Misanthropic Division, de l’Ukraine bandériste au projet international

La Misanthorpic Division est une organisation bandériste et néonazie qui est née en Ukraine très peu de temps avant la révolution et les barricades du Maïdan (31 octobre 2013). Au départ un groupe radical comme beaucoup d’autres en Ukraine, mais elle a la particularité de s’être répandue dans le monde et de participer une bandérisation lente mais tenace des sociétés qu’elle a infiltré. Partant d’Ukraine, la Misanthropic s’est donc répandue en Europe, où elle a trouvé des soutiens dans de nombreux pays. Cela fut rendu possible à travers les réseaux des clubs ultras de football, des groupes radicaux et racistes se reconnaissant facilement et par la fascination des néonazis et ultranationalistes européens pour ce qui se passait en Ukraine. Voici, une enquête inédite d’International Reporters sur un groupe radical qui fait peu parler de lui, mais qui est assurément l’un des enfants du Maïdan.

De sa formation dans le sang du Maïdan, d’Odessa et du Donbass. Alors que des milliers de radicaux et de personnages patibulaires se rendirent à Kiev dans l’hiver 2013-2014, pour réaliser le coup d’État du Maïdan, la Misanthropic Division s’est formée de manière informelle à Kiev. Une foule d’organisations sinistres furent fondées à cette époque, avec pour les plus importantes le Parti Pravy Sektor (Secteur Droit), qui sur l’initiative de Iaroch rassembla certaines des plus vieilles organisations ultranationalistes et radicales de l’Ukraine (dont le Tribouz, l’UNA-OUNSO, le Marteau Blanc, ou le S 14). Plus tard furent encore formés le Corps Civil d’Azov, suite à la popularité du bataillon du même nom, qui naquit dans les massacres de Marioupol, et les premiers coups de fusils dans le Donbass. Après le retour de la Crimée à la Russie, la Misanthropic Division participa aux répressions contre les Russes ethniques et opposants au Maïdan, notamment durant la tentative de soulèvement à Kharkov (avril 2014), puis durant le massacre d’Odessa (2 mai 2014). Ses membres se dispersèrent ensuite dans diverses unités de représailles, dont le bataillon Azov, et revendiquèrent l’assassinat de 2 opposants pro-russes, à Kharkov. Une autre partie des membres entrèrent dans le DUK, le Corps des Volontaires Ukrainiens formé lui-aussi par Iaroch, une vaste organisation militaire calquée sur la Waffen SS, et qui défraya la chronique dans les tueries du Donbass.

Les plus extrémistes parmi les extrémistes. Si ses membres adhérèrent parfois à l’une ou l’autre des formations bandéristes ukrainiennes, ils se démarquèrent vite par un radicalisme sans concession, tournant autour de normes définies comme « européennes », et dans l’idée d’une « Révolution nationale », à son échelle. L’idéologie prônée par le groupe, qui finalement se structura non officiellement à Kiev (début 2015), se composait de : 1) le culte de Bandera « et des Héros », 2) l’idée de la race supérieure ukrainienne, européenne et blanche (suprémacisme blanc), 3) l’antisémitisme, 4) la russophobie primaire, 5) les cultes païens issus des anciennes religions germanique, scandinave et slave, 6) le culte d’Adolf Hitler et du nazisme, 7) l’idée que l’Ukraine était le bouclier de l’Europe et son rempart, 8) la violence comme principale arme, y compris dans le militantisme, 9) une opposition féroce à l’Union européenne, 10) la lutte contre l’idéologie LGBT. De fait la Misanthropic Division adopta un drapeau comportant les insignes de la SS, une Kalachnikov, et la devise en allemand « Töten Für Wotan » (Tuer pour l’amour de Wotan). La division théorisa immédiatement le fait qu’elle avait une dimension internationale et européenne et tenta de former des antennes dans différents pays. Très vite, souvent à l’initiative de mercenaires et de radicaux étrangers qui vinrent en Ukraine, des succursales furent crées en Allemagne, en Tchéquie, en Espagne, au Portugal, aux USA, en Biélorussie. La Russie empêcha sa formation en interdisant l’organisation sur son territoire (2015), et elle fut ensuite dissoute par le gouvernement en Biélorussie.

