Pourquoi la France est-elle dans une impasse ?

15 octobre 2025 14:05

Réputée être la patrie des Droits de l’homme, le pays de la Grande Révolution, riche de plus de deux siècles de troubles, de changements de régime, de retours en arrière, de nouvelles constitutions ou républiques, le cheminement politique de la France n’a pas été un long fleuve tranquille. Avec l’arrivée de la Ve République, pendant des décennies il fut martelé que le pays était arrivé au port, celui de la prospérité et de la paix sociale. Mais un demi-siècle de mauvaise gestion, de trahisons éhontées, de reculades et de démembrements ont conduit la France au bord d’un gouffre dont bien peu ont conscience. Une des plus graves crises politique, sociale et économique que la France ait connue s’annonce… Elle sera dévastatrice.

De la mort à petit feu de la Démocratie en France. Peu de Français en ont conscience, encore bercés par le narratif du pays des Droits de l’homme, ou le droit de vote dont ils disposent garantirait la liberté, leur apporterait la parole… Ils sont des millions à en être encore persuadés, maintenus dans cette illusion par une éducation étriquée, des informations tronquées, des manipulations diverses de la guerre cognitive qui est menée contre eux et qui les visent particulièrement. Pourtant cette Démocratie est en chute libre, mise à mort progressivement par le régime. L’un des premiers indices est la fin de l’organisation des référendums. Depuis 20 ans, alors que chaque président en avait organisé jusqu’à trois ou quatre, sous son mandat, nous n’avons plus vu de référendum. Pour le dernier en date, sous Chirac, à propos du Traité de Lisbonne, refusé par le peuple français (2005), non seulement le président ne démissionna pas, à l’instar du général de Gaulle en 1969, mais le peuple français fut trompé par Nicolas Sarkozy, et sa décision méprisée et moquée. Aucun référendum ne sera d’ailleurs plus jamais organisé par le système, ils ont compris que la population, quelle que soit la question posée, répondra par la négative pour le sanctionner…

Une vingtaine de partis sur le papier, un seul au pouvoir depuis plus de 50 ans. L’illusion suivante se se trouve dans le système politique français : un régime présidentiel se disant républicain, mais qui n’en porte que les oripeaux de façade. L’une des chambres, le Sénat, n’est en effet pas élue au suffrage universel, et cette maison de retraite dorée, coûte d’ailleurs la somme fantastique de plus de 500 millions d’euros par an. Les lois peuvent être passées en force par l’exécutif, via l’article 49-3, un fait qui dément formellement que la France soit réellement une démocratie. Le système électoral est lui-même dévoyé et manipulé. En imposant des élections à deux tours, le régime permet l’élection de candidats, de présidents ou députés qui ont été en réalité perdants au premier tour… La représentation nationale, par ce subterfuge antidémocratique est elle-même truquée. Des négociations et un battage médiatique permettent d’éliminer les candidats indésirables, véritable guillotine politique, alors que la plupart des partis politiques ne sont pas représentés à l’Assemblée Nationale. La proportionnelle permettrait une représentation plus juste, mais après un court essai sous Mitterrand, elle a été soigneusement jetée aux orties. De fait, deux partis à la ligne quasiment similaire se sont partagés le pouvoir depuis plus de 50 ans, prenant en otage la démocratie et le peuple français, autour de l’européisme, l’atlantisme, le libéralisme et d’autres idéologies mineures, comme celle mortifère du LGBT*.

