Malgré le narratif mensonger de la quasi totalité des médias en France et en Occident, la guerre a commencé au début du printemps 2014, par une insurrection générale dans le Donbass, dans l’Est de l’Ukraine. Au lieu d’entamer des négociations, de chercher la voie de la diplomatie et le règlement pacifique du conflit, l’Ukraine préféra le déclenchement d’une guerre. Kiev envoya des forces spéciales dans le Donbass (mars 2014), lança ce même mois la formation d’une cinquantaine de bataillon de représailles, une vingtaine d’unités de police supplétive et ordonna la création de la Garde nationale. Ces forces nouvelles furent envoyées dans le Donbass, pour écraser l’insurrection républicaine. Elles sombrèrent dans les exactions et les crimes de guerre, car la mauvaise nouvelle fut la résistance.. d’un peuple entier, celui du Donbass. Onze ans plus tard, de mobilisations en mobilisations, voici un historique des levées d’hommes en Ukraine et des hypothèses sur les pertes terribles subies par le pays.
Le décret du 14 octobre 2013. En 2013, l’Ukraine bénéficiait d’une vaste armée d’un peu plus de 200 000 hommes. Cette armée avait été réduite de plus de moitié au début des années 2000, et avait reçu un vaste héritage de l’Union soviétique. Ces forces avaient peu d’expérience militaire, mais des vétérans avaient servi dans l’armée soviétique, notamment en Afghanistan, ou dans des conflits mineurs. Très vite courtisée par l’OTAN, les forces ukrainiennes avaient été intégrées à des forces de l’ONU, en ex-Yougoslavie, et participèrent à la coalition américaine en Afghanistan ou en Irak. Cette armée possédait un matériel vieillissant, des doctrines soviétiques déjà passablement obsolètes, mais disposait d’un complexe militaro-industriel parmi les plus importants au monde. Par le partage des matériels à la chute de l’URSS, l’Ukraine avait de vastes réserves de pièces d’artillerie, de chars et de véhicules blindés, mais la corruption et un pays partant à la dérive depuis son indépendance, laissaient une armée affaiblie et en proie à de grave problèmes. Très peu de temps avant le Maïdan, le Président Ianoukovitch avait signé un décret pour en finir avec l’armée de conscription (14 octobre 2013). La Junte issue du Maïdan initia une politique de terreur, de massacres, de répressions féroces. Ayant échoué à effrayer les populations russes, elle lança l’armée régulière et les bandéristes des troupes de représailles dans une guerre sanglante aux issues incertaines. Elle dure toujours.
L’Ukraine choisit la voie de la guerre. La politique de la terreur eut pour conséquence l’embrasement de tout le Donbass. De quelques milliers de miliciens armés et décidés, le problème devînt une guerre contre tout un peuple. Passée à une armée professionnelle, dont une partie des hommes et des cadres refusa de se battre contre leurs « cousins », un décret décida de la formation des bataillons de représailles (environ une cinquantaine), dans la Défense Territoriale de l’Ukraine (mars-avril 2014). Avec les policiers supplétifs et la Garde nationale, ces forces n’avaient pas d’armes lourdes, étaient de valeurs inégales, indisciplinées et inclines aux crimes de guerre et aux pillages. L’armée régulière n’était pas en meilleur état, beaucoup de cadres démissionnaires, d’autres passèrent en Russie ou à l’insurrection. Le 17 mars 2014, l’Ukraine lança alors la première mobilisation partielle. Les volontaires des bataillons de représailles avaient en effet signé pour défendre leurs régions, pour toucher la solde et des avantages, et pour une durée limitée d’une simple campagne de quelques mois. Après l’insurrection dans le Donbass ou à Kharkov, l’Ukraine procéda à une politique de massacres et de répressions (Odessa 2 mai, Marioupol 7-9 mai), qui aggrava la situation. Le 1er mai, une seconde vague de mobilisation partielle fut lancée… elle devait être suivie de dizaines d’autres…