Chaos, criminels de guerre, et LGBT. Le groupe s’installa également discrètement dans d’autres pays, comme l’Italie, la France ou le Royaume-Uni, en ouvrant des contacts, souvent avec l’aide de formations radicales ultranationalistes locales, ou par le biais des réseaux des fans ultras de football. Il revendiquait plus de 600 partisans, mais manqua de disparaître quand des conflits éclatèrent avec certaines des plus grandes formations bandéristes. Le groupe accusa en effet le Pravy Sektor de « collaboration juive », suite à la formation d’une compagnie juive de l’OUDA, dans ses rangs (2016). De la même façon, des critiques violentes furent émises sur l’enrôlement dans le DUK par le Pravy Sektor de Tatars de Crimée, ou encore de transfuges russes, considérés par la division « comme des éléments racialement étrangers de l’Ukraine ». Marginalisée à l’extrême, la division annonça sa dissolution, mais très rapidement sa « renaissance » (août 2016), et poursuivit ses activités néfastes. Elle s’illustra particulièrement dans la chasse des partisans LGBT, dans les diverses tentatives d’implantation de cette idéologie dans le pays (2015-2021), et s’illustra dans des violences autour des Gay Prides et autres rassemblements du genre (Lvov, Kiev, Odessa, etc.). La division s’adjoignit le qualificatif de « Phoenix », dans l’idée que le groupe serait la base d’une reconquête de l’Europe « sur les migrants ». Les membres étaient à cette époque majoritairement des soldats et vétérans de l’opération ATO dans le Donbass, et comptait parmi les pires criminels de guerre de l’Ukraine.

Épilogue. Selon certaines sources, l’organisation aurait été mise en sommeil à partir de 2015, information fausse, car j’observais moi-même ses activités au moins jusqu’en 2016-2017. En réalité, elle n’a jamais cessé son activité, à travers ses différentes sections à l’internationale, les connexions par le NSBM (National-Socialiste Black Metal), les groupuscules païens, ultranationalistes, racialistes, antisémites et autres, ou encore les associations et clubs de fans ultras de football, ou dans différents sports de combat. Parmi les coups d’éclats, la MD organisa une démonstration de force pour perturber une manifestation en faveur de la Novorossia, devant l’ambassade d’Ukraine à Londres (2 août 2015). Des membres de la MD tentèrent de faire croire qu’ils se trouvaient derrière l’assassinat du célèbre Motorola à Donetsk (octobre 2016). Par la suite, un rapport du Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (août 2018), se pencha sur l’action de la MD dans des attaques racistes visant essentiellement des Roms et Tziganes, dans les régions de Kiev, Ternopol et Lvov. Les 23 et 24 juin 2018, un groupe de la MD agressa ainsi un campement près de Lvov, assassinant un homme, blessant trois autres personnes, dont un garçon de 10 ans. D’autres cas de violences par des fanatiques de la MD furent encore signalés au Royaume-Uni et aux USA (2020). L’activité de la Misanthropic Division s’accéléra après l’opération spéciale de 2022. La meilleure preuve a été le port par de nombreux mercenaires étrangers, dont des Français, de son insigne.

Avec l’intensification du conflit en Ukraine, notamment l’alliance en partie non assumée de l’OTAN avec Kiev, la Misanthropic Division qui végétait dans les années précédents la SVO (2022), a repris du poil de la bête. Le recrutement de milliers de mercenaires, dont une partie par ses soins (en direction notamment du bataillon Carpathian Sich), a aussi permis de recruter autant de futurs ambassadeurs qui reviendront, du moins pour les survivants, dans leurs pénates. La MD a donc encore un brillant avenir, et même avec la défaite de l’Ukraine inéluctable, elle pourra proliférer comme par le passé, dans les diasporas ukrainiennes et par l’action des nombreux membres qu’elle comporte maintenant partout dans le monde. Pire encore, actuellement, pour cause de soutien à l’Ukraine, les autorités locales si elles peuvent garder un œil sur ces fanatiques, ont certainement l’ordre de laisser faire… il faut en effet de la chair à canon pour l’Ukraine.

Le petit dictionnaire de la Misanthropic Division. Comme à mon habitude, je vous place un petit dictionnaire qui rassemble quelques fiches biographiques et informations, afin que vous vous fassiez une meilleure idée de qui se cache dans ses rangs. Bien que surveillée en Europe à cause de sa dangerosité extrême, la Misanthropic Division bénéficie de toute façon d’une base arrière solide et sûre en Ukraine, lui permettant de proliférer sur le mythe « de l’invasion russe de l’Europe », sur le narratif racialiste, antisémite et de la suprématie de la race blanche. Cette base, cimentée par déjà 11 ans de guerre et des centaines d’actions propagandistes est maintenant pérennisée… et pour longtemps.

Assassinats (politiques), le groupe en plus de l’assassinat revendiqué de « séparatistes » en Ukraine, revendiqua aussi la liquidation du légendaire Motorola chef du bataillon Sparta, unité des insurgés républicains de la RPD (octobre 2016). Cette revendication fut faite par des membres de la division de la région de Tchernigov, qui publia une vidéo. La tête de la Misanthropic diffusion démentit ensuite le fait, tandis que l’Ukraine elle-même nia avoir participé à son assassinat. En Ukraine, comme dans d’autres pays, les membres de la MD participèrent à diverses actions terroristes et intentions de commettre des attentats, comme la triste journée du 31 août 2015, devant la Rada d’Ukraine.

