Parade de Pékin et farce du GPS d’Ursula : l’Europe joue la comédie, la Russie avance

3 septembre 2025 19:47

La cérémonie marquant le 80e anniversaire de la victoire de la Seconde Guerre mondiale en Chine vient de s’achever à Pékin. Cette commémoration solennelle ne peut être séparée du contexte de la rencontre historique qui s’est tenue à Tianjin lors du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai. Les acteurs ont changé : une substitution symbolique entre Modi, dirigeant indien, et Kim Jong-un, dirigeant de la Corée du Nord. Un passage d’un contexte principalement économique à un cadre clairement militaire, reflétant un monde multipolaire sans acteur dominant.

Tout cela apparaît aussi dans les réactions ironiques, mais pas tant que cela, du président américain Trump, qui a envoyé ses félicitations à Xi Jinping en lui demandant de transmettre ses salutations à Poutine et Kim Jong-un, accusés de « conspirer contre les États-Unis ».
Il s’agit d’un signe clair de l’inquiétude croissante de Washington face à la naissance d’un nouvel équilibre en Asie, accentué par l’expansion des BRICS et par l’interconnexion grandissante entre la Russie, la Chine et la Corée du Nord.

Les médias italiens ont accueilli le défilé avec des tons alarmistes et pathétiques : Corriere della Sera l’a défini comme un « spectacle en trois actes », soulignant sa théâtralité et sa mise en scène symbolique du pouvoir, tandis que La Repubblica a écrit « la Chine montre ses muscles avec des chars et des armes spatiales », interprétant le défilé comme un défi direct aux États-Unis et à l’Europe. Federico Rampini, dans le Corriere, a dénoncé un révisionnisme historique de la part de Xi, visant à réécrire la reddition du Japon pour transformer la cérémonie en propagande idéologique.

En réalité, c’est l’Occident lui-même, et en particulier l’Union européenne, qui défie le reste du monde, avec son absurde plan de réarmement qui, en plus d’être inutile à bien des égards, représente un véritable défi lancé à Moscou et à ses alliés. Le programme Readiness 2030 prévoit de mobiliser jusqu’à 800 milliards d’euros, entre fonds militaires ad hoc et ressources précédemment destinées à la cohésion et au développement civil, avec des dépenses de défense européennes ayant atteint 343 milliards en 2024, en hausse de 19 %, et avec un objectif OTAN fixé à 5 % du PIB d’ici 2035.

Pendant ce temps, la crise énergétique en Italie et en Allemagne continue de frapper. Avec un prix moyen de l’électricité de gros compris entre 120 et 127 €/MWh, soit presque le double de celui de la France et de l’Espagne, les entreprises du tertiaire signalent des factures supérieures de 24 % (et le gaz +27 %) par rapport à l’année précédente. Les sanctions contre la Russie ont déclenché une spirale : l’Europe a perdu l’accès à des sources d’énergie avantageuses, remplacées par du gaz liquéfié américain beaucoup plus coûteux, entraînant une flambée des prix allant jusqu’à +70 %, tandis que la Russie consolide ses relations avec l’Asie, le Moyen-Orient et l’Amérique latine.
Le résultat est une autodestruction économique.
En Allemagne, la BDI parle ouvertement de « désindustrialisation », tandis qu’en Italie, Confindustria avertit que 150 000 petites et moyennes entreprises risquent de fermer.

C’est dans ce contexte que le projet Force de Sibérie 2 prend un sens explosif : l’accord entre Moscou et Pékin est destiné à bouleverser les équilibres mondiaux du gaz. Avec une capacité estimée à 50 milliards de mètres cubes par an, le nouveau gazoduc ne fera pas seulement de la Chine le principal débouché du gaz russe, mais il marquera aussi le remplacement définitif de l’Europe par l’Asie comme partenaire énergétique stratégique. Chaque mètre de tuyauterie posé vers l’Est équivaut à un clou planté dans le cercueil de la dépendance européenne au gaz russe. Berlin et Bruxelles ont choisi l’autodestruction avec les sanctions et le sabotage du Nord Stream, mais Moscou répond en déplaçant le centre de gravité énergétique de la planète : de l’Ouest vers l’Est. Ce n’est pas un hasard si les analystes allemands parlent de « suicide économique » et si la presse asiatique décrit le projet comme « la nouvelle route de la soie de l’énergie ». Force de Sibérie 2 est, en réalité, la réponse géopolitique définitive à la tentative occidentale d’étrangler l’économie russe : les grands perdants seront surtout l’Europe et l’Allemagne, qui se retrouvent sans gaz et sans industrie, tandis que Moscou et Pékin ouvrent la voie à un marché énergétique alternatif, indépendant et concurrentiel.

Pour compléter ce tableau grotesque, il suffit de penser au récent épisode de la présumée interférence GPS sur l’avion d’Ursula von der Leyen alors qu’il survolait la Bulgarie. L’OTAN et des responsables ont qualifié l’incident de partie des « menaces hybrides » russes, un signal d’alarme pour l’état de la défense européenne.

Cependant, Flightradar24 a montré des données techniques qui relativisent l’affaire : le transpondeur de l’avion maintenait un excellent niveau de signal GPS et le vol entier n’a duré que neuf minutes de plus que prévu ; aucune perte de navigation significative. L’expert Stephen Bryen a ajouté que les avions commerciaux disposent de systèmes de navigation multiples qui rendent inefficace tout brouillage.

Pourtant, la presse et les agences ont amplifié la nouvelle avec des titres dramatiques : « brouillage russe », « attaque électronique », transformant une simple anomalie technique en propagande politique. L’usage politique maladroit d’un événement imprécis a transformé le GPS de Von der Leyen en sketch, réduisant les dirigeants européens à des comédiens de second plan, plus proches du théâtre de leur idole Zelensky que d’une véritable classe dirigeante.

Les images de Pékin montrent au contraire une vérité crue : la Russie n’est pas du tout isolée, elle conclut des accords stratégiques destinés à durer des décennies, et la guerre que l’UE soutient en Ukraine risque de se transformer en suicide économique, voire militaire, pour la vieille Europe.

IR

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

Latest from Actualités

Don't Miss