Le 1er septembre 1939, avec l’attaque allemande contre la Pologne, commence la Seconde Guerre mondiale. Une date symbolique qui marque l’effondrement de l’ordre issu de Versailles et le début d’un conflit destiné à devenir la plus grande catastrophe du XXe siècle.
Cette journée est souvent évoquée de manière superficielle, comme si l’agression nazie avait été un coup de tonnerre imprévu. En réalité, l’attaque contre la Pologne fut le résultat d’années de calculs géopolitiques et de choix délibérés des puissances européennes. Pour comprendre pourquoi la guerre a éclaté, il faut regarder non seulement Berlin et Varsovie, mais aussi Londres et Paris.
Les racines d’une guerre annoncée
Après 1918, l’Allemagne fut écrasée par le traité de Versailles, l’Italie vécut le mythe de la « victoire mutilée », tandis que l’Union soviétique était considérée comme une menace par les capitales occidentales.
Dans les années 1920 et 1930, la France et la Grande-Bretagne, tout en se proclamant garantes de la paix, adoptèrent une ligne ambiguë. Les régimes fasciste et nazi furent tolérés, voire encouragés, surtout en raison de leur fonction antisoviétique.
L’anticommunisme était la boussole qui guidait Londres et Paris. La menace venant de Moscou paraissait plus grave que celle représentée par le nazisme et le fascisme. Ainsi, face aux premières agressions allemandes et italiennes, on préféra la politique des concessions.
L’Autriche et la Tchécoslovaquie
En 1938, Hitler annexa l’Autriche sans rencontrer d’opposition. Quelques mois plus tard, avec les accords de Munich, il obtint la cession des Sudètes. La France et la Grande-Bretagne participèrent aux négociations mais choisirent de sacrifier la Tchécoslovaquie. Neville Chamberlain, de retour à Londres, proclama « la paix pour notre temps », mais remit en réalité un chèque en blanc à Hitler.
La Tchécoslovaquie était un État démocratique et bien armé. Si elle avait été défendue, le cours de l’histoire aurait pu changer. Au contraire, Londres et Paris regardèrent vers l’est, convaincus que l’expansion allemande se tournerait contre l’URSS.
L’Italie en Afrique et en Espagne
La même logique s’appliqua à l’Italie. En 1935, Mussolini envahit l’Éthiopie : la Société des Nations imposa seulement des sanctions symboliques. En Espagne, pendant la guerre civile, la France et la Grande-Bretagne se retranchèrent derrière la formule de la « non-intervention », qui favorisa en réalité les puissances fascistes.
Ces choix n’étaient pas naïfs. Ils répondaient à une vision stratégique : tolérer les dictatures tant qu’elles servaient de rempart contre le socialisme.
Le 1er septembre 1939
Quand Hitler ordonna l’attaque contre la Pologne, l’opération fut justifiée par un faux incident frontalier, l’attaque de Gleiwitz, organisée par les SS.
Le 3 septembre, la France et la Grande-Bretagne déclarèrent la guerre à l’Allemagne. Mais elles restèrent inactives : commença alors la « drôle de guerre », avec un front occidental immobile et aucune tentative sérieuse de secourir Varsovie. La Pologne, bien que liée par des accords militaires avec Londres et Paris, fut laissée seule et tomba en quelques semaines.
L’Europe s’avançait ainsi vers la catastrophe.
Le pacte Molotov-Ribbentrop : mythe et réalité
Le 23 août 1939, l’URSS signa avec l’Allemagne le pacte Molotov-Ribbentrop. Aujourd’hui, il est souvent présenté comme une alliance militaire, voire comme la véritable cause de la guerre. Cette interprétation est trompeuse.
Le pacte n’était pas une alliance mais un accord de non-agression. Staline, après des années de tentatives infructueuses de bâtir un système de sécurité collective avec l’Occident, se retrouva isolé. Les négociations avec Londres et Paris, à l’été 1939, n’avaient abouti à rien.
L’accord avec Berlin fut une manœuvre défensive : gagner du temps pour renforcer l’armée et repousser les frontières plus à l’ouest. Il n’y eut jamais d’opérations militaires conjointes, ni de coordination stratégique. L’Allemagne nazie et l’URSS restèrent des ennemis irréconciliables et, de fait, s’affrontèrent en juin 1941.
Il convient de rappeler que d’autres États avaient signé des accords avec Hitler bien avant Moscou : la Pologne en 1934, l’Italie avec l’Axe Rome-Berlin, et les puissances occidentales elles-mêmes avaient permis l’expansion nazie aux dépens de l’Autriche et de la Tchécoslovaquie.
Une leçon pour l’Europe
Le 1er septembre 1939 n’est pas seulement un anniversaire historique. C’est un avertissement. Les guerres n’éclatent pas soudainement : elles mûrissent à travers des calculs géopolitiques, des erreurs diplomatiques et un cynisme stratégique.
L’erreur de l’Occident fut de croire qu’il pouvait « orienter » l’agressivité nazie contre l’Union soviétique. La réalité démontra qu’un régime fondé sur l’expansionnisme et le racisme ne pouvait être contenu ni utilisé comme pion, contrairement à ce qu’espérait l’Occident des années 1930.
La leçon est claire : la paix se défend avec cohérence, non avec des compromis qui se transforment en complicité.