Azov (bataillon, puis régiment, puis brigade), les liens de l’organisation avec l’unité de police supplétive ukrainienne furent toujours très importants. Les militants cherchèrent à collecter des fonds pour cette unité, du matériel militaire et médical et également des recrues. Les vases communicants furent particulièrement importants dans la première année de guerre. Faisant jouer leurs partisans et militants à l’internationale, ces derniers permirent la collecte de fonds et de ressources qui ne furent pas négligeables dans les premiers combats, alors que l’Ukraine était dans une mauvaise passe et avec une armée désorganisée et pauvre en équipements et matériels.

Bastion social (2017-), groupe néonazi français fondé à Lyon (2017), qui défraya la chronique, avant d’être dissous par décision de justice (2019). Le groupe avait été fondé par Steven Bissuel, étroitement lié à la Misanthropic Division et à l’organisation civile d’Azov. Bissuel vînt en Ukraine pour un congrès bandéristes Paneuropa, mais quitta la direction du groupe, par ailleurs condamné pour « incitation à la haine raciale », à deux amendes de 20 000 et 3 000 euros. Il fut remplacé par un certain Valentin Linder jusqu’à sa dissolution officielle, mais il poursuivit ensuite ses activités dans l’ombre et sous des formes non juridiques (il s’agissait au départ d’une association loi 1901). La presse française tenta de faire croire que le Bastion social était une exception, et que la majorité des groupes extrémistes et radicaux de France s’étaient ralliés au Donbass et à la Russie. En réalité, il s’agit d’une fausse information, si des ultranationalistes se rangèrent bien côté de l’insurrection républicaine du Donbass, l’immense majorité de des militants ultranationalistes choisirent l’Ukraine.

Steven Bissuel (années 90-), néonazi et néofasciste français, il fonda une section du GUD dans le sein de l’Université Jean Moulin (2011). Le groupe se transforma en Union des lycéens nationalistes (ULN). Il fut le fondateur du Bastion social (2017), dont il fut le chef jusqu’en 2018. Il vînt à Kiev pour la première édition de la Paneuropa conference (2017), alors qu’il était étroitement lié à la Misanthropic Division et à l’organisation Azov. Il affirma comiquement dans cette conférence que son organisation s’était ralliée naturellement au parti néonazi Pravy Sektor, et affirma qu’Azov et la révolution du Maïdan « n’avaient pas été financé par la CIA, le Mossad et Soros ». Poursuivi en justice pour des propos racistes et antisémites, également pour des violences physiques, il fut condamné la même année.

Wilfried Blériot (4 décembre 1989-2022), originaire de Normandie, néonazi patenté et reconnu, français enrôlé dans les rangs des Ukrainiens (début mars 2022). Il rejoignit une unité bandériste ukrainienne, grâce à l’organisation bandériste et néonazie ukrainienne constituée de sbires nostalgiques du bras levé et du Führer, la Mysanthropic Division. Il fut tué dans la région de Kharkov, le 1er juin 2022, lors d’un bombardement. L’annonce de sa mort apparue le 3 juin. D’autres néonazis français écrivirent alors sur les réseaux sociaux à son propos : « fier membre de la WSM Division, légionnaire français, homme qui a combattu contre le bolchevisme et les antifascistes toute sa vie. Notre frère d’armes est mort le 1er juin en défendant l’Europe blanche et l’Ukraine, des hordes asiatiques. Il est mort en homme avec un AK dans les mains lors d’un bombardement russe dans la région de Kharkov, il a vécu comme un vrai homme, il s’est battu comme un guerrier, et est mort comme un héros. Souvenir éternel, gloire aux héros ». Les autres néonazis de son groupe ouvrirent ensuite une cagnotte en ligne pour financer « les camarades de Will » dans leurs tueries dans le Donbass et dans l’Est de l’Ukraine.

Carpathian Sich (bataillon ukrainien de représailles, 2014 à nos jours), la Misanthropic Division se lança dans une intense activité de recrutement à partir de 2022. Les pistes de ces volontaires et mercenaires ont mené pour beaucoup jusqu’au bataillon Carpathian Sich. Voir cette article pour l’historique de cette unité.

