Côte d’Ivoire : Le Front Commun PPA‑CI – PDCI‑RDA exige de nouvelles élections après un scrutin controversé

29 octobre 2025 10:38

La Côte d’Ivoire traverse une crise politique profonde après l’élection présidentielle du 25 octobre 2025. Le Front Commun a publié, le 26 octobre, une déclaration conjointe exigeant la tenue immédiate de nouvelles élections. Selon lui, le scrutin a été un « coup d’État civil » et une « confiscation du pouvoir par la force ».

Résultat provisoire officiel

Selon les résultats provisoires diffusés par la Commission Électorale Indépendante (CEI), Alassane Ouattara est provisoirement élu au 1er tour avec 89,77 % des suffrages exprimés.

Contexte politique et historique

La Côte d’Ivoire, pays d’environ 28 millions d’habitants en Afrique de l’Ouest, est gouvernée depuis 2011 par Alassane Ouattara. La Constitution ivoirienne prévoit normalement deux mandats présidentiels. Mais un réaménagement controversé a permis à Ouattara de briguer un quatrième mandat, ce qui suscite l’ire de l’opposition. Le Front Commun regroupe deux anciens grands partis : le Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA‑CI) de l’ex-président Laurent Gbagbo, et le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire – Rassemblement Démocratique Africain (PDCI‑RDA), parti historique. Ces deux partis estiment que l’accès au pouvoir est verrouillé et que l’élection ne sera pas libre.

Avant l’élection : tensions et préparation

La campagne électorale fut marquée par une polarisation extrême. Le Front Commun a appelé au boycott, dénonçant :

  • l’exclusion de candidats importants,
  • la manipulation des listes électorales,
  • un climat de peur et de répression.

Dans la région du Haut-Sassandra (ouest du pays), des incidents ont été signalés. Des militants ont tenté d’empêcher l’acheminement du matériel électoral vers certains villages : sur 15 villages concernés, 4 n’ont pu recevoir le matériel à temps. Des chefs traditionnels et autorités administratives ont mené des médiations pour éviter l’escalade.

Le jour du scrutin : déroulement et participation

Le 25 octobre, le vote s’est déroulé dans un climat de forte sécurité. Le taux de participation national se situait autour de 46 % à 50 % — faible dans les standards ivoiriens. Des zones urbaines, notamment à Abidjan, ont enregistré un afflux très limité d’électeurs.

Après l’élection : violences et bilan humain

À la suite du scrutin, des violences ont éclaté dans plusieurs localités. Le Front Commun dénonce :

  • À Grand-Nahio (Haut-Sassandra) : attaque d’une milice proche du pouvoir ; bilan : 3 morts et 29 blessés.
  • À Niamayo (même région) : représailles contre des populations ayant refusé de voter ; bilan : 4 morts, 67 blessés graves, et 5 maisons incendiées.
  • À Toumodi (Didakouadioblé) : usage de gaz lacrymogènes contre des habitants pour avoir refusé de participer au scrutin.
  • Un enfant de 13 ans, N’Guessan Kouadio Richard, aurait été tué par balle alors qu’il n’était mêlé à aucune manifestation.

Le Front Commun accuse Alassane Ouattara d’être responsable politiquement et moralement de ce climat, notamment après des propos de campagne où il aurait décrit ses opposants comme des « chiens », ce qui, selon eux, légitime les violences.

Exigences du Front Commun

Face à ces événements, le Front Commun réclame clairement :

  • l’organisation immédiate de nouvelles élections crédibles, transparentes, inclusives et strictement conformes à la Constitution.
  • la libération de tous les manifestants arrêtés arbitrairement.
  • des enquêtes et poursuites contre les responsables des violences et exactions.
    Il qualifie les victimes de « martyrs de la démocratie » et maintient le mot-d’ordre de marches quotidiennes jusqu’au rétablissement de l’ordre constitutionnel.

Perspectives et enjeux

Cette crise met en lumière la fragilité de la démocratie ivoirienne. La polarisation entre le pouvoir et l’opposition est extrême, l’élection est largement rejetée par une partie de la population, et les résultats massifs et contestés (89,77 %) renforcent les doutes sur la légitimité du scrutin. Pour les observateurs internationaux, la situation pose un dilemme : comment concilier stabilisation politique et respect des normes démocratiques dans un pays encore marqué par des violences post-électorales (notamment en 2010) ?

IR

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