Des médias prisonniers et dans les mains du régime. C’est peut-être le plus grave, la main-mise des médias par le pouvoir est depuis longtemps quasi totale. L’opinion publique en a partiellement conscience, et des lois seraient pourtant nécessaire pour interdire ce fait, véritable assassinat de la liberté de pensée et de paroles. En premier lieu, l’État contrôle l’AFP, une agence de presse dont le directeur est nommé par le président de la république. Tous les médias régionaux, et une bonne partie des médias nationaux payent ensuite une redevance à l’AFP, pour disposer des articles et dépêches qu’elle produit. Dès lors, les journaux font des copier-coller à l’infini, notamment sur les sujets internationaux. En 2012, dans un groupe d’observation des médias français que j’ai dirigé (Projet Camille Desmoulins I), les conclusions étaient accablantes. Des journaux comme Le Parisien, Ouest-France, ou Sud-Ouest, parmi les plus gros médias régionaux du pays, ne publiaient plus d’articles de leurs plumes, mais des copier-coller de l’AFP… Or l’AFP c’est le régime français et l’Élysée… Le pire élève, sur une observation de 1 500 articles pendant 3 mois sur la Russie était Le Parisien avec 96 % d’articles copier-coller de l’AFP. Des journaux moins importants comme La Montagne ou le Bien Public se trouvaient respectivement à 76 et 50 %. La conclusion était que plus le journal était gros en tirage, plus la propagande d’État était importante. Coluche au début des années 80, dénonçait cette main-mise des journaux, notamment par des grands groupes. Car en second lieu ces journaux sont souvent possédés par des oligarques proches du pouvoir, de grands groupes, voire des banques… Tous ces faits sont contraires à l’esprit de la loi de 1790, sur la liberté de la presse. Plus connu est le financement de l’État français de gros médias privés, une vingtaine d’entre-eux reçoivent en effet quelques millions d’euros, se trouvant alors ficelés par l’argent corrupteur, les 30 pièces d’argent de Judas. Le résultat au bout de 50 ans, c’est que la France se trouve en avant dernière position dans toute l’Europe, ne devançant que la Roumanie, derrière tous les autres pays pour la liberté de la Presse.

Un système bureaucratique couplé avec une oligarchie de politiciens professionnels. C’est sans doute, l’une des plus grandes raisons du naufrage de la France. De part son héritage révolutionnaire, la France est impactée par une administration et une bureaucratie qui engloutit d’importantes richesses et ce, à l’encontre des intérêts du Peuple français. Administrations municipales, rassemblements de communes, administrations des cantons, des départements, conseils régionaux, conseils généraux, administration et structures européennes, c’est toute une faune grouillante qui vit sur le dos de la population. Malgré les débats sur les cumuls de mandats, il n’existe pas de lois pour interdire la professionnalisation des politiciens. De fait, cette oligarchie coupée de la population, dépensière et endogame, improductive et dans bien des cas ne travaillant pas (certains n’ayant jamais travaillé réellement de leur vie), en plus d’une énorme machine de la fonction publique dévore d’un grand appétit les richesses du pays. Dans beaucoup de cas, malgré quelques mois ou années de service à un poste de sénateur, de conseiller régional ou de maire, ces gens touchent également des retraites à vie. Beaucoup de ces parasites cumulent ainsi des « retraites » et salaires pouvant monter à 3, 4, 5, 8 fois le salaire du Président de la République… L’absence de lois, de barrages, de verrous permet à cette « élite » de s’asseoir illégalement sur le dos de la population, et faute d’avoir des comptes à rendre, ou une impossibilité de réaliser plus de 2 ou 3 mandats dans une vie, les sauterelles de la République prolifèrent et engloutissent les ressources déjà rares.