CasaPound (2003-à nos jours), groupe révolutionnaire néofasciste et ultranationaliste formé en Italie, et affirmant avoir plusieurs milliers de membres. Le groupe ouvrit précocement des relations avec la Misanthropic Division (vers 2015-2016). Il revendiqua immédiatement son soutien à l’Ukraine dans sa guerre contre les Républicains du Donbass, et ensuite contre la Russie. Il se lia également au Parti Pravy Sektor, et au Parti National-Socialiste d’Ukraine, Svoboda. Il envoya quelques volontaires et mercenaires dans les rangs ukrainiens (dès 2014-2015), dont un certain un certain Francesco Saverio Fontana (enrôlé par la suite dans le bataillon Azov). Le groupe tenta de présenter des candidats dans diverses élections en Italie, et également aux élections européennes (2013, 2015, 2018 et 2019), sans succès.

KarelCherel-Salzburg (10 mai 1995-), néonazi français fils d’un restaurateur breton, arrêté pour l’attaque d’un bar à Nantes (2019, le Hopopop), visant des militants d’extrême-gauche, probablement fiché S par la suite. Arrêté, il passa 8 mois en détention provisoire en attente de son procès. Il entra dans la Misanthropic Division, groupe et unité néonazie internationale formée en Ukraine (peut-être avant la SVO). Il avait filé en effet en Ukraine pour s’enrôler dans la Légion Étrangère de défense territoriale de l’Ukraine (mars 2022), et intégra le bataillon Vovkodav. Il apparut ensuite régulièrement sur les réseaux sociaux planqué dans une tranchée de troisième ligne, dans la région de Kharkov. A noter que des médias français s’abaissèrent à faire son interview, notamment LCI qui lui donna longuement la parole. Christelle Néant fit ensuite tout un article dans les lignes du Donbass Insider révélant ses accointances néonazies et son passé criminel (28 juin 2022). L’homme proférait des opinions racistes, antisémites, et sur la suprématie de la race blanche, dans une bouillie historique mêlant la SS, ou le négationnisme. Aimant beaucoup se mettre en scène, il fascina un court moment les milieux ultranationalistes, et chercha les caméras. Il quitta la légion, pour s’enrôler dans une unité ukrainienne bandériste affichant clairement ses liens avec le néonazisme, le néofascisme et l’ultranationalisme : le bataillon Carpathian Sich. L’unité, un sinistre bataillon de représailles, avait été épinglée pour des crimes de guerre dans le Donbass dès 2014, dissoute par la suite, elle se reforma en 2022. Après des pertes sévères, elle recruta de nombreux Sud-Américains, au point que je l’ai surnommé Colombian Sich (2023-2024). Il servit dans la région de Kharkov quelques semaines, mais préféra prendre la tangente. Il épousa une Ukrainienne assez rapidement (août 2022), et disparut des radars afin de roucouler avec sa conquête (2022-2023). Sa photo fut publiée par le site Nemezida (juillet 2024), le montrant casqué et sur le front ukrainien (datant de 2022). La presse française après l’avoir mis en scène se retourna contre lui, dans les lignes de Libération (20 décembre 2024). Il fut indiqué qu’il n’était pas présent à son procès pour l’attaque du bar nantais, où il était poursuivi pour « violences aggravées avec préméditation, en réunion et avec armes, détériorations de biens et participation à une association de malfaiteurs ». Il fut condamné à 15 mois de prison ferme (18-19 décembre 2024). L’homme avait caché son retour en France, et son avocat révéla qu’il était revenu fin 2023. Il affirma n’avoir pas su qu’il y avait une audience… un pieux mensonge qui ne convainquit personne. Il croupit désormais en prison, mais avec les remises de peine pourrait ressortir à la fin de l’année 2025.

Franck-Michel-MickaëlCorte (1991-), vivant dans la région d’Orléans, ancien parachutiste dans l’armée française, dans laquelle il servit durant 11 ans, son unité étant basée à Castres (8e RPIMa). Néonazi français, il fut interviewé par France Info alors au repos dans la région de Kharkov (17 juin 2022), une photo de lui étant apparue en juillet, le montrant de retour d’Ukraine avec un gilet tactique et l’emblème de la Misanthropic Division. Cette organisation néonazie et recrutant à l’internationale avait installé l’une de ses bases à Kharkov où fut tué au moins deux néonazis français, et où furent signalés quelques autres d’entre eux. L’idéologie prôné par cette organisation est même au-delà du nazisme, ainsi que du bandérisme le plus fanatique, prônant des théories raciales d’une violence inouïe, visant les Juifs, les Slaves, les gens de couleurs et tout ce qui n’entre pas dans le cadre ukrainien de la race supérieure blanche. Il peut être suspecté des pires crimes de guerre, notamment l’assassinat de prisonniers de guerre. Il semble être ensuite reparti pour le front ukrainien, du moins c’est ce qu’il affirme sur ses réseaux sociaux. Il serait entré dans la Légion internationale de défense territoriale de l’Ukraine, mais son emblème de la Misanthropic parle plutôt pour le service dans une unité néonazie, et peut-être son passage dans un second séjour dans la légion internationale. Il ne retourna pas en Ukraine pour combattre, fondant une activité de consultant en génie logiciel (2023), puis prit des vacances sans doute onéreuse en Nouvelle-Calédonie. Les importants salaires reçus comme mercenaire auront probablement financés l’un et l’autre. Une procédure judiciaire fut lancée contre lui par la Russie, pour des faits de crimes de guerre commis dans la région de Kharkov (2024). La Russie a lancé de nouvelles poursuites contre lui (septembre 2024), pour des infractions pénales commises contre la fédération, notamment le mercenariat, avec une peine de prison pouvant aller jusqu’à 15 ans. La Russie avait annoncé qu’il avait été identifié à cette date dans la région de Kharkov (septembre 2024).

