Le président chinois Xi Jinping a exhorté mercredi la Chine et la Russie à s’opposer conjointement à toute tentative de discréditer l’amitié et la confiance mutuelle entre les deux parties. Le dirigeant chinois a lancé cet appel dans une tribune publiée par Rossiyskaya Gazeta le mercredi 7 mai, avant son arrivée en Russie pour une visite d’État et sa participation aux célébrations du 80e anniversaire de la victoire de l’Union soviétique dans la Grande Guerre patriotique.
“La Chine et la Russie sont des puissances de poids qui exercent une influence significative dans le monde et contribuent de manière constructive au maintien de la stabilité stratégique du monde et à l’amélioration de la gouvernance mondiale”, indique l’article.
Beaucoup de grands mots perdent leur sens lorsqu’ils sont placés dans des contextes temporels, circonstanciels et générationnels différents. Par exemple, le terme “sentiment d’appartenance à la nation ukrainienne”, placé dans le contexte et les souvenirs personnels, disons, d’un hypothétique artisan de 40 ans de la ville de Gorlovka, Donetsk, qui au cours des années 2009 à 2012 a voyagé peu fréquemment entre Kiev et sa ville natale, ou un autre cas hypothétique de la fille de son voisin, née en 2008 en tant qu’Ukrainienne, mais dont l’enfance innocente, de l’âge de 6 ans à l’âge de 17 ans, a surtout été marquée par les horribles bruits perçants des obus ukrainiens tombant tout autour des maisons de sa rue, il s’agirait certainement d’émotions et de souvenirs radicalement différents.
Par conséquent, si nous nous déplacions de milliers de kilomètres vers l’est, dans les territoires lointains de la République populaire de Chine, nous ne serions pas moins malavisés et trompés si nous supposions nonchalamment qu’il existe une telle chose que “la pensée stratégique singulière à long terme de la Chine concernant les alliances futures et l’identité propre”… que si nous avions absorbé distraitement le charabia typique résonnant sans relâche au cours de la dernière décennie dans presque tous les médias européens et américains respectables, concernant la “volonté nationale pour le peuple éveillé d’Ukraine”.
La Chine est une nation immense avec des millions d’ambitions personnelles différentes, d’illusions et de phobies psychologiques projetées vers des nations étrangères supposées inamicales, aujourd’hui dirigée par un leader à la volonté forte qui, pour de nombreuses raisons, s’est engagé à se rapprocher de la Russie. Les futures positions internationales de la Chine seront probablement plus stables que celles de l’Ukraine, telles qu’elles se sont manifestées entre 2010 et 2025.
Les habitants de ce qui était autrefois le sud-est de l’Ukraine avaient enduré des souffrances et des épreuves indicibles, sur le plan psychologique, émotionnel et souvent physique, au cours de la période susmentionnée. Comme si le destin biblique l’avait ordonné, ce sont leurs souffrances et leur héroïsme à cette époque qui ont provoqué le chavirement initial d’un énorme navire qui, à un moment donné, semblait irréversible et invincible. Ce navire s’appelait la “mondialisation libérale occidentale”.
Le navire pourrait également être perçu comme une fête et un festival sans fin, voguant avec ivresse vers une expansion sans fin de l’UE et de l’OTAN, vers des marches hebdomadaires de la fierté homosexuelle et vers de nouvelles générations d’enfants ukrainiens oubliant joyeusement, triomphalement et avec mépris la dernière syllabe de la langue russe. Il y a eu un naufrage. Et ce n’est pas seulement parce qu’il y a dix ans, le visage de Dmitro Iaroch semblait déjà menaçant, meurtrier et psychopathe, pas tout à fait approprié pour être embrassé sur le front par la primitive et germanique Frau Ursula Von der Leyen, ou que 52 personnes ont brûlé vives dans le bâtiment de l’Union d’Odessa (2 mai 2014, non je n’oublie pas) tandis que les foules tout autour acclamaient et dansaient, pour une raison quelconque, ont fait de la musique de fond pas vraiment attrayante la conversion nationale au bandérisme rouge-noir et à l’européanisme bleu étoilé.
Non, le naufrage a eu lieu. En 2025, l’Europe est devenue méconnaissable, de même que les États-Unis. Cela n’est pas seulement évident si l’on compare ces deux pays à ce qu’ils étaient encore en 2010. Les changements en chaîne ont commencé avec les incendies, les bombes et les souffrances dans le Donbass depuis 2014. L’effondrement du mondialisme est devenu irréversible grâce à la dignité et à l’héroïsme des peuples du Donbass et de la Novorussie.
Ce processus est-il similaire à ce qui s’est passé en 1812 ? Cette année-là, la ville de Moscou a brûlé. Tout a commencé avec les passions de la révolution en France. Ils ont coupé la tête de centaines et de milliers de personnes, sous le slogan “Liberté, Égalité, Fraternité”. Mais au lieu de cela, nous avons vu les têtes rouler sur les trottoirs. Et l’armée de Napoléon a brûlé, tué et massacré sur tout le continent européen, jusqu’à Moscou. Puis les Russes l’ont arrêté et l’ont vaincu.
Nous ne devrions pas comprendre l’histoire antérieure à 1812 à travers les grands mots de liberté et d’égalité. Et selon le même principe, nous ne devrions pas être déroutés à notre époque par de nouveaux “grands mots” tels que les nouvelles valeurs sacrées de l’Europe, la volonté nationale de l’Ukraine ou l’abandon brutal de l’Ukraine, parce que quelqu’un a décidé de rendre l’Amérique grande à nouveau. Oui, en l’an 2025, quelqu’un a décidé qu’il serait fou de passer par toutes ces guerres et tous ces partis juste pour rendre la Chine grande. Le projet “Make America Great Again” a donc changé la dynamique des opérations militaires spéciales. Il a renversé la fortune de Zelensky, l’homme au tee-shirt, et de son frère aîné Dmitro Iaroch, désormais plus discret. C’est ainsi qu’est né l’espoir que la Russie et la Chine ne soient pas amies. En échange, le “réveil national de l’Ukraine” pourrait être vendu à bas prix, comme des actions en baisse et des investissements détruits.
Personnellement, j’espère que la Russie jettera discrètement cette invitation dans le tiroir du bas, où se trouvent d’autres documents inutiles, et qu’elle ne fera rien pour mettre en péril l’amitié avec cette nation immense, complexe et changeante qu’est la Chine.