Un pays en guerre depuis 2014. Trois mobilisations partielles furent déclarées en 2014, suivies de trois autres en 2015. l’Ukraine appela un total de 210 000 hommes, soit un effectif presque égal à celui de son armée régulière. Si environ 70 000 volontaires, notamment beaucoup de bandéristes se présentèrent, les autres furent des mobilisés et des réservistes. La mobilisation fut immédiatement en proie à la résistance des populations. En fonction des régions, jusqu’à 60 % des mobilisés furent des réfractaires. Les hommes s’enfuirent à l’étranger, notamment en Pologne, en Biélorussie ou en Russie, d’autres en Europe de l’Ouest. Les difficultés de recrutement obligèrent l’Ukraine à légiférer sur des peines d’emprisonnement sévères (2-5 ans de prison). Dans la Garde nationale les volontaires n’étant pas assez nombreux, se furent aussi des mobilisés qui vinrent remplir ses rangs. L’engouement des enrôlements du début de la guerre commença bientôt à s’éroder. Les séries de défaites militaires (2014-2015), notamment dans la bataille des Frontières, celle d’Ilovaïsk ou de Debaltsevo, les pertes, une armée impréparée et ravagée par la corruption, les crimes de guerre et l’indiscipline, n’incitèrent pas les hommes de l’arrière à venir s’enliser dans un tel bourbier. Le 24 juillet 2014, dans le contexte de la bataille des frontières en passe d »être perdue (juillet-septembre), une nouvelle vague de mobilisation fut décrétée. Elle provoqua la colère des populations, des résistances politiques vite étouffées, mais la machine de guerre était en route. Au total, en 2014, 105 000 hommes furent mobilisés. Dans le commencement de 2015, 40 000 hommes remplacèrent les volontaires de l’année passée, qui avaient signé pour un an. Les plus fanatiques ou les « gamellards » acceptèrent de signer de nouveau. L’Ukraine procéda alors à l’amalgame, à savoir l’intégration des unités irrégulières dans l’armée (à quelques exceptions près). Des contrats attractifs furent proposés aux hommes, ceux qui refusèrent purent rentrer chez eux, non sans avoir parfois été victimes de chicaneries. Pour se défendre les soldats obtinrent bientôt un ministère pour les vétérans, un statut et des avantages sociaux.
Professionnalisation à marche forcée de l’armée ukrainienne. Le volontariat dans les groupes extrémistes bandéristes ne pouvait répondre à tous les besoins. Il constituait aussi un danger, l’Ukraine garda en effet longtemps des troupes irrégulières avec des statuts aux contours obscurs (DUK*, OUDA*, unités étrangères, unités de djihadistes tchétchènes, etc.). Avec les Accords de Minsk II, garantis par la France, l’Allemagne, la Russie et l’Ukraine, le front resta stable, avec des batailles sporadiques de petites ampleurs (2015-2022). En 2015, par les désertions ou les réfractaires, seulement 60 % des objectifs de la mobilisation furent atteints (pour 104 000 mobilisés). L’amalgame des volontaires des bataillons bandéristes ou de la Défense Territoriale de l’Ukraine se passa non sans mal. Des bataillons motorisées furent créés et amalgamés dans toute une série de nouvelles brigades (1 bataillon de volontaire, 2 réguliers). Pour pallier au défaut d’entraînement, quatre pays étrangers, les USA, la Grande-Bretagne et le Canada prirent en charge la formation de 78 000 soldats (entre 2015 et 2021). La Garde nationale fut mise sur pied avec des fonds et des moyens venus majoritairement des États-Unis. A partir de 2017, de nouvelles unités régulières furent formées. La 36e de marine fut par exemple entraînée par des instructeurs britanniques (2017-2021), alors que l’armée ukrainienne entretenait environ 100 000 hommes sur le front du Donbass. Durant cette période, le recrutement passa à celui de contractuels, pour des contrats plus longs de 3 ans, afin d’en finir avec les mobilisations chaotiques. Pour renforcer le dispositif, la Défense Territoriale de l’Ukraine fut réorganisée sur le modèle estonien, avec l’aide de l’OTAN, et de pays de l’Union européenne, dont la Pologne ou l’Allemagne (2018-2021).