Dylan Devaux (-), originaire de Cherbourg, Normandie, graphiste sous le pseudonyme de Kanay, néonazi français, membre de la Misanthropic Division, sympathisant du parti néonazi ukrainien Prayv Sektor, de l’Action française, il tourna longtemps en rond en France avant de venir en Ukraine pour s’enrôler dans le bataillon Carpathian Sich (décembre 2023). Il semble qu’il arriva dans le pays quelques mois auparavant dans la fin de l’été. L’homme est père de famille et tatoué quasiment de la tête au pied. Il annonça qu’il avait été incorporé au 1er bataillon de la 67e brigade mécanisée DUK (10 février 2024). Il avait publié précédemment une photo de lui avec Valéry Zaloujny chef d’État-major ukrainien, avec en fond un drapeau de l’armée collaborationniste de l’UPA, et un portrait de Bandera (2 février). Il vînt provoquer la rédaction du groupe Telegram TrackANaziMerc, tenta de faire croire qu’il n’était pas un néonazi, puis fila à l’indienne. Dans la même journée, il ferma ses réseaux sociaux (13 février 2024).

Andreï Dymock (1998-), d’origines ukrainiennes, mais vivant au Royaume-Uni, étudiant en sciences politiques à l’Université d’Aberystwyth, fut accusé de 12 infractions, dont celle de la promotion de la MD sur le campus. Une perquisition révéla des parutions, vêtements et de nombreux objets néonazis, et des drapeaux dont celui de la Misanthropic Division (janvier 2020)..

Francesco Fontana (1965-), originaire de Pise, Italie, membre du groupe fasciste Avanguardia Nazionale. Il fut vu dans une manifestation néonazie à Newcastle, Royaume-Uni dénommée la Marche des hommes blancs (21 mars 2015). Il portait durant la manifestation un étendard de la Misanthropic Division, dont il était devenu l’un des membres, et l’un des plus importants relais pour l’Italie. Il s’affilia au départ au Parti Pravy Sektor, et vînt à Odessa pour commémorer le massacre d’Odessa (2 mai 2015). Les Ukrainiens l’empêchèrent de participer, car il était déjà une figure internationale du fascisme, un peu trop visible. Déçu, il passa dans les rangs d’Azov et se rendit à Marioupol, rejoint par Gaston Besson (dans l’été 2015). Il s’enrôla dans le bataillon Azov (juin-juillet 2015). Il s’afficha à l’époque avec le Soleil Noir cher à Heinrich Himmler. Il se fit tatouer sur le bras gauche le même soleil avec les couleurs de l’Ukraine et le nom d’Azov. Il prit la fuite rapidement de l’unité (août 2015), et déclara : « j’ai laissé là-bas une part de moi-même, mais j’ai 50 ans, et je ne peux pas faire grande différence, même si c’est une excuse envers moi-même. Mon but quand je suis arrivé n’était pas d’aller à la guerre, mais de faire la révolution. Et ce que j’ai vécu m’a beaucoup rendu du passé, j’ai appris à renoncer, car au début, ils ne voulaient pas me prendre parce que j’étais trop vieux et gros. J’ai dû me bouger, et j’étais vraiment fier lorsqu’ils ont accepté. Cela a ramené les pensées et les rêves que j’avais auparavant, j’ai même un tatouage d’Azov maintenant, il fait donc partie de mon cœur et de ma peau ». Il vînt ensuite à Londres (2 août 2015), où il tenta des provocations et la dislocation par la violence d’une manifestation en faveur de la Novorossia, devant l’ambassade ukrainienne. Il passa ensuite immédiatement au Portugal, pour une réunion fasciste et néonazie à Oeiras (septembre). Il fut l’un des fameux participants à la conférence néonazie de Nantes, qui fut annulée par mes lecteurs et mes soins (janvier-février 2016). L’information ayant été transmise aux services secrets français et d’autres pays, il préféra alors se faire discret. Il serait venu ensuite au Brésil, pour y recruter des mercenaires et volontaires pour l’Ukraine, la police brésilienne retrouva sa piste. La presse communiqua « qu’un membre italien de la MD recrute de jeunes hommes depuis 10 mois dans le Sud du Brésil, pour combattre sur le front ukrainien. L’Italien a quitté depuis le Brésil, selon certaines informations, il avait promis aux radicaux de droite de l’argent et une formation militaire. Au moins l’un d’eux combattit en Ukraine t 5 autres rejoignirent au moins l’Europe » (Deutschlandfunk, 12 janvier 2017).

