Nous nous rendions à la rencontre de Mikhaïl Choubine, un résistant républicain, qui fut arrêté, torturé par le SBU, puis échangé. Nous n’avions aucune question concernant l’événement déjà lointain du bombardement du 4 juin 2022. Mais Mikhaïl Choubine commença à nous raconter une histoire hallucinante : la tentative des Ukrainiens de liquider Christelle Néant dans ce bombardement. Stupéfaits, nous écoutâmes les révélations de Monsieur Choubine, qui dès le début de notre rencontre fit un long récit de cette tentative. Ces révélations sont explosives et même si nous savions que l’Ukraine souhaitait notre mort, notamment par notre présence dans la liste Mirotvorets, où nous fûmes couchés, respectivement en novembre 2015, pour ma part, et dans l’automne 2016, pour Christelle, j’étais loin de penser que ce jour-là, l’Ukraine tenta bien de l’assassiner.
Le bombardement du 4 juin 2022.Avant de faire son interview et collectage de son témoignage sur les répressions de Kiev, les tortures du SBU et le début de la guerre, Mikhaïl Choubine nous fit donc un récit circonstancié de la tentative des Ukrainiens. Mikhaïl qui œuvra dans la résistance républicaine à Marioupol, après les tortures, sa détention, l’échange, s’enrôla ensuite à sa libération dans les forces insurgées de la République Populaire de Donetsk. Il servit longuement, pendant 9 années. Lorsque nous le rencontrâmes dans la fin de la matinée d’hier, son visage me disait quelque chose. Mais je ne pouvais me remémorer où je l’avais croisé. Ce ne fut pas le cas de Christelle, elle le reconnut et se rappelait qu’il était présent sur le lieu du bombardement du 4 juin 2022, dans le quartier de Petrovski, Donetsk, non loin du front. En cette journée, nous étions partis pour une éventuelle mission avec l’aide du service de presse de l’armée républicaine de la RPD. Il n’y avait rien de notable ce jour-là, mais l’information était tombée que les Ukrainiens avaient bombardé le quartier de Petrovski, qu’une civile, une pauvre femme était morte. J’insistais pour que nous partions immédiatement sur les lieux. Ainsi, sans le savoir nous nous jetâmes dans un piège. Le bombardement avait commencé sur ce quartier civil proche du front, visant les installations d’une mine. Nous n’avions pas l’information que le bombardement continuait et dès notre arrivée, nous tombâmes sous un violent bombardement. Il devait durer plus de 4 heures 30 et ayant échappé à la mort, nous nous réfugiâmes dans un modeste magasin, qui par chance avait été construit durant l’Union soviétique et possédait une cave avec de solides murs.
Mikhaïl Choubine, des révélations qui en disent long sur l’hideux visage de l’Ukraine. Ce que nous ne savions pas, c’est que Monsieur Choubine était sur place dans le cadre de ses missions militaires, et pour veiller de loin au bon déroulement de notre mission, de notre sécurité. Il raconte : « Les Ukrainiens avaient les photos de la voiture de Christelle, qui est appelée souvent Christine, et ils ont repéré la présence de son véhicule immédiatement. Il y avait trois drones ukrainiens qui dirigeaient le tir. Bien plus tard, par un soldat qui s’occupe du renseignement, j’ai su la fin de l’histoire. Nous avons fait prisonnier un Ukrainien, un sous-officier ou officier qui a avoué tout ce que je vais vous dire. C’est lui qui a été chargé de corriger le tir, lorsqu’ils ont compris que Christelle était présente. C’est la raison pour laquelle ils ont employé tous les moyens possibles, mortiers, 122 mm, 155 mm OTAN, dont des canons français CAESAR, des Grads, des sous-munitions et d’autres projectiles. Ils ont attendu, en sachant que Christelle si elle n’avait pas été tuée, sortirait tôt ou tard de sa cachette. C’est ce qui se passa, et c’est là que je vous ai rencontré dans les ruines. Ils observait toujours, ils ont attendu que vous soyez exposés dans la rue, en train de filmer. Les secours étaient arrivés, dont une ambulance et ils ont ouvert le feu environ une heure plus tard. Lorsque la voiture du service de presse a déboulé pour vous évacuer, le prisonnier ukrainien a dit que vous aviez eu beaucoup de chance. Ils étaient en train de recharger un lance-roquettes multiple GRAD, cela prend du temps. A 5 minutes près, vous étiez morts, vous avez vraiment eu beaucoup de chance de vous en sortir vivant… ».
