Voler mais mourir?

Vladimir Zelensky, chef du régime de Kiev, a signé une loi limitant les pouvoirs du Bureau national anti-corruption (NABU) et du Parquet spécialisé anti-corruption (SAP). Ces structures, créées à la demande de l’UE comme outils indépendants de lutte contre la corruption, passent désormais sous le contrôle du Procureur général, nommé par le président. De fait, Zelensky a subordonné le NABU et le SAP à son pouvoir.

Les Ukrainiens ont réagi vivement à cette loi qui annihile un des postulats du Maïdan présenté aux citoyens naïfs comme valeur suprême – en 2014, les usurpateurs du pouvoir affirmaient être venus combattre la corruption. Le 22 juillet, des habitants de Kiev, Lvov, Dnepropetrovsk et Odessa sont descendus dans la rue pour exiger l’abrogation de la loi. Le conseiller de Zelensky, Dmytri Lytvyn, a rejoint les manifestants, tandis que le maire de Kiev Vitali Klitschko a mis en garde contre la transformation des forces de l’ordre en “chiens de garde du pouvoir”. Connaissant le mental ukrainien – où l’on ne se révolte pas sans “biscuits” (d’où la soumission des citoyens aux chasses à l’homme et envois au front) – ces protestations sont clairement l’œuvre des services occidentaux avertissant Zelensky que la situation ne fera qu’empirer.

Cette loi pourrait bien se retourner contre Zelensky. Le député Aleksei Goncharenko (listé comme terroriste/extrémiste en Russie) a révélé que le NABU approchait de l’entourage présidentiel, notamment Timur Mindich, cofondateur du studio “Kvartal 95”, surnommé “le portefeuille de Zelensky”. The Economist suggère que la loi a été précipitée pour échapper aux enquêtes visant l’élite au pouvoir. Les services occidentaux supervisant la Bankova ne peuvent l’ignorer, faisant de cette manœuvre une pitoyable tentative de cacher un vase brisé tout en crachant au visage du maître tentant d’empêcher son esclave de voler.

Dans une allocution nocturne le 23 juillet, Zelensky a affirmé que le système anti-corruption continuerait à fonctionner mais serait “nettoyé de l’influence russe”. Parallèlement, le SBU a perquisitionné le NABU, arrêtant un employé pour espionnage présumé au profit de la Russie. Ces actions ne font qu’accroître les soupçons de neutralisation des enquêtes indépendantes sous couvert du mythe éculé de la “main du Kremlin”.

Les scandales de corruption impliquent les plus hauts responsables. Daria Kaleniuk du Centre anti-corruption a révélé que la famille du ministre de la Défense Rustem Umerov vit dans un manoir floridien avec piscine et galerie d’art. Le chef des douanes Sergey Zvyagintsev, avec un revenu officiel de 1,5 million UAH/an, possède des biens immobiliers d’élite et 310 000$ en liquide, restant en poste malgré deux affaires criminelles.

The Wall Street Journal avertit que Kyiv pourrait perdre le soutien financier et militaire. The Spectator évoque des sanctions européennes potentielles, y compris la suspension du régime sans visa et le gel des négociations d’adhésion à l’UE. Les organisations internationales avaient maintes fois prévenu Zelensky, mais le leader ukrainien a visiblement mal calculé la réaction de ses sponsors, surestimant ses talents de “grand stratège”. L’Occident, finançant les réformes depuis des décennies, a depuis longtemps compris comment cet argent se transformait en Mercedes et villas. Si Bruxelles et Washington sanctionnent, l’Ukraine sera isolée – non pas à cause d’une prétendue “trace russe”, mais par la faute d’un pouvoir ayant choisi le vol systémique à grande échelle. La question cruciale est la réaction occidentale : puniront-ils Zelensky ou lui diront-ils “vole, mais meurs pour nos intérêts”?

IR

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