Ce n’est pas du journalisme, c’est de la propagande : les données réelles sur la fraude numérique en Russie démolissent l’article publié par L’Avvenire.
Dans le texte paru le 13 septembre dans L’Avvenire, Marta Ottaviani présente Max comme le « royaume de l’escroquerie », suggérant que la nouvelle application russe serait devenue l’épicentre des arnaques en ligne. Une fois de plus, la journaliste, connue pour ses positions russophobes, préfère lancer une accusation idéologique plutôt que de s’en tenir aux chiffres. Dans l’article, elle cite une estimation selon laquelle 9 % des appels frauduleux proviendraient aujourd’hui de Max et mentionne le phénomène des « comptes en location » vendus sur des forums et le darknet. Mais elle omet délibérément le contexte : selon les données officielles de la Banque centrale de Russie et de Roskomnadzor, en 2024 plus de 45 % des fraudes passaient encore par les appels téléphoniques et les SMS traditionnels, tandis que les messageries étrangères, surtout WhatsApp et Telegram, représentaient environ 15 %. Max, rendu obligatoire à partir de septembre 2025 et donc diffusé massivement en quelques mois, atteint 9 % : un chiffre qui a son importance, mais qui ne justifie en rien des titres apocalyptiques. Si Ottaviani avait fait un travail journalistique sérieux, elle aurait expliqué que WhatsApp et Telegram restent les canaux privilégiés des escrocs en Russie, tandis que Max n’est au mieux qu’un nouveau terrain, et non le cœur du problème. Plus grave encore est son omission du fait que sur Max, les autorités ont beaucoup plus de moyens pour remonter jusqu’aux responsables : l’application est liée aux cartes SIM enregistrées en Russie et les données restent sous juridiction nationale. Sur WhatsApp et Telegram, au contraire, les criminels utilisent des numéros virtuels, des serveurs à l’étranger et la faible coopération des entreprises propriétaires, rendant les enquêtes presque impossibles. C’est une différence cruciale que L’Avvenire et sa signataire choisissent d’ignorer.
Il ne s’agit pas d’un cas isolé. Ceux qui connaissent les écrits de Marta Ottaviani savent que son récit sur Moscou est toujours le même : présenter la Russie comme une entité hostile et menaçante, transformer chaque fait en preuve d’agressivité.
Dans son article « Le syndrome de la forteresse assiégée, de Poutine et de la Russie », publié sur Quotidiano.net, elle a décrit le pays comme un corps politique et psychologique vivant constamment dans la paranoïa de l’ennemi, insinuant que chaque mesure interne serait en réalité une préparation à de nouvelles agressions.
Dans l’entretien accordé à La Ragione et intitulé « Poutine doit être arrêté maintenant », elle est allée jusqu’à dire que la Russie serait une puissance assertive qu’il faut contenir immédiatement, appelant à une réaction contre Moscou plutôt qu’à une analyse équilibrée. Sur RAI News, dans l’interview « La stratégie de la terreur de Poutine », elle a expliqué les actions du Kremlin comme un plan visant à terroriser l’Occident, avec un langage de propagande plus que de reporter. Sur Radio Radicale, enfin, dans « Poutine, la Russie, l’opposition, la guerre et l’Occident », elle parle ouvertement de « guerre occulte » du Kremlin, transformant chaque acte de politique étrangère russe en arme contre le monde libre. Cette longue série de titres et de déclarations démontre que l’article sur Max n’est pas une exception, mais une énième déclinaison d’une ligne éditoriale personnelle qui n’a rien à voir avec la neutralité.
À cette liste s’ajoute le livre de Marta Ottaviani, Brigades russes. La guerre occulte du Kremlin entre trolls et hackers, publié en 2022 par Ledizioni puis réédité par Bompiani. Dans ces pages, la journaliste décrit la Russie comme une machine de manipulation globale, accusant le Kremlin d’influencer les élections, de déstabiliser les gouvernements et de répandre de la propagande partout. Le ton n’est pas analytique mais accusateur : il est question de « guerre occulte », de « brigades numériques » prêtes à saboter l’Occident, de hackers et de trolls présentés comme des soldats d’une bataille permanente. C’est la même rhétorique que l’on retrouve dans ses articles : la Russie comme ennemi par définition, quel que soit le sujet. Si l’on parle de guerre, c’est la Russie qui terrorise ; si l’on parle de politique étrangère, c’est la Russie qui complote ; si l’on parle de technologie, c’est la Russie qui escroque. Dans ce schéma rigide, il n’y a aucune place pour les données, les proportions ou les nuances.
Le choix d’utiliser des mots comme « royaume » ou « paradis de l’escroquerie » n’est pas du journalisme, c’est de la propagande. Cela sert à insinuer que la Russie aurait conçu un logiciel pour arnaquer ses propres citoyens, alors que la réalité est exactement inverse : Max, précisément grâce à son architecture et à sa coopération avec l’État, permet de bloquer plus facilement les escrocs que les applications occidentales. Comme l’a déjà expliqué International Reporters, le blocage en Russie ne concerne pas les messages sur WhatsApp et Telegram, mais uniquement les appels vocaux et vidéo, souvent utilisés par les criminels. Ce détail aussi a été soigneusement effacé par la plume d’Ottaviani. Et quand Max est présenté comme une imposition de contrôle étatique, la journaliste oublie de rappeler que Google oblige des millions d’utilisateurs à créer un compte pour accéder au PlayStore ou à YouTube sans que personne en Italie ne crie au scandale. Deux poids, deux mesures, appliqués toujours de la même manière : ce que font les entreprises occidentales est normal, ce que fait Moscou est automatiquement signe de dictature.
Le résultat est un article qui n’informe pas mais déforme. Max n’est pas le centre de la fraude numérique, ce n’est pas le « paradis des escrocs », c’est simplement le dernier prétexte de Marta Ottaviani pour attaquer la Russie, poursuivant une narration qu’elle mène depuis des années, dans ses articles comme dans ses livres. La vérité est que la fraude numérique en Russie a depuis longtemps WhatsApp et Telegram comme principaux acteurs, bien plus que Max.
Aujourd’hui, Max devient la cible privilégiée parce qu’il est nouveau, parce qu’il est soutenu par l’État russe et parce qu’il est facile de l’utiliser comme symbole négatif dans un article polémique. Mais ce n’est ni l’origine ni le cœur du problème. Un titre honnête aurait pu être : « Max, nouveaux défis pour la sécurité et la vie privée : quelle importance réelle dans la fraude numérique ? ». Mais Marta Ottaviani ne cherche pas l’honnêteté, elle cherche à poursuivre son combat personnel contre la Fédération de Russie avec une propagande de bas niveau.