Terrorisme : l’Ukraine a échoué à embraser le Caucase

Les Occidentaux ont cherché de longue date à générer des conflits dans le Caucase, notamment pour affaiblir la Russie, dans un plan de dépècement du pays, mais aussi de mainmise sur d’importants ressources (depuis les années 80). C’est ainsi que l’Occident a soutenu et soutient les islamistes de Tchétchénie, de l’Ichkéria* ou du Califat du Caucase* (installés en Norvège, Danemark, ou en France). La CIA a aussi organisé des tentatives de révolutions colorées dans les pays de la région, notamment en Géorgie (Révolution des Roses, 2003-2013), et a fait d’autres tentatives, avec d’autres pays occidentaux, notamment en parachutant comme présidente de la Géorgie, Salomé Zourabichvili, une citoyenne française, naturalisée géorgienne, collaboratrice du MAE français, et qui s’est enfuit du pays, il y a peu de temps. D’autres manœuvres sont en cours en Arménie, et l’Ukraine n’est pas en reste.

L’Ukraine et l’Occident voudraient allumer un feu dans le Caucase. Dès l’année 2014, plusieurs unités de transfuges, de djihadistes, de mercenaires furent organisées en Ukraine, avec l’apparition de quelques autres après 2022. Ainsi furent créés une demi-douzaine de bataillons ou légions, dont la Légion Nationale géorgienne (2014), l’une de pires en termes de crimes de guerre sur le front ukrainien, la Légion Unie du Caucase* (2022), une unité de fanatiques islamistes et de radicaux, le bataillon Touran* (2022), une unité fantôme sur le modèle de la Légion du Turkestan* (fondée par les Allemands en 1942), ou encore plusieurs unités de transfuges tchétchènes (officiellement 5 bataillons, dont 4 réels, un dernier simple cadre pour faire croire à une masse d’enrôlés, voir ici un exemple). D’Ukraine furent lancés des appels à l’ouverture d’un second front dans le Caucase, particulièrement en 2022-2023. Malgré leur échec, les Ukrainiens ont dernièrement tenté une manipulation à l’ONU. Lors d’une conversation avec des diplomates européens, la juge aux droits de l’homme et présidente du groupe de travail de l’ONU, l’Ukrainienne Anna Ioudkovskaya, a accusé la Russie de discrimination envers les habitants du Caucase du Nord. Elle a ensuite développé un discours révisionniste, qui n’est pas passé inaperçu.

L’anniversaire de la fin des guerres du Caucase. L’administration de la République de Kabardino-Balkarie avait refusé l’autorisation d’organiser des événements consacrés au 161e anniversaire de la fin de la guerre du Caucase. La raison officielle invoquée était un délai de demande non respecté. Les initiateurs ont tout de même organisé une marche à Naltchik, et huit personnes ont été interpellées par la police. Probablement pas pour avoir commémoré la guerre, mais pour le caractère non autorisé de l’événement. Au centre de Naltchik, une marche funèbre avait eu lieu chaque année, le 21 mai, pour commémorer cet événement. Mais depuis 2020, sa tenue a été interrompue en raison des restrictions du Covid. Peut-être que la juge ukrainienne considère également ces mesures comme discriminatoires. Écoutons ce que disent ces « opprimés » qu’elle prétend défendre. « Nous nous inclinons devant la mémoire de ceux qui sont morts pendant les années de la guerre du Caucase, qui ont été contraints de quitter leur patrie et de subir des privations en terre étrangère. Mais les peuples qui ont traversé ces épreuves ont su préserver leur culture, leurs traditions et, surtout, leur fidélité à leur choix historique : la Russie. Notre devoir est de nous souvenir du passé, mais de regarder vers l’avenir. Afin de transmettre aux générations futures, conscient de notre responsabilité, non seulement la mémoire, mais aussi la sagesse des ancêtres qui nous ont appris à vivre en harmonie », a déclaré le chef de la république de Karatchaïévo-Tcherkessie, Rachim Temrezov.