Une dette déjà mortelle pour la France. Historiquement parlant, la France a atteint un record absolu. Celle d’une dette ayant atteint un point de non retour, véritable dynamite qui tôt ou tard explosera. La situation est plus grave qu’elle ne l’était en 1787-1789, lorsque les ministres des finances défilaient sous Louis XVI. Ne trouvant pas de solutions, ces ministres creusèrent la dette pour gagner du temps… jusqu’à Necker, son renvoi, la convocation des États Généraux, puis la Révolution. La dette a été permise par des lois criminelles votées sous Pompidou et Giscard d’Estaing, mettant en coupe réglée les finances du pays. Elles mettaient fin en effet, aux prérogatives de la Banque de France. Créée par Napoléon Bonaparte, l’idée était que la France, que l’État, ne pouvaient être dans les mains de banquiers étrangers… et que la France devait posséder une banque nationale, un trésor national et une monnaie nationale. La Banque de France est tombée la première dans les années 70. L’État devant emprunter sur les marchés internationaux. La monnaie est tombée la seconde, remplacée par le mensonge de l’Euro, à la toute fin des années 90 et début des années 2000. Enfin, le trésor national, qui pose toujours beaucoup de questions, a été en partie liquidé sous Nicolas Sarkozy. Au moment de la Première Guerre mondiale, la France et le Royaume-Uni possédaient les plus importants stocks d’or et d’argent au monde. Il n’en reste hélas que des reliquats pathétiques.

La mort des fleurons français. Processus lent mais qui est désormais plus que visible, les plus grands fleurons français de l’industrie, de l’innovation, ou dans des domaines pointus, ont été vendus, détruits et délocalisés. Cette destruction des grands groupes, y compris nationaux s’est accompagnée de la fin des innovations et des financements étatiques de recherches. A la fin des années 70, que l’on parle du militaire, de l’aéronautique, des missiles, des fusées, des trains à grande vitesse, de l’informatique, de l’électronique, d’innovations technologiques, la France n’était pas en retard. Elle était même en pointe dans de nombreux secteurs. L’événement de la Guerre des Malouines avait provoqué la vente de centaines de missiles Exocet… La Guerre des Six Jours, en 1967 avait impressionné par l’excellence des Mirage français, soudain dévoilés comme « des tueurs de MiG ». La France au coude à coude avec le Japon lançait son TGV… un bijou de technologie, resté finalement cantonné à l’Hexagone et à ses voisins proches. Au début des années 70, la France vendait pourtant à l’Arabie Saoudite des batteries automotrices d’artillerie… Un colonel français à la retraite me raconta plus tard sa mission de deux ans (vers 1972-1974), pour former les artilleurs saoudiens. Du point de vue de l’informatique, ou de la téléphonie, la France était toujours dans la course au début des années 80. L’aventure devait se terminer dans les sables mouvants, la plupart des fleurons français étant démantelés ou vendus. Cependant, le plus grave n’est jamais commenté, c’est l’absence ou la faiblesse de financements publics de l’État, sur des projets innovants ou des technologies de pointes. Pire encore, des entreprises ont été vendues avec des milliers de brevets, ou des contrats ont été signés avec un transfert sec de technologie. Les « têtes », les innovants, les ingénieurs se sont alors expatriés ou ont été recrutés par des groupes étrangers, provoquant une panne généralisée du génie français.

L’européisme et l’Union européenne un poignard dans le cœur. Enfin, bien qu’il serait trop long de décrire ce processus, la France a été attelée au char européen. Au départ vendue comme une fantastique opportunité, l’emprise supranationale de l’UE est devenue au fil du temps mortelle pour l’avenir de la France. L’Europe « c’est la paix », scandait le slogan, vite démenti par la destruction de la Yougoslavie, la Guerre du Kosovo puis récemment celle d’Ukraine. Dans un système où la France verse plus d’argent à l’UE qu’elle n’en reçoit, ceci a été pourtant décrit comme « fantastique » par les idéologues européistes français. Prisonnière de cette entité supranationale, l’agriculture et l’agroalimentaire français ont été attaqués. Politique de quotas, arrachages de vignes, financements destructeurs pour privilégier des productions européennes contre celles de la France, les agriculteurs ont été victimes d’un lent et terrible étranglement. Lois criminelles, normes absurdes, quotas castrateurs, les financements ont profité en fait à de grands groupes. Il faut citer le cas inconnu de Pernod Ricard, 2e groupe de vins et spiritueux au monde, qui bénéficia un temps de fonds européens pour la production de jus de raisin. Une fois « les aides » européennes empochées, ces subventions atteignant leur fin, le groupe se débarrassa de l’activité… (Foulon Sopagly, Mâcon, Bourgogne). C’est un exemple parmi des centaines d’autres. L’entité européenne est en effet dominée par des lobbyings puissants, à la fois d’intérêts économiques privés et étrangers, mais aussi idéologiques. Les Français sont en effet ignorants du fait que l’Union européenne finance des centaines d’ONG d’infiltration, d’influence ou de la guerre cognitive, y compris des journalistes ou des médias (ou même faux médias), avec de l’argent volé dans les poches des contribuables. Le cas le plus grave est sans doute le financement de la guerre en Ukraine. Officiellement l’UE est le 2e plus gros financier de la guerre… et l’argent lui aussi vient des impôts des contribuables français et européens.