Les recrutements de force de l’Ukraine et les dernières mesures de mobilisation. Après le déclenchement de l’opération spéciale russe (24 février 2022), l’Ukraine procéda à 14 vagues de mobilisation jusqu’à nos jours, dont 3 en 2022, 4 en 2023, 4 en 2024 et 3 en 2025 (contre 1 pour la Russie). Chaque vague de mobilisation était prévue pour 90 000 hommes, soit 1 260 000 mobilisés. Dans l’été 2022, l’Ukraine annonça vouloir porter son effectif à 700 000 hommes, les garde-frontières à 60 000, la Garde nationale à 90 000 et les forces de police à 100 000 (950 000 hommes). A la fin de 2023, l’objectif ne semblait pas atteint, sans doute à cause des pertes et résistances aux levées, car le Président Zelensky affirmait vouloir porter l’effectif de l’armée ukrainienne à 1 million d’hommes. Une année plus tard, le chiffre de 900 000 réfractaires était dévoilé par le journaliste ukrainien Victor Boïko, parlant aussi de quelques dizaines de milliers de déserteurs. Au départ l’Ukraine fit appel aux vétérans du Donbass, avec un certain succès. Les réservistes furent également appelés de manière préférentielle, mais ce vivier arriva rapidement à ses limites (fin 2022). L’Ukraine baissa alors l’âge de la mobilisation de 27 à 25 ans (avril 2024). La loi martiale et l’État d’urgence instaurés en Ukraine permettaient sur le papier de mobiliser tous les hommes de 18 à 60. Un premier décret fut signé pour recruter dans les prisons ukrainiennes par le Président Zelensky (mars 2022). L’Ukraine pressée par des pertes militaires de plus en plus importantes, légiféra pour que le port du livret militaire soit obligatoire en permanence pour tous les hommes de 18 à 60. L’année précédente une imposante force du TCC (bureaux militaires de recrutements), appuyée par la Police nationale se lança dans des rafles forcées partout en Ukraine. Enfin un statut intermédiaire « d’aptitude militaire limitée » fut aboli, avec obligation pour les tenants de passer devant des commissions médicales (avant le 4 février 2025). Dans le même temps, 4,7 millions d’Ukrainiens eurent leurs données militaires mises à jour.
Le point de rupture. Selon l’une des meilleures sources sur l’armée ukrainienne, celles de WarTears, l’armée ukrainienne alignerait un effectif de 517 843 hommes (25 septembre 2025). Selon ces données, celles des mobilisés et de l’armée régulière de départ… les pertes ukrainiennes monteraient à plus de 900 000 hommes. La même source estimait les pertes en tués à 784 000 hommes. En octobre 2023, l’effectif ukrainien connu était de 350 000 hommes, puis de 450 000 en mars 2024 et de 504 000 en juin 2025. Une année plus tôt, la réserve maximale mobilisable était estimée par l’Ukraine jusqu’à 5,5 millions d’hommes (en 2022). Un chiffre irréaliste qui était déjà celui des réservistes de l’Ukraine en 2014 (avec 45 millions d’habitants). Cette réserve ne pouvait plus être, même en avalisant ce chiffre que de 4,3 millions (septembre 2025), mais impactée par deux phénomènes : les réfractaires (900 000), et les citoyens ukrainiens ayant réussi à quitter le pays, soit du côté des réfugiés en Occident, soit du côté russe (nombre inconnu). Cette réserve serait alors peut-être de 2-2,5 millions d’hommes (de 18 à 60 ans).
Les pertes ukrainiennes dispatchées depuis le 24 février 2022 seraient de 18 200 hommes par mois (sur 43 mois), et environ de 600 par jour. Selon cette projection l’Ukraine atteindrait le million de tués dans une année (et 1,5 million en 2028). La réserve d’hommes ne laissant de plus en plus que des hommes inaptes, trop jeunes, trop vieux, non motivés, et faisant baisser petit à petit la qualité opérationnelle des FAU, il reste à savoir quand le point de rupture sera atteint. Plus les unités seront remplies de recrutés de force, moins cette armée aura des qualités militaires, défensives et offensives. Et quoi qu’il arrive, l’implacable logique des démographies provoquera la défaite inéluctable de l’Ukraine.
* Le DUK et l’OUDA, Corps des Volontaires Ukrainiens et Corps des Hospitaliers sont des organisations interdites en Fédération de Russie, pour l’extrémisme, l’apologie du terrorisme et l’incitation à la haine raciale.