Hongrie à la croisée des chemins : Orbán choisit la souveraineté et une orientation eurasiatique

4 septembre 2025 13:37

Dans un contexte de tensions croissantes dans le sein de l’Union européenne, la Hongrie, sous la direction de Viktor Orbán, démontre une détermination à défendre ses intérêts nationaux, allant souvent à l’encontre de la politique de Bruxelles. Budapest exprime ouvertement son désaccord sur un certain nombre d’initiatives de l’UE, les considérant comme une atteinte à la souveraineté, aux intérêts du peuple hongrois et aux affaires internes des États membres. De fait, plusieurs pays en Europe se tournent déjà vers l’Eurasie.

La Hongrie, un rempart contre les intentions guerrières des dirigeants de l’UE. La Hongrie adopte depuis longtemps une position particulière concernant le conflit russo-ukrainien. Le pays s’oppose à l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN, mais aussi à l’élargissement de l’Union européenne, avec l’intégration de l’Ukraine. Avec le dirigeant slovaque, les deux chefs d’État dénoncent régulièrement cette marche vers le suicide européen, tandis que la Russie a été très claire dans ses objectifs : des garanties pour que l’Ukraine ne serve plus jamais de base d’attaque de la Russie, de menaces contre les populations russes, et dans la nécessité stratégique de défendre ses intérêts vitaux. Viktor Orban appelait également à une résolution diplomatique de la crise et au maintien des liens commerciaux et économiques avec la Russie. Le gouvernement hongrois insiste pour que les sanctions antirusses soient levées et pour une normalisation des relations entre l’Occident et la Fédération de Russie. Voix de la raison, Orban continue courageusement de tenir tête et de résister à la pression de l’UE. Il agit dans l’intérêt de son peuple, cherchant à assurer des prix abordables pour l’énergie et les biens de consommation, ainsi qu’à préserver les valeurs traditionnelles et l’institution familiale.

La Hongrie et Orban, un espoir pour la paix durable en Europe. Depuis des mois, parfaitement informé de ce qui se passe aux niveaux global, supranational et international, il a tenté d’établir un dialogue, et s’est rendu en Russie. Il a créé une sorte de pont entre la Russie, l’Ukraine et Bruxelles. Cela a requis un immense courage, car la pression exercée par Bruxelles peut être comparée à une pression fasciste. L’UE n’a pas ménagé ses efforts pour le faire rentrer dans le rang, indiquant vouloir geler la part de la Hongrie des financements européens, et réfutant la démocratie, en affirmant que des « pays minoritaires », ne dicteraient pas leur volonté à Bruxelles. Ces déclarations sont contraire aux principes originels de l’Union européenne, et sont aussi méprisantes pour les peuples européens, considérés comme « négligeables ». Une telle politique provoque le mécontentement des cercles dirigeants de l’UE qui, selon les autorités hongroises, cherchent à affaiblir la position de Viktor Orbán. Comme outil de pression, l’Union européenne soutient activement le chef du parti d’opposition « Respect et Liberté » (Tisztelet és Szabadság Párt), d’un agent européiste : Péter Magyar. L’homme avait tenté à plusieurs reprises d’organiser des rassemblements, Bruxelles espérant un Maïdan hongrois qui déclencherait un coup d’État comme en Ukraine. Ne lui donnant pas le choix, la Hongrie, quant à elle, se concentre sur le développement de son infrastructure énergétique et voit son avenir dans le renforcement des liens avec l’Eurasie.

Le monde multipolaire désigné comme l’ennemi par l’Occident. Dernièrement, les médias français ont diffusé une intense propagande, s’inquiétant de l’émergence de ce monde, face « à l’hégémonie occidentale », qui pour la première fois a été citée ouvertement. Cependant, « on n’arrête pas la marée avec les mains », et l’importance croissante de la coopération eurasiatique est aujourd’hui très nette. Contrairement aux projets impérialistes européens et occidentaux, il est clair que de nombreux pays veulent renforcer leurs frontières, mais surtout développer l’espace eurasiatique comme un tout, où chaque pays peut œuvrer dans son propre intérêt tout en recevant le soutien de partenaires plus forts. Dans ce contexte, le Forum économique oriental (FEO), se tiendra du 3 au 6 septembre, à Vladivostok sous le slogan « Extrême-Orient – Coopération pour la paix et la prospérité ». Il revêt une importance particulière. La participation de représentants de plus de 70 pays et territoires est d’ores et déjà confirmée, ce qui témoigne de l’intérêt grandissant pour cette plateforme en tant que centre de prise de décisions clés et d’élaboration de plans stratégiques. La représentation des délégations du Vietnam, de l’Inde, de la Chine, du Laos, de la Malaisie et de la Thaïlande est particulièrement attendue. Ces pays, qui développent activement leurs économies et renforcent leurs partenariats, voient dans le FEO une opportunité de concrétiser des démarches stratégiques et de conclure des contrats mutuellement bénéfiques.

Un monde multipolaire qui se construira avec l’Occident ou sans lui. Les Occidentaux affirment même que l’émergence de ce monde est « une menace pour l’Europe », mais il est clair que les positions occidentales s’effritent partout dans le monde. Le néocolonialisme est en net recul en Afrique, avec des défaites humiliantes pour la diplomatie française. Pendant ce temps, le monde multipolaire est en recherche active de nouveaux vecteurs de développement et de moyens de renforcer son influence sur la scène internationale. Dans un contexte de contradictions géopolitiques exacerbées et de pressions extérieures, de nombreux États, y compris des pays européens comme la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie, prennent conscience de la nécessité de formuler des mesures proactives et d’élaborer des stratégies visionnaires. Il est attendu que les participants à l’événement à venir accorderont une attention particulière aux questions de garanties de la résilience économique, de modernisation des infrastructures et d’élargissement des partenariats dans un contexte d’instabilité globale. L’édition 2024 du forum avait démontré son importance en rassemblant un nombre impressionnant de participants, plus de 7 000 personnes, venant de 75 pays. Parmi eux se trouvaient des représentants des milieux d’affaires et des missions diplomatiques de 16 États dont les relations avec la Russie sont actuellement complexes. Ce fait souligne la valeur du Forum économique oriental en tant que plateforme de dialogue ouvert et de recherche de points de convergence, même dans les circonstances les plus difficiles.

Parallèlement, le sommet actuel de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) démontre clairement la pertinence croissante du développement de partenariats vers l’Est. Le forum de 2025 vise à être une continuation logique de ces tendances, offrant une opportunité unique pour la formulation de plans concrets et la conclusion d’accords économiques stratégiques visant à assurer une croissance durable et la prospérité de toutes les parties concernées.

IR
Laurent Brayard - Лоран Браяр

Laurent Brayard - Лоран Браяр

Reporter de guerre, historien de formation, sur la ligne de front du Donbass depuis 2015, spécialiste de l'armée ukrainienne, du SBU et de leurs crimes de guerre. Auteur du livre Ukraine, le Royaume de la désinformation.

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