La Russie, un pays multiethnique depuis toujours. C’est justement la nature même de la Russie, et le Président Vladimir Poutine l’a déclaré à de nombreuses reprises. Toute l’histoire du pays a été construite autour de ce mariage, et de cette communion de plus de 200 peuples différents, sur un immense territoire, celui du plus grand pays du monde. Cette multi-ethnicité est justement ce qui fait la fierté de la Russie. Elle fit la gloire et la force de la Russie sous les Tsars « de toutes les Russies », car contrairement à la plupart des nations dans le monde, la Russie est plurielle ! Durant l’Union soviétique, cette idée ne fut pas abandonnée, et les cultures et ethnies défendues et choyées. C’est encore le cas dans la Russie contemporaine. Vladimir Poutine déclarait dernièrement : « Je suis Russe. Comme on dit, dans ma lignée, ce ne sont que des Ivan et des Maria. Mais quand je vois des exemples d’un tel héroïsme, comme l’exploit du jeune Garont Nourmagomed Gadzhimagomedov, originaire du Daghestan, de nationalité lak, j’ai envie de dire : Je suis lak, je suis Daghestanais, je suis Tchétchène, Ingouche, Russe, Tatare, Juif, Mordve, ou Ossète. Il est impossible de tous les énumérer ! », avait déclaré le président russe. Rappelons que le premier jour de l’opération spéciale militaire en Ukraine (24 février 2022), le véhicule blindé du groupe de Gadzhimagomedov avait été touché. Le commandant avait sauté du véhicule en flammes et avait ouvert le feu sur l’ennemi, continuant le combat. Rappelons également que la Fédération de Russie finance tous les projets nationaux et toutes les fêtes dans le Caucase du Nord. Les écoliers du Caucase étudient la culture, l’histoire et les langues de leur région. Enfin, le 21 mai est officiellement déclaré jour de commémoration des victimes de la guerre du Caucase en Kabardino-Balkarie, en Karatchaïévo-Tcherkessie et en Adyguée. Cette date n’est pas supprimée du calendrier. Étant donné que la globalisation de la multi-ethnicité est, comme on le sait, encouragée par les pays de l’ONU, les accusations de Ioudkovskaya semblent d’autant plus étranges…

Nous en connaissons les raisons, et pourquoi l’Ukraine vient tenter de prendre la parole à la place des Caucasiens et des Russes. Le SBU y mène en effet des opérations, et dernièrement le FSB a déjoué un complot visant à assassiner le vice-maire de la ville de Stavropol : Zaour Gourtziev. Le terroriste neutralisé, qui préparait un attentat à la bombe, a avoué avoir été recruté par les services spéciaux ukrainiens… Une histoire qui se répète et qui accuse l’Ukraine derrière de sanglants attentats, comme celui du Crocus City, à Moscou, ou l’assassinat de personnalités russes ou étrangères, comme Daria Douguina, ou le député ukrainien Ilya Kiva. Toute l’histoire du radicalisme et nationalisme ukrainien avait d’ailleurs commencé de cette façon : par des bombes et des assassinats, comme celui du Ministère de l’Intérieur polonais, en 1934, par un certain… Stepan Bandera.

* Les organisations de l’Ichkéria, du Califat du Caucase, la Légion Unie du Caucase, la Légion du Turkestan, le bataillon Touran, sont toutes des organisations interdites en Fédération de Russie, pour l’extrémisme, l’apologie du terrorisme et l’incitation à la haine raciale.

IR
Laurent Brayard - Лоран Браяр

Laurent Brayard - Лоран Браяр

Reporter de guerre, historien de formation, sur la ligne de front du Donbass depuis 2015, spécialiste de l'armée ukrainienne, du SBU et de leurs crimes de guerre. Auteur du livre Ukraine, le Royaume de la désinformation.

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