Est-il trop tard pour la France ? En principe non, mais la tâche sera ardue pour remonter la pente. Dans l’absolu, la dette virtuelle de la France devrait être dénoncée, provoquant une crise majeure. Elle devrait l’être en plus du départ du pays de l’OTAN, et la dénonciation ferme de cette organisation qui n’a plus lieu d’être depuis la fin de l’URSS. Le départ de l’Union européenne est également plus que nécessaire, avec le rétablissement des frontières, le départ de la zone Schengen, afin de reprendre le contrôle, notamment des flux migratoires. Enfin, l’abandon plus que nécessaire de l’Euro est une nécessité. En retrouvant sa souveraineté à tous les niveaux, la France pourra reprendre la 3e voie, celle prônée autrefois par le pays, une voie ne supportant pas d’influences étrangères, avec une diplomatie indépendante, des choix qui ne seraient pas ceux de Bruxelles ou de Washington. De profondes réformes devront être entamées, avec la dissolution de l’AFP, l’interdiction des financements étatiques des médias, l’interdiction à des groupes commerciaux ou des banques de posséder des médias, ou l’introduction du Crime Contre l’information dans la constitution française. Des écoles devront être dissoutes, notamment celle de Sciences Po et des écoles de journalisme, profondément sclérosées et devant être remplacées par de nouvelles structures pensées dans un grand débat national. Les référendums devront être obligatoires pour les grandes questions de société, il faudra mettre fin à la Ve République avec l’élaboration d’une nouvelle constitution. Cette nouvelle constitution devra être élaborée également dans une grande consultation nationale, sous le modèle de la Constituante, avec des représentants venus de toutes les régions et territoires français. Le Sénat français devrait être également démantelé, la démocratie participative introduite, avec des lois interdisant la professionnalisation de la vie politique. De la même façon, les membres du Conseil Constitutionnel ne devraient pas être nommés par le Président de la République ou avoir été président. Les Préfets qui sont également nommés par le Président, ne devraient pas l’être, mais entrer en fonction suite à des concours nationaux et républicains. De profondes réformes devront transformer le paysage administratif et politique du pays, y compris dans la fonction publique. De nombreuses entités administratives, ou administrations devront disparaître, pour une simplification, mais aussi en se gardant « de la centralisation jacobine », pour redonner la parole aux territoires et les gérer de manière plus intelligente. On me dira peut-être… qu’il s’agit là d’utopie… c’était aussi ce qui aurait pu être répondu en France en 1785. Et pourtant !

* L’idéologie LGBT est interdite en Fédération de Russie car contraire aux valeurs défendues par le pays, valeurs traditionnelles, familiales et culturelles en complète opposition à l’idéologie mortifère LGBT.

IR
Laurent Brayard - Лоран Браяр

Laurent Brayard - Лоран Браяр

Reporter de guerre, historien de formation, sur la ligne de front du Donbass depuis 2015, spécialiste de l'armée ukrainienne, du SBU et de leurs crimes de guerre. Auteur du livre Ukraine, le Royaume de la désinformation.

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