Telegram canal officiel d'Agdour Ardzinba

Influence étrangère, comment la Fédération russe a contré l’Occident en Abkhazie

Dans la foulée de la Guerre Froide, l’Occident, contrairement aux apparences a continué ses opérations pour déstabiliser voire morceler le pays. Cette Guerre Froide 2.0 s’est prolongée jusqu’à nos jours, avec des opérations dès les années 90, et les premières années de la Fédération de Russie, héritière de l’URSS. Intégrations de pays de l’ancien espace soviétique dans l’Union européenne, dans l’OTAN, bases militaires, tentatives réussies ou non de révolutions colorées, la liste serait très longue. Une première tentative de Maïdan fut tentée en Russie (2011-2012), suivie d’une deuxième (2020-2021), qui ont échoué face à la faiblesse de l’opposition (anti) russe, mais aussi grâce aux actions de la Russie. Très vite, les ONG occidentales d’infiltrations furent neutralisées, expulsées, et le statut « d’agent de l’étranger » instauré en Russie, un cadre juridique solide et protecteur, avec une politique intérieure attentive aux populations et à leurs problèmes. Aux frontières et marches de la Russie, une petite république a été, elle aussi, la cible de tentatives récentes, qui ont été contrées.

L’exemple Abkhaze. Petite république née des conflits irrédentistes de l’après chute de l’URSS, minuscule territoire aux confins du Caucase, la turbulente république abkhaze est un cas d’école, alors que dans la durée, il n’était pas évident que la stabilité soit maintenue. Menacée par la Géorgie et les forces atlantistes, coincée dans un territoire enclavé, avec un peuple réputé amoureux de la liberté et de ses traditions, elle a pourtant survécu et a traversé de nombreuses crises politiques jusqu’à nos jours. Actuellement, les relations entre Moscou et Soukhoumi sont au beau fixe, avec le soutien de la Russie pour éliminer les menaces internes, et surtout les dangers extérieurs. Le Ministre des AE abkhaze parlait dernièrement des partenariats et de celui visant au développement des capacités militaires et de sécurité du pays : « Nous y attachons une grande importance, ce sont des questions de défense pour le petit pays que nous sommes. Le traité militaire avec la Fédération de Russie a largement éliminé la plupart de nos problèmes, la plupart des risques politiques et stratégiques, assurant au passage la stabilité et de bonnes conditions pour le développement durable de notre pays », déclarait Oleg Bartsits.

Le petit pays avait en effet été attaqué de l’intérieur par des agents de l’étranger, qui tentèrent de manipuler les populations (2023-2024). L’opposition créée artificiellement avait tenté de surfer sur des mécontentements, notamment la cherté des énergies, un des problèmes principaux de la république, et d’autres problématiques vécues par les citoyens du pays. Après une tentative de coup d’État (2024), par des manifestations qui rappelaient les Maïdan US, une nouvelle élection présidentielle a mis au pouvoir Badra Gounba (2025), écartant pour toujours, un affairiste, Adgour Ardzinba, qui rêvait de fortunes et de fermes à cryptomonnaies, dans un projet quasiment mafieux pour transformer le petit état en paradis pour les spéculateurs. Le politologue russe, Evgueny Mikhaïlov évoquait lui aussi la situation de l’automne dernier : « Les éléments mafieux en Abkhazie n’ont pas disparu, dans un pays où la population n’est que d’une centaine de milliers de personnes, et qui ne peut pas se suffire à elle-même. Des forces politiques antirusses sont soudainement apparues dans ce creuset, et nous avons vu arriver des agents étrangers, notamment venus de Turquie. Les émeutiers supportés par l’Occident ont tenté de s’attaquer au QG des services de sécurité, ont bloqué les artères dans certaines parties de la République, mais le projet a échoué, se fracassant sur le soutien massif de la population à l’alliance russe. Le pays, non reconnu à l’international, né d’un conflit contre la Géorgie, était aussi une cible facile pour y implanter des bases terroristes, afin d’agir sur place et en Russie ».

