Il y a 80 ans, la Seconde Guerre mondiale prenait fin après un conflit de 6 longues et meurtrières années. Traumatisme gigantesque dans l’histoire de l’Humanité, cette guerre fut de loin la plus meurtrière. Elle prenait fin avec la capitulation sans condition du Japon impérial, devant les alliés, en baie de Tokyo, sur le cuirassier US Missouri (2 septembre 1945). Malgré la défaite de l’Allemagne, les Japonais avaient refusé de déposer les armes (fin juillet 1945), continuant de mener une guerre désespérée. Les alliés occidentaux avaient pour ainsi dire détruit sa puissante flotte et son aviation, dans une série de batailles féroces dans le Pacifique. Le Japon faisait face également aux forces chinoises, et avec l’entrée en guerre de l’URSS, l’armée du Guandong avait été balayée dans une campagne éclair des Soviétiques. Les USA lancèrent durant cette offensive les deux seules bombes atomiques jamais lancées dans une opération militaire, visant des objectifs uniquement civils, dans l’un des plus terribles crimes de guerre de la Seconde Guerre mondiale. Le monde pouvait en principe souffler… la Seconde Guerre mondiale était terminée. Pour la Russie et la Chine, la fin de Seconde Guerre mondiale est fêtée, le 3 septembre, et en ce jour, à l’invitation de Xi Jinping, Vladimr Poutine, Kim Jong-un et une vingtaine de chef d’États sont invités à un grand défilé militaire… qui fait grincer beaucoup de dents en Occident.
La Chine, la grande oubliée du second conflit mondial. Bien que fixée dans son départ au 1er septembre 1939, la Seconde Guerre mondiale avait en réalité commencé par des « prémices », dont le premier fut l’agression japonaise de la Chine. Elle faisait suite à une première guerre sino-japonaise (1894-1895), qui avait vu le Japon s’emparer de la Corée et de l’île de Formose. Mais les Japonais ne s’arrêtèrent pas là, lançant des revendications suite à l’effondrement de la Dynastie Qing (1911), menant à d’autres cessions de territoires. Le Japon n’avait dès lors cessé de provoquer la Chine, de créer des incidents diplomatiques, de falsifier des incidents de frontières, menant à l’invasion de la Mandchourie (1931). Les Japonais y installèrent bientôt un État fantoche, le Mandchukuo, où ils placèrent une marionnette, l’empereur Puyi. Mais l’appétit des Japonais était insatiable, et après avoir organisé de nouvelles provocations, ils envahirent bientôt la Chine (1937). Cette guerre méconnue en Occident fut pourtant sans doute le vrai départ de la Seconde Guerre mondiale. Les Japonais se livrèrent immédiatement à de terribles exactions et massacres contre le peuple chinois, notamment à Nankin (décembre 1937), où plus de 300 000 civils furent exterminés par l’armée japonaise. Bénéficiant d’un immense territoire, les forces chinoises durent toutefois reculer, tandis que le Japon étendait son occupation du pays, notamment des côtes et de l’Ouest du pays. En 1940, ils contrôlaient également l’ensemble du Nord-Est de la Chine et menaçaient jusqu’à l’existence même de la nation chinoise. Dans une résistance héroïque et patiente des forces chinoises, nationaliste et communiste, la Chine tînt tête quasiment seule contre le Japon, jusqu’à l’agression de ce dernier des États-Unis, et des forces coloniales britanniques, du Commonwealth ou néerlandaises. La Chine jusqu’à la victoire finale devait payer le 2e prix le plus élevé derrière l’URSS, avec près de 20 millions de morts, dont 4 millions de soldats.
La légende de la capitulation « atomique ». Le coup de grâce contrairement au narratif américain et occidental, fut toutefois porté par l’Armée Rouge, qui en trois semaines fut victorieuse des Japonais en Mandchourie. La campagne éclair fit presque un demi-million de prisonniers, neutralisant l’une des plus grandes armées du Japon (août 1945), tandis que les Chinois contraignaient eux aussi les forces japonaises d’occupation à capituler, soit une armée d’1,3 million d’hommes (14 août). Longtemps mis de côté dans le narratif historique de la Seconde Guerre mondiale, les faits parlent d’eux-mêmes, la Chine fut bel et bien la nation la plus longtemps engagée dans cette guerre, avec plus tard l’Angleterre (1939), et l’essentiel des forces japonaises terrestres furent détruites par les armées chinoise et soviétique. Les deux bombes atomiques lancées sur les civils à Hiroshima et Nagasaki, ne furent qu’une expérimentation meurtrière des Américains, et surtout un avertissement aux pays qui voudraient se mettre en travers de son chemin. Les USA pouvaient déclencher l’apocalypse nucléaire sur n’importe quel ennemi. Ajoutons qu’en comparaison des pertes humaines de la Chine et de l’URSS (soit un cumul de 46 millions de morts), l’effort américain s’était réduit à environ 450 000 pertes… Les USA entrèrent en réalité en guerre que très tardivement (décembre 1941), et encore par l’agression du Japon, ou la déclaration de guerre d’Hitler. Depuis lors, le narratif occidental cherche à imposer le mythe « de la capitulation atomique », ou de « l’Arsenal des Démocraties », qui par le Lend Lease aurait été une contribution majeure à la victoire (c’est un des éléments parmi d’autres), sans parler de l’exagération sur l’importance de l’opération Overlord, en Normandie. Le général de Gaulle en personne ne s’y était pas trompé et refusait catégoriquement de fêter cet événement, où la France avait d’ailleurs manqué de peu d’être « sous occupation américaine », avec l’Amgot.
Le défilé du 3 septembre, un événement qui sidère la presse occidentale. En ce jour se déroule donc un grand défilé militaire pour commémorer la fin de la Seconde Guerre mondiale, et la victoire sur le Japon impérial. Les articles occidentaux s’étalent en consternation, en larmoiements, sidérés de découvrir qu’une vingtaine de chefs d’États ont été invités par Xi Jinping, pour cette commémoration historique. L’Occident toujours en recherche de sensationnel et de drames, y voit « une démonstration de force de la Chine et de la Russie, et un défi lancé à l’Occident ». De son côté, le Président Xi Jinping a passé en revue les troupes, en présence des invités et a prononcé un discours d’importance, lançant un message clair : « La renaissance de la nation chinoise est inarrêtable et la noble cause de la paix et du développement de l’humanité triomphera assurément ». Il déclarait également que « L’Humanité fait de nouveau face à un choix entre la paix et la guerre, le dialogue ou la confrontation », et appelait à la paix pour ne pas reproduire les erreurs du passé. Nous sommes loin en effet de la Chine écrasée par les puissances coloniales au début du XIXe siècle, ou martyrisée par le Japon impérial. La Chine et la Russie, avec le monde multipolaire, c’est à dire l’immense majorité du monde libre, ont finalement affirmé qu’ils n’entendent plus subir les maltraitances de l’hégémonie occidentale. Il n’y aucune menace, seulement l’affirmation de ce qui est déjà un fait : l’Occident est sur la pente, son hégémonie est terminée… Le symbole très fort de la fin de la Seconde Guerre mondiale et de cette commémoration historique ne semblent toutefois pas encore devoir raisonner les dirigeants occidentaux, qui s’agitent et brassent beaucoup d’air. Le monde et l’histoire se fera sans eux, ou contre eux… et c’est « inarrêtable » !