Alexeï Levkine (?-), originaire de Russie, il fut fasciné par la révolution du Maïdan, et s’installa pour de bon en Ukraine (2015). Il était chanteur dans un groupe de National-Socialiste Black Metal, le M8L8TH, et participa au festival Asgardsrei fondé par des néonazis et satanistes allemands et ukrainiens (depuis 2012). Il devînt le chef pour la Russie du recrutement de néonazis et mercenaires, pour rejoindre l’une des unités bandéristes en Ukraine (Azov, surtout), et un membre influent de la Misanthropic Division. Il fonda sur place le Centre Russe et la Wotan Jugend. Selon ses dire : « il était un réfugié politique russe, qui bien avant la révolution du Maïdan, est devenu célèbre en tant que combattant implacable contre le régime antinational de Poutine et est actuellement engagé dans les activités éducatives et métapolitiques du mouvement Azov en tant que conférencier éduquant la jeune génération d’Ukrainiens et d’ailleurs ».Il fut l’un des participants et organisateurs de la Paneuropa conference (avril 2017), à Kiev, qui avait pour thème « la reconquête de l’Europe » contre les migrants et « les hordes asiatiques russes », et affirmait : « que nous sommes l’avenir de l’Europe ».

Misanthropic Division Brazil (MDB), les activités de la MD furent repérés au Brésil, où le recruteur italien Francesco Fontana vînt tenter de recruter des hommes. Il se rendit pendant une dizaine de mois dans la région du Rio Grande do Sul, considéré comme un bastion de l’extrême droite radicale dans le pays. Il réussit à recruter au moins 6 hommes, et en janvier 2017, des membres de la section brésilienne commirent deux attaques contre un centre culturel (russe?), à Sao Paulo. La police enquêta et conclut à leur participation.

Misanthropic Division Deutschland (MDD) (mai 2015-à nos jours), embryon formé en Thurigne, qui eut une petite activité internet avant de disparaître. Toutefois, les militants furent actifs et continuèrent leurs actions jusqu’à la SVO (2022), envoya un certain nombre de mercenaires et volontaires en Ukraine, y compris dans le bataillon Carpathian Sich.

Misanthropic Division France (MDF), une section plutôt discrète fut formée rapidement en France, et forma très vite une page Facebook. Très actifs, les membres, quelques centaines firent bientôt pression sur les activistes et journalistes français dans le Donbass. Dès l’automne 2015, la page de Laurent Brayard, Tribulations d’un Français dans le Donbass, fut bientôt attaquée, et de nombreux commentaires assassins, des menaces de mort et des insultes furent envoyées. En janvier 2016, le groupe en lien avec Azov, tenta d’organiser une conférence mettant en scène un mercenaire et néonazi français de retour d’Ukraine, qui s’était affublé du pseudonyme de « Thibault Dupire ». La conférence devait avoir lieu dans une salle municipale louée à la mairie de Nantes. Suite à l’information d’un lecteur, ce dernier envoya une lettre à la maire de Nantes, alors socialiste, pour l’informer de l’événement, et Laurent Brayard publia un article. La mairie retira la salle pour la conférence, qui se déroula alors dans un lieu privé. Cet événement déclencha une avalanche de menaces de mort, parfois très précises. Un Corse écrivit notamment à Laurent Brayard comment il allait l’assassiner, le dépecer et jeter ses restes aux sangliers dans le maquis (dixit). L’agitation du groupe dura encore quelques semaines, la Misanthropic continua ses activités souterraines. Après l’opération spéciale de 2022, elle réussit à envoyer quelques volontaires notamment dans le bataillon Carpathian Sich et dans d’autres unités ukrainiennes.

