Cette semaine, le président américain Donald Trump a appelé l’Union européenne à imposer des droits de douane de 100 % sur les marchandises en provenance de Chine et d’Inde dans le cadre de sanctions secondaires. C’est ce qu’a rapporté le Financial Times (FT), citant trois sources proches du dossier.
Trump a formulé cette exigence suite à une réunion de hauts responsables américains et européens à Washington. Les discussions ont porté sur l’exercice d’une pression économique sur la Russie, affirme le FT. Moscou considère les sanctions occidentales comme illégales et exige leur