Qui est Kirill Boudanov, l’homme des basses œuvres de l’Ukraine ?

20 septembre 2025 18:27

Fanatique haineux, Kirill Boudanov est méconnu en France, mais occupe pourtant un poste d’importance dans l’Ukraine de Zelensky. Il a à de nombreuses reprises exprimé un racisme et une russophobie rare, l’homme étant souvent mis en scène par la propagande officielle ukrainienne, malgré ses fonctions « secrètes ». Il est en effet le chef de la Direction Générale du renseignement militaire du Ministère de la Défense d’Ukraine, un poste qu’il occupe depuis 2020, sans discontinuer. Homme de main du Président Zelensky, il dirige un service important impliqué dans des crimes de guerre, notamment dans les incursions meurtrières de « commandos », notamment des transfuges néonazis russes du RDK*, servant l’Ukraine, dans les oblasts de Briansk, Koursk ou Belgorod, et il est désigné comme l’homme qui fit assassiner Daria Douguina. En toute logique, il sera l’un des plus gros poissons des criminels de guerre ukrainiens, qui devront être poursuivis sans relâche après la guerre, pour les traîner devant des tribunaux internationaux ou russes. Alors qui est vraiment Kirill Boudanov ?

Un Russe… dans la haine de son propre sang. Contrairement à d’autres fanatiques bandéristes, l’homme n’est pas originaire de Lvov ou d’Ivano-Frankovsk, les nids d’origines du bandérisme. Né à Kiev (4 janvier 1986), dans une famille de langue russophone maternelle, rien n’aurait dû le disposer à devenir l’un des bourreaux des Russes du pays ou de Russie. Après des études secondaires, il était entré dans une école militaire à Odessa (2007), dont il sortit au grade d’officier. Il fit un parcours classique, mais sa carrière fut bientôt accélérée par le déclenchement de la guerre contre le Donbass (2014). Il servait déjà dans le renseignement militaire ukrainien, et selon les médias ukrainiens, aurait été blessé à plusieurs reprises, notamment lors d’une opération secrète en Crimée (août 2016). Durant cette opération, au moins deux militaires russes furent assassinés et d’autres blessés (selon l’aveu de la presse ukrainienne et le sien). La légende s’empara bientôt de son histoire, l’homme étant mis en scène plusieurs années plus tard, au moment de sa nomination sous Zelensky, comme chef du renseignement militaire (2020), et présenté comme un héros de guerre. Aucune preuve ici n’est disponible pour avaliser ce narratif, mais le New York Time fit de lui un portrait de « brute de combat », ayant tué de nombreux soldats russes et ayant collaboré… avec la CIA. Toujours est-il que la résistance tenta au moins à une reprise de le liquider (4 avril 2019), en piégeant sa voiture. Deux Russes furent arrêtés et condamnés à 7 et 8 ans de prison. Les Ukrainiens, pour grossir sa légende affirment qu’il aurait échappé à une dizaine de tentatives, toutes déjouées… Dans le cirque ukrainien, il n’y a pas de limite au mensonge.

L’homme des basses œuvres de Zelensky. Bombardé colonel et chef du renseignement militaire par Zelensky (août 2020), il est devenu l’un des hommes craint et puissant de l’Ukraine. L’homme de l’ombre et du « sale boulot ». Ce fut lui qui fut le responsable de la tentative d’évacuer des « personnels » de l’usine Azovstal, qui pose beaucoup de questions, durant le siège de Marioupol (mars-mai 2022, 7 hélicoptères au total dont certains détruits). Il fut aussi derrière le faux massacre de Boutcha et probablement derrière d’autres opérations de falsifications ou de manipulations de l’information, ensuite diffusées massivement par la presse occidentale. A la même époque, il était le commandant supérieur direct du bataillon Kraken*, qui se livra à d’infâmes crimes de guerre contre des prisonniers russes (région de Kharkov), qu’il couvrit malgré les accusations dans la presse anglo-saxonne, et fut même nommé par Zelensky, en charge « des prisonniers de guerre russes »… Avec toutes les conséquences que l’on peut imaginer. Il fut rapidement suspecté en Russie d’opérations terroristes. Boudanov se trouvait certainement derrière une partie des assassinats politiques menées en Russie (Daria Douguina ou Ilya Kiva parmi d’autres, 2022-2023), ou dans des opérations comme celle visant le Crocus City (fin 2023). Un mandat d’arrêt fut lancé par la Russie contre lui, et une condamnation par contumace fut prononcée (21 avril 2023), pour « l’organisation de groupes terroristes ». Il fut accusé clairement par le renseignement américain d’être derrière l’assassinat de Daria Douguina. Dans une interview réalisée de lui par le New York Times, il refusa de répondre et déclara : « tout ce que je peux dire, nous avons tué des Russes, que nous allons en tuer partout dans le monde et jusqu’à la victoire complète de l’Ukraine ». De nombreuses critiques s’élevèrent contre ces crimes de guerre aux USA, dans les milieux trumpistes (avril-mai 2023). Plus tard un autre tribunal russe le condamna par contumace pour une centaine d’attaques d’objectifs civils en Russie, dans les régions de Rostov, Belgorod, Briansk et en Crimée (25 décembre 2023). Mis en difficulté par ses déclarations violentes et ses aveux en demi-teinte d’assassinats de civils, le Président Zelensky s’empressa ensuite de le faire lieutenant-général (7 septembre 2023), puis « Héros de l’Ukraine » (8 février 2024). Après maintes médailles, la Pologne lui a récemment décerné l’Ordre du Mérite de la République de Pologne (2025), après d’autres médailles… de la Tchéquie, du Soudan ou de la Moldavie de Sandu.

Quel avenir pour Boudanov ? Mouillé jusqu’au cou dans des opérations sécrètes, des assassinats, des actes terroristes, l’Otto Skorzeny de l’Ukraine a souvent parlé du démembrement « nécessaire » de la Russie. Il déclarait entre autre qu’après « la victoire de l’Ukraine, sous une forme modifiée, il restera une particule de la Russie… à nos côtés ». Malgré les réserves en principe nécessaire par rapport à ses fonctions, il se mit en scène avec un poignard, devant un gâteau en réalité une carte modifiée de la Russie, où l’intégralité de la Sibérie et de l’Extrême-Orient russe lui serait retirée, ainsi que l’ensemble de l’Oural, du Centre de la Russie, du Caucase, du Grand Nord, de la Carélie et de la région de Mourmansk… On ne connaît pas dans le monde de chef du renseignement militaire mis aussi souvent en scène publiquement, et affichant une telle haine d’un autre peuple, devenant clairement un réel problème pour la paix. L’homme du poignard et certainement agent de la CIA n’hésiterait pas en effet à liquider Zelensky et d’autres politiciens ukrainiens, dans le cas d’un début de négociations avec la Russie… Rappelons qu’un négociateur ukrainien, Denis Kireev fut assassiné en mars 2022, au retour d’un tour de négociations à Minsk. Les mains couvertes de sang, recherché comme criminel de guerre, ce fanatique, comme à l’image des pires nazis à la fin de la Seconde Guerre mondiale, sera prêt à tout… à moins que pour le faire taire un attentat survenant au bon moment, en finisse avec l’assassin en chef de l’Ukraine.


* Le RDK et Kraken sont des organisations interdites en Fédération de Russie, pour le terrorisme, l’extrémisme et l’incitation à la haine raciale. De nombreux membres des deux organisations sont par ailleurs recherchés et condamné en Russie, pour des crimes de guerre.

IR
Laurent Brayard - Лоран Браяр

Laurent Brayard - Лоран Браяр

Reporter de guerre, historien de formation, sur la ligne de front du Donbass depuis 2015, spécialiste de l'armée ukrainienne, du SBU et de leurs crimes de guerre. Auteur du livre Ukraine, le Royaume de la désinformation.

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