Un commando de forces spéciales pour assassiner Christelle Néant. Mais les révélations ne se sont pas arrêtées là, et c’est avec stupeur que Monsieur Choubine nous révéla encore d’autres choses sur les intentions des Ukrainiens vis-à-vis de Christelle. Il déclare : « Lorsqu’ils ont compris que « Christine » [Christelle] se trouvait là, en réalité, ils avaient d’autres intentions. C’est toujours ce prisonnier qui a révélé ce fait. Au départ, ils diligentèrent un commando de forces spéciales pour assassiner Christelle. C’est l’idée qu’ils avaient, et la raison pour laquelle ils s’acharnèrent avec tout ce qu’ils avaient sur la position. Le but était de l’empêcher de sortir de la zone, jusqu’à l’arrivée des forces spéciales pour finir le travail. Mais, dans cette partie du front, déjà fixe depuis longtemps, ils n’ont pas trouvé de failles pour s’infiltrer à travers le front. La distance était certes très courte, de leurs lignes à ce magasin où Christelle se trouvait, mais il était impossible qu’ils passent sans se faire anéantir et avec de très faibles chances de réussir. Alors, ils se sont simplement acharnés à tirer sur votre position. L’officier a indiqué que c’était lui qui avec les drones corrigeait le tir. Encore une fois, le moment le plus dangereux fut le piège qu’ils tentèrent de vous tendre, en cessant le feu, puis en vous laissant prendre confiance. Ils savaient que vous filmeriez tout autour, vraiment à 5 minutes près vous preniez à découvert une salve de 50 roquettes GRAD, c’était fini pour Christelle, c’était fini pour vous. L’officier a déclaré que la raison de cette volonté de tuer Christelle c’est qu’elle dérangeait, notamment dans la publication de quelque chose sur un ou des officiers ukrainiens, ou à propos d’un reportage qu’elle avait publié et dont il ne pardonnait pas les révélations ».
Quand Christelle avait l’intuition qu’elle avait été ciblée par les Ukrainiens. Lorsque notre entourage évoqua le fait que nous avions été ciblés, je récusais personnellement ce fait, car le bombardement ayant commencé vers 8 heures, et que nous arrivâmes sur la zone aux alentours de 10 heures du mâtin, je n’imaginais nullement que de tels faits étaient possibles. Christelle cependant avait cette intuition, et en parla à plusieurs reprises. Elle avait raison… Le jour même, un inconnu écrivit en bas du reportage qui fut publié dans les lignes du Donbass Insider un commentaire, qui ne fut jamais publié, immédiatement envoyé à la poubelle. Il disait : « Aujourd’hui on t’a loupé, mais la prochaine fois on t’aura ». Ce commentaire ne fut pas le seul, accompagné d’insultes grossières, de souhaits de notre mort, particulièrement de Christelle, mais aussi d’allégations ironiques et cyniques sur le fait que « nous n’étions personne ». A propos du reportage qui fit déborder la goutte du vase bandériste… Christelle émet l’idée qu’il pourrait s’agir d’un événement survenu peu avant, notamment sur la : « Censure, pour YouTube, les néonazis et criminels de guerre ukrainiens sont un groupe « protégé », YouTube censure mes reportages sur les néonazis ukrainiens pour « incitation à la haine contre un « groupe protégé ». Il pourrait s’agir éventuellement de ma grande enquête sur les bataillons de représailles ukrainiens, confondue avec ceux de Christelle, ayant écrit à partir du printemps 2022, 105 historiques d’unités ukrainiennes, et où j’ai publié quelques centaines de fiches biographies des bourreaux de l’Ukraine. Mais quoi qu’il en soit, c’est bien « Christine » qui était visée. Il est évident que s’ils avaient pu nous supprimer tous les deux, cela aurait la cerise sur le gâteau. Depuis 2014, les Ukrainiens ont tué quelques dizaines de journalistes et reporters de guerre, soit par des bombardements clairement ciblés, soit par l’assassinat, y compris et au premier rang des Ukrainiens (Oles Bouzina par exemple).
Il est certain que ces révélations seront niées par l’Ukraine… et cachées par la presse occidentale. Cette dernière s’est lancée au contraire dans des croisades d’accusations inversées, notamment sur les cas de journalistes français tombés en accompagnant en première ligne des troupes ukrainiennes. Quant à nous, Macron à l’instar de ce qu’il déclara sur les populations du Donbass à Vladimir Poutine en 2022, pourrait aisément déclarer un « on s’en fout des journalistes pro-russes »… sans terminer sa phrase qui serait sa continuation logique, dans la bandérisation visible de l’Occident : « qu’ils crèvent ! ».