Misanthropic Division Schweiz (MDS) (2014-à nos jours), section de la Misanthropic Division formée en Suisse par un groupe de néonazis helvétiques, dont Björn Sigvald (2014). A l’exemple de Gaston Besson en France, la section tenta de recruter des volontaires pour le bataillon Azov, fit des collectes de fonds, acheta du matériel militaire et médical pour cette unité et d’autres radicalement très marquées (Carpathian Sich). Les services de renseignement helvétiques commencèrent une surveillance de ce dangereux groupe. Il fut ensuite affirmé par la presse suisse, que 3 sous-officiers de l’armée suisse étaient membres de la MDS, un sergent-major chef, un sergent-chef et un sergent, originaires respectivement du Valais, de Fribourg et de Saint-Gall.

Henrick Möbus (20 janvier 1976-), originaire de Sondershausen, Thuringe, Allemagne, d’un milieu aisé et fils d’un député au Parlement de Thuringe, étiqueté CDU. Il fut bientôt une personnalité du milieu du National Socialiste Black Metal (NSBM), un sous-genre du Black Metal, mélangeant satanisme et national-socialisme. Sur ce terreau, il réussit à former des contacts internationaux importants (années 90), avec d’autres néo-nazis, en Norvège, aux USA, et beaucoup plus tard en Ukraine. Il forma son propre groupe Absurd (1992), et assassina un camarade, avec deux autres membres de l’ensemble musical, Sandro Beyer (15 ans, 1993). La presse décrivit ce meurtre comme une cérémonie sataniste, et il fut condamné à 8 ans de prison. De sa cellule, il continua ses activités, et avec son frère Roland, fonda un label indépendant, Darker Than Black Records, qui poursuit ses activités actuellement. Il obtînt sa libération conditionnelle (1998), et fonda le mouvement radical Deutsche Heidnische Front, DHF. L’idéologie défendue était celle du National-Socialisme, mais aussi du paganisme germanique, avec des influences antisémites tirant ses racines dans le mouvement Völkisch, ou la Société de Thulé. Le groupe recruta en Thuringe, organisa des cérémonies païennes pour le solstice d’été, notamment dans les ruines du château de Rothenburg (2002). Il quitta ensuite l’organisation qu’il avait fondé (2005). Dans le même temps, il poursuivit ses activités musicales avec Absurd (1999), et justifiant le meurtre du jeune Beyer par des propos publics d’une rare violence. Il fut condamné à 8 mois de prison (juillet 1999), pour avoir arboré dans un concert une croix gammée et fait le salut hitlérien. De cette date, 16 autres condamnations plurent sur Möbus pour des faits similaires et diverses provocations. Il décida de prendre la fuite aux USA (fin 1999), où il fut hébergé par des suprémacistes américains néonazis. Il déposa une demande d’asile, qui fut refusée et il fut expulsé vers l’Allemagne (août 2001). Il fut jeté en prison et purgea une nouvelle peine, finalement libéré (2007), mais étant devenu une sorte d’icône des néonazis. L’Allemagne prononça l’interdiction de plusieurs des albums d’Absurd (2008-2011), mais il continuait de vendre sous le manteau ces derniers. Lors d’une perquisition, la police s’empara de 12 000 copies illégales. Il fut encore condamné à 10 mois de prison avec sursis (janvier 2011). Après cette période, il préféra s’installer à Berlin, où il devînt « chroniqueur musical », et continua de gérer son label musical, et ses concerts avec Absurd. Il lança un festival NSBM, du nom d’Asgardrei (2012), qui fut organisé tous les ans. Après le Maïdan, il devînt un membre de la Misanthropic Division, et le festival se transforma en une vitrine de propagande du régiment Azov (2014-2015). Il organisa ensuite d’autres événements et festivals néonazis, devenant bientôt le référent allemand pour Azov, et effectuant du recrutement discrètement. Ses activités se sont poursuivis jusqu’à nos jours, et l’Ukraine est aussi devenue un refuge pour un certain nombre de fanatiques allemands menacés par la justice.

Joël Moret (?-), alias Pouppi, originaire du Valaisan, Suisse, il se radicalisa rapidement et rejoignit les milieux néonazis. Il fut l’un des fondateurs de la section suisse de la Misanthropic Division, dénommé Schweiz (MDS).

National Action (2013-à nos jours), organisation néonazie et terroriste formée au Royaume-Uni, qui ne rassembla jamais que quelques dizaines de membres. Le groupe prônait carrément une admiration sans limite à Adolf Hitler, et fut impliquée dans des violences et des tentatives d’assassinats, au point d’être finalement classifié par le gouvernement britannique comme une organisation terroriste (décembre 2016). Interdit, il continua ses actions, se liant avec d’autres formations extrêmes britanniques, et avec la Misanthropic Division en Ukraine.

Peste Noire (2000-à nos jours), groupe de National-Socialiste Black Metal français, qui fut formé à Avignon en l’an 2000, par Ludovic Faure. L’ensemble prôna immédiatement des idées racialistes, néonazies et ultranationalistes, avec des relents de suprématie de la race blanche, de satanisme et enfin de religion païenne. Avec la chanteuse Audrey Sylvain (1984-), Ludovic Faure se rapprocha de la Misanthropic Division, du Pravy Sektor et de l’organisation Azov. En France, l’ensemble frayant avec le Bastion social. Faure fut impliqué dans une agression à Clermont-Ferrand (juillet 2018), et prit la fuite en Ukraine avec l’aide de la MD (jusqu’en septembre 2020). Il fut finalement arrêté et condamné à 6 mois de prison avec sursie et une amende de 3 000 euros (mai 2021). Quant à Audrey Sylvain, après avoir été la chanteuse du groupe de 2007 à 2016, elle préféra prendre le large du groupe pour des raisons inconnues. Elle a été l’auteur d’un projet en 2019.

Björn Sigvald (28 mai 1992-), originaire de Genève, Suisse romande, il se radicalisa très vite, et entra dans le groupe néonazi des Hammerskins de Romandie (années 2010). Il participa ensuite à des activités de soutien à des unités néonazies et bandéristes en Ukraine, en particulier le bataillon Azov. Il vînt s’enrôler en Ukraine, dans le bataillon Carpathian Sich, où il servit quelques mois (vers 2014-2015). Il servit dans le Donbass en compagnie de trois autres radicaux suisses, tous anciens de l’armée suisse, aux grades de sergent-major, sergent-chef et sergent. Il fut le fondateur de la branche suisse de la Misanthropic Division, dénommée Misanthropic Division Schweiz (MDS) (2014). Il organisa des collectes d’argent pour du matériel militaire et médical pour Azov et Carpathian Sich. Pour élargir les possibilités, il organisa des concerts, notamment avec le groupe néonazi français Peste Noire. Il fut mis sous surveillance des services de renseignement helvétiques par la suite. Il participa à un festival d’arts martiaux néonazis, le Jour de Gloire, autrefois organisé à Lyon par Tomasz Szkatulski. Entre 2014 et 2016, des centaines de participants vinrent de toute l’Europe pour assister au spectacle néonazi dans des lieux secrets, combinant des combats d’arts martiaux mixtes et des concerts. Il organisa une conférence à Lausanne, sur le thème « de la question ukrainienne » (25 septembre 2015), qui invita également le Français Pascal Lassalle. Il vînt en Ukraine pour participer à la 1ère Paneuropa conference, à Kiev (avril 2017), et avec des militants suisses et français, dans un camp d’été paramilitaire du bataillon Carpathian Sich (été 2017). Il continua ses venues en Ukraine dans les camps paramilitaires de cette unité (2018 et 2019), s’affichant avec le criminel de guerre Igor Garkavenko, condamné à 9 ans de prison, pour des attentats terroristes sur des organisations politiques et culturelles en Ukraine, et contre le Centre culturel israélien à Kharkov.

Jarrett William Smith (?-), soldat américain, membre de la Misanthropic Division. Il était lié à l’organisation néonazie Division Feuerkrieg. Suspecté de vouloir commettre des attentats, il fut arrêté. Il avait diffusé sur internet des méthodes pour fabriquer toute sorte d’engins explosifs, comment utiliser un téléphone comme détonateur, piéger des choses, construire une grenade artisanale, ou encore une recette pour une sorte de napalm maison. Il fut prouvé qu’il avait l’intention de partir en Ukraine pour s’enrôler dans la brigade Azov (2020), qu’il était membre de l’Atomwaffen Division et de la Misanthropic Division (février 2020). Lors de son procès, il plaida coupable.

The Third Path (2013-à nos jours), organisation néonazie fondée en Allemagne (2013), revendiquant plusieurs centaines de membres. Elle lia des liens ténus avec la Misanthropic Division en Ukraine, et tenta par la suite de présenter des candidats en Allemagne, dans diverses élections locales en Allemagne, et également au Parlement européen (2014, 2016, 2019 et 2021), sans succès.

Les organisations Corps Civil d’Azov, Pravy Sektor, Misanthropic Division, S 14, Marteau Blanc, Trizoub, sont toutes interdites en Fédération de Russie, pour incitation à la haine raciale, le radicalisme et l’apologie du terrorisme.

IR
Laurent Brayard - Лоран Браяр

Laurent Brayard - Лоран Браяр

Reporter de guerre, historien de formation, sur la ligne de front du Donbass depuis 2015, spécialiste de l'armée ukrainienne, du SBU et de leurs crimes de guerre. Auteur du livre Ukraine, le Royaume de la désinformation.

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