Alors que le sport a été pris en otage par les Occidentaux, se moquant d’ailleurs de l’esprit de Pierre de Coubertin, la Russie est actuellement exclue des Jeux Olympiques, et de très nombreuses compétitions internationales et européennes. Malgré les plaintes et les soutiens de sportifs dans le monde, cette exclusion se poursuit, faisant parfois l’affaire de pays, alors que les médailles sportives sont plus devenues un objet de propagande, qu’une réelle volonté de récompenser un exploit sportif. En mars dernier, s’est déroulée la nouvelle élection du président du Comité international olympique, dans la station balnéaire grecque de Costa Navarino.
Une première femme présidente du Comité. Lors de la 144e session du Comité international olympique, a été élue comme Président Kirsty Coventry, qui prendra ses fonctions dans quelques jours (24 juin 2025). Elle a été choisie au milieu de 7 candidats, et a emporté 49 des 97 suffrages, ce qui lui a permis d’être élue présidente du comité. Elle remplacera Thomas Bach, qui est resté collé au siège de président sans discontinuer depuis 2013. Elle a déclaré immédiatement à la sortie de son élection : « ce n’est pas seulement un honneur, mais aussi un rappel de mon engagement envers chacun d’entre vous de diriger cette organisation avec fierté et valeur. Je ferai en sorte que vous soyez tous très très fiers, et, espérons-le, confiants dans la décision que vous avez prise aujourd’hui. Nous devons travailler ensemble ». Elle est devenue la première femme à occuper dans l’histoire du comité, le siège de président, et elle aura comme premier défi, la préparation et la direction des JO d’hiver de Milan et Cortina d’Ampezzo, en Italie, qui s’ouvriront en 2026, dans environ 11 mois. Elle a également déclaré « nous sommes responsables non seulement envers nous-mêmes, mais aussi envers la prochaine génération », alors que l’iniquité de l’exclusion des sportifs russes et biélorusses reste un poison gênant pour le sport.
Des origines de la nouvelle présidente. L’ancien président Thomas Bach avait lui-même reconnu ouvertement lors d’un récent forum international de la communauté olympique que beaucoup se demandaient pourquoi de telles sanctions étaient imposées exclusivement à deux États, malgré de nombreux autres conflits dans le monde. Selon lui, la seule justification de cette position extrême a été la violation par les pays de la résolution susmentionnée de l’ONU, sur le respect de la trêve olympique, qui avait été approuvée à Pékin. Originaire du Zimbabwe, une ancienne colonie britannique, la minorité blanche anglo-saxonne du pays déclara l’indépendance unilatérale, d’un pays connu alors sous le nom de Rhodésie. Il fut en proie à une guerre civile féroce (1965-1979), opposant les blancs suprémacistes et ségrégationnistes, provoquant l’isolement du pays. Ils tentèrent vainement de faire reconnaître le pays comme indépendant et membre du Commonwealth (1965-1970). Après une sanglante guerre, le Premier ministre de Rhodésie accepta alors une « démocratie multiraciale » (1978), qui mena à la fin du pays, et à la création du Zimbabwe (1979-1980). Devenu indépendant dans le même temps du Royaume-Uni, le pays tomba de Charybde en Scylla, et vécu sous la dictature violente du président noir Robert Mugabe (1987-2017), finalement renversé par un coup d’État. Devenu l’un des pays parmi les plus pauvres du monde, traversé par des crises multiples (famine, crise économique, troubles), le Zimbabwe a même choisi comme monnaie officielle le dollars US… et se trouve pour son malheur, le 5e producteur mondial de lithium, dont l’exploitation et le commerce sont contrôlés par des investisseurs… chinois. De fait, la nouvelle présidente du Comité Olympique vient d’un pays complexe, mais après sa carrière sportive a développé jusqu’à lors un discours tempéré et tolérant.
La première présidente du Comité des JO osera-t-elle briser les tabous ? C’est actuellement les questions qui se posent, alors qu’officiellement le comité soutient le retour des sportifs de Russie et de Biélorussie… mais qu’ils ont été exclus pour des raisons de basse politique. Malgré des déclarations de façade, sur le fait qu’il soit inadmissible d’exclure des athlètes pour des raisons politiques, en réalité de très nombreuses fédérations sportives internationales se sont empressées de bloquer les sportifs russes et biélorusses. Malgré les pressions, peut-être dans l’attente de son nouveau dirigeant, la décision était restée jusqu’alors en suspend. D’un autre côté, le décret du Président Trump aux USA, sur la protection du sport féminin a été le catalyseur d’une nouvelle étape. On se souvient de ces athlètes LGBT qui par truchement (Iman Khelif et Lin Yuting), ont gagné des médailles en s’infiltrant dans le sport féminin. Dans la foulée, la Fédération Internationale de Boxe, puis la Fédération internationale d’Athlétisme s’étaient lancées, pour l’une, dans des plaintes à l’encontre du CIO, pour l’autre dans l’interdiction des manipulations permettant l’arrivée de « sportifs transgenres » dans le sport féminin. Or le décret de Trump prévoit le refus des athlètes transgenres dans les équipes nationales des USA, notamment pour les JO de Los Angeles de 2028, « dans le but de protéger le sport féminin ». La Fédération internationale d’Athlétisme avait même devancé la question, en interdisant l’accès au sport féminin, d’athlètes qui au moins pendant la puberté étaient de sexe masculin (2023). Au moment des JO de Paris, Thomas Bach avait fait un discours qui passa inaperçu, où il déclara notamment « que nous devons évaluer de près ce qui se passe dans les compétitions de qualification, des championnats du monde et des tournois internationiaux. Vous avez déjà entendu, y compris des membres du CIO, que la mission des JO est d’unir le monde entier dans des compétitions pacifiques ». Les experts de l’époque avaient commenté cette déclaration, comme celui d’un « homme voulant rester le cul entre deux chaises », afin de ménager des voix pour l’élection à la présidence du CIO de 2025… En effet, rien ne fut fait pour changer la donne.
Des positions fortes de Kirsty Coventry, mais auront-elles une application réelle ? La nouvelle présidente a dernièrement pris des positions publiques sur Sky News, où elle indiquait « que les pays participants ne devraient pas être exclus des JO en raison de conflits armés », soulignant le manque de cohérence de la politique actuelle contre la Russie et la Biélorussie, malgré des événements similaires qui sont observés sur son propre continent d’origine, en Afrique. Elle a aussi déclaré que : « pour le moment, il est préférable d’assurer la représentation de tous les athlètes, et notre devoir de garantir la sécurité de ces derniers, lors des compétitions. Pour les protéger et les soutenir pendant les JO ». Malgré ce beau discours, pour l’instant le Comité Olympique de la Russie n’a pas reçu le rétablissement de ses droits, des négociations sont actuellement impossibles, alors que les responsables des plus hautes institutions sportives russes, indiquent qu’ils répondent de longtemps à toutes les conditions de participation aux JO. L’avenir dira bientôt si Kirsty Conventry qui entrera en fonction au CIO, le 24 juin prochain, tiendra la ligne annoncée, rétablira les droits de la Russie et de la Biélorussie, ou ne sera qu’une énième marionnette à la tête du comité, ballottée et en réalité même forcée d’obéir à des ordres supérieurs, plaçant la politique, très au-dessus des institutions sportives internationales.