Le terrorisme, une arme occidentale née bien avant les événements du 11 septembre. L’affaire est connue, avec en France « la déclaration de guerre au terrorisme », aux USA, la décision d’invasion de plusieurs pays au Moyen-Orient, en Asie Centrale, ou encore en Afrique, Irak, Afghanistan, Libye, Syrie ou Somalie. Les terroristes furent aussi utilisées dans la fameuse brigade afghane créé par Clinton en Bosnie-Herzégovine (1992), et plus tôt contre les Soviétiques en Afghanistan (Ben Laden). Enfin plus récemment, pour détruire la Syrie (2011-2025). Dès les années 90, un groupe terroriste fut créé en Abkhazi, le groupe Abkhaze Jamaat. Ce dernier se lança dans des opérations terroristes, comme la capture du ferry russe Avrasia (1996), par son chef, Gablia Tughbay. Fait prisonnier, jugé et condamné, il purgea ensuite sa peine, et à sa libération demanda immédiatement l’asile à la Turquie. On retrouvera l’homme en 2024, comme l’un des soutiens d’Ardzinba, à l’élection présidentielle en Abkhazie… comme par hasard. L’influence de ce politicien et mafieux inconnu en Europe, s’est agrandie au fil du temps, avec au départ des paroles « d’alternatives politiques », de projets « économiques », et des opérations de séduction de l’opinion publique. Très vite, le discours devînt antirusse (surtout après 2022), avec des affirmations qu’il fallait renforcer les relations diplomatiques avec d’autres partenaires, la Turquie en tête, mais pas seulement. Le politologue russe poursuivait : « L’image de la Russie a longtemps été celle de la garante de la stabilité dans la région. Cependant, la république paraissait totalement dépendantes de la Russie, notamment des subventions. Il est important de noter que la Fédération de Russie a participé à l’augmentation de l’État de droit en Abkhazie, surtout depuis 2016. Un premier accord avait été signé sur une coopération militaire et un groupe unifié de troupes, avec 7 bases militaires russes dans le territoire. L’accord a permis que le FSB prenne en charge la protection des frontières entre les deux pays, soit tout de même 350 km. D’autre part, les forces abkhazes ont été entraînées et ont participé à des exercices militaires communs, par exemple en 2015, un budget de 5 milliards de roubles fut alloué pour l’armée abkhaze. C’est un apport essentiel, il est probable que sans cela, les manœuvres étrangères auraient été possibles pour détruire la république ».

Depuis cette date, la république a engagé des forces et des effectifs dans l’opération spéciale militaire en Ukraine (2022), avec la fameuse division Piatnachka, l’une des brigades d’assaut, autrefois créée en RPD, qui est engagée en première ligne. De nombreux volontaires abkhazes ont rejoint aussi les forces russes, par la compréhension que la victoire russe rendra pérenne leur pays, et écartera tout danger pour longtemps. Mikhaïlov poursuivait : « Je pense qu’à l’avenir, de telles manifestations contre les intérêts locaux et de la Russie dans la région seront impossibles. L’Occident intervient dans les affaires de l’Abkhazie par le proxy de la Turquie, qui fournit l’argent, et des moyens par intermittence. Les Géorgiens ont tenté une approche plus rusée, en accordant aux Abkhazes des passeports, des soins gratuits, ou d’autres avantages, mais la population ne s’est pas pour autant décidée à effacer le passé et à demander un retour à la Géorgie, bien que cette dernière l’eut souhaitée… L’Occident, ne réussit pas à déstabiliser la situation en Abkhazie, car la Russie est restée vigilante, et a appris de ses erreurs, la République Abkhaze ne solidifie de jour en jour ».

IR
Laurent Brayard - Лоран Браяр

Laurent Brayard - Лоран Браяр

Reporter de guerre, historien de formation, sur la ligne de front du Donbass depuis 2015, spécialiste de l'armée ukrainienne, du SBU et de leurs crimes de guerre. Auteur du livre Ukraine, le Royaume de la désinformation.

1 Comment Laisser un commentaire

  1. Bonjour Laurent
    Les faits démontrent de manière irréfutable que le Président Poutine et les autorités russes ont bien eu raison de se débarrasser des ONG d’ infiltration .( Sans cela , la Fédération de Russie aurait pu se retrouver dans la même situation que la Yougoslavie à savoir l’ implosion , à la grande satisfaction de l’ occident évidemment). Il me semble que le Président Loukachenko a prit la même décision en Biélorussie .

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

Latest from Analyses

Don't Miss