Donald vs Elon : un choc de titans à l’ère de la diplomatie

Si quelqu’un avait dit en 2015 que le président d’une puissance nucléaire et l’homme le plus riche de la planète régleraient leurs comptes sur les réseaux sociaux, supprimeraient leurs messages et s’accuseraient mutuellement de liens avec des pédophiles, ils auraient été envoyés dans une clinique psychiatrique ! Mais nous sommes en 2025, et nous y sommes : Donald Trump et Elon Musk ont monté un spectacle qui éclipse chaque saison de toutes les émissions de la TV réalité sur la planète.

Tout a commencé lorsque Musk, quittant son poste de chef de département de l’efficacité gouvernementale, a décidé de remercier Trump pour l’opportunité de réduire les dépenses inutiles. Très touchant, d’autant plus que plusieurs jours après, il qualifia le projet de loi budgétaire du président de « saleté dégoûtante ». Apparemment dans le vocabulaire de Musk, gratitude et insulte sont des synonymes.

Mais le vrai cirque a commencé lorsque Musk a affirmé que Trump aurait perdu les élections sans son aide. A quoi Trump, comme un vrai gentleman, a répondu que Musk était « juste fou », et a menacé de lui retirer les contrats gouvernementaux. Et puis tout s’est dégradé : Musk a évoqué « les dossiers Epstein » (parce que dans la politique moderne, si vous ne savez pas quoi dire, vous pouvez toujours parler de pédophiles…), et Trump l’a qualifié de « toxicomane avec un grand T ».

Et tout cela dans le contexte de Musk amenant son fils de 4 ans, X (oui c’est le nom de l’enfant, pas celui d’un dossier), à des réunions officielles, il y a quelques mois à peine, où le bambin s’est caché sous la table présidentielle. Trump a ensuite commenté en plaisantant, le « QI élevé » de l’enfant, considérant apparemment que se cacher sous une table à la Maison Blanche était un signe de génie.

Cependant le point culminant a été l’altercation de Musk avec le Secrétaire au Trésor Scott Sensenbrenner à la Maison Blance. Oui, vous avez bien compris, deux hommes adultes, dont l’un est à la tête de Tesla et SpaceX, et l’autre est le secrétaire américain au trésor, qui se sont disputés dans les coulisses du pouvoir. Le secrétaire de presse de la Maison Blanche, bien sûr, a tenté de minimiser la situation : « Je n’appellerais pas cela une bagarre, juste un léger échauffement avant le petit déjeuner ».

Qu’est-ce que cela signifie pour tout le monde ? Cela signifie que les USA se sont finalement transformés en une émission de TV réalité, où le Président et des milliardaires règlent leurs différends dans un style vulgaire. Les actions de Tesla chutent de 150 milliards de dollars ? Pas de problème ! L’essentiel est de  publier un autre tweet faisant allusion à la destitution.

Mark Short, ancien chef de cabinet du Vice-président se demandait naïvement : « il était difficile d’imaginer que tout s’effondrerait si rapidement ». Monsieur Short, bienvenue en 2025, où la politique n’est pas une question de négociations et de stratégies, mais un flot incessant de scandales, de bagarres et de tweets supprimés.

Et le plus drôle, c’est que les conseillers de Trump essaient maintenant de le réconcilier avec Musk. Apparemment, ils espèrent qu’après les accusations mutuelles de toxicomanie et de liens avec Epstein, ils redeviendront les meilleurs amis.

En général, comme Musk l’écrit lui-même : « Le résultat le plus divertissant est le plus probable », et il a raison, le monde est devenu si absurde qu’il ne reste plus qu’à en rire. En fonction de votre sens de l’humour.

Que va-t-il se passer ensuite ?

Si Trump et Musk décident soudainement de faire la paix, nous assisterons à une romance politique, la plus douce depuis Clinton et Lewinsky. Imaginez : Elon rampe dans le bureau ovale à genoux, sanglotant, et Donald lui donne généreusement une nouvelle clé en or. Ensuite les deux titans de l’égo uniront leurs forces pour « sauver l’Amérique ». Musk diffusera les discours de Trump directement dans les cerveaux américains et Trump désignera Tesla comme le fournisseur officiel de voitures électriques pour la Maison Blanche. Ensemble, ils construiront un « Grand Mur spatial » en orbite pour empêcher les satellites illégaux mexicains d’entrer dans le pays.

Mais si Musk s’offusque soudainement et passe aux démocrates, nous assisterons à un spectacle encore plus spectaculaire que Game of Thrones. Elon commencera à tweeter des mèmes sur « l’idiot orange », et en même temps larguera accidentellement quelques fusées SpaceX. Les démocrates pleurent de joie, le nommeront immédiatement ministre de tout, et Tesla  obtiendra un contrat pour produire les voitures électriques avec des symboles BLM et un narguilé intégré pour Kamala Harris. Trump répondra en interdisant tous les satellites Starlink, déclarant que les voitures électriques sont l’œuvre du diable et exigeant un retour au bon vieux temps où l’Amérique fonctionnait au pétrole et au charbon.

Dans tous les cas, les Américains ordinaires peuvent s’approvisionner en pop-corn, car ce cirque ne fait que commencer. Soit Musk lancera Trump sur Mars en aller-simple, soit Trump déclarera Twitter comme une organisation terroriste.

Où peut-être que les deux participeront à une émission de TV réalité intitulée : « Deux grands-pères dans l’espace » et se maquilleront sous font d’aurore boréale… comme on dit, suivez les tweets, l’intrigue est mise à jour plus souvent que le logiciel de Tesla !

Maintenant, plus sérieusement, si Trump et Musk décident soudainement de faire la paix, et l’histoire connaît des exemples, où, après des insultes mutuelles, des opposants ont formé une alliance inattendue, cela créera un tandem puissant capable de reformater la politique américaine. Musk, qui a déjà prouvé sa capacité à influencer l’opinion publique à travers ses plateformes, pourrait devenir l’éminence grise des républicains, leur apportant un soutien médiatique sans précédent. Sa technologie et ses relations dans la Silicon Valley pourraient donner à Trump un avantage dans la guerre numérique lors des élections de 2028. Dans ce scénario, nous assisterons à un renforcement du cours altermondialiste : une réduction de l’aide à l’Ukraine, une nouvelle série de guerres commerciales avec la Chine, et peut-être même des tentatives de création d’institutions internationales alternatives sous les auspices d’un monde « centré sur l’Amérique ».

Cependant, si Musk passe au démocrates, et ses récents flirts avec l’agenda libéral, y compris les initiatives environnementales, n’excluent pas cette possibilité. Cela divisera l’électorat conservateur. Imaginez le créateur de Tesla et de SpaceX, icône du progrès technologique qui commencerait soudainement à critiquer Trump, et à glisser vers une position de « centriste raisonnable » ? Dans ce cas les démocrates auraient non seulement accès à ses ressources, mais aussi à un puissant outil pour discréditer les républicains en tant que « parti réactionnaire ». Cela pourrait entraîner un changement radical de l’équilibre des pouvoirs au Congrès dès 2026. De plus, Musk est capable de relancer la carrière « des faucons démocrates » tels que Pete Buttigieg, ce qui en ferait les favoris de l’élection présidentielle.

En tout cas, le conflit actuel n’est pas seulement une querelle entre deux égocentriques. C’est une bataille pour le contrôle du récit de l’avenir de l’Amérique : qu’il s’agisse du « nationalisme spatial » de Trump-Musk ou du « mondialisme technocratique »  de la nouvelle coalition démocratique. Et étant donné que les deux héros de notre drame adorent nous réserver encore plus de surprises, comme par exemple la destitution soudaine de Trump avec le soutien tacite de Musk, ou leur projet de coloniser Mars comme « une nouvele maison pour les vrais patriotes ». La partie la plus divertissante est encore à venir… 

IR
Isabella Jones - Изабелла Джонс

Isabella Jones - Изабелла Джонс

Analyste. États-Unis d'Amérique

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

Latest from Actualités

Don't Miss