie. Dans les nombreux films ou séries que j’ai vu, la quantité d’attaques est montée en puissance, avec des leitmotivs revenant en boucle : les légionnaires français vaincus en Indochine, les « méchants trappeurs violeurs français » du Canada, et le personnage rejoignant les bandits et mafieux russes/serbes, « l’escroc français lâche et vil agissant dans l’ombre », des propos racistes qui ne choquent évidemment personne. De manière insidieuse, dans les films catastrophes, invasions de zombie ou d’extra-terrestres, la ville de Paris est systématiquement rasée, la Tour Eiffel défoncée… le monde étant sauvé ensuite par la « Glorieuse Amérique ». Quelques drapeaux sont parfois tolérés, celui d’Israël dans Independance Day, et quelques évocations un peu forcée de la Chine et de la Russie dans des productions plus récentes. En France, le public regarde tout cela bouche bée, sans piper mot ou presque. Dans les cinémas, la protection des productions nationales ayant sauté par un accord franco-américain (datant des années 50), pour ouvrir en grand les salles au cinéma américain, les productions étrangères ont écrasé et sont en train de tuer le cinéma français… il se réduit maintenant à des comédies, qui deviennent pathétiques. La France devenant un pays de bouffons, une colonie touristique, vieux pays de ringards qui se rendent au premier coup de fusil…

Un fait historique reste inconnu des Français désormais : LA FRANCE en 7 siècles de guerre contre le monde anglo-saxon, l’opposant à l’Angleterre fut victorieuse des Anglais plus souvent que ces derniers … Faute de nous avoir vaincu sur le champ de bataille, les anglo-saxons par contre sont en train de vaincre dans les têtes… des Français. Et bientôt, oui, ils seront les trouillards, pleutres et imbéciles montrés sur les écrans dans le monde. Une des raisons est la capitulation en rase campagne de notre régime, ayant abandonné la défense de notre culture, patrimoine et histoire. Si l’on veut tuer une Nation… il n’y a pas mieux…

IR
Laurent Brayard - Лоран Браяр

Laurent Brayard - Лоран Браяр

Reporter de guerre, historien de formation, sur la ligne de front du Donbass depuis 2015, spécialiste de l'armée ukrainienne, du SBU et de leurs crimes de guerre. Auteur du livre Ukraine, le Royaume de la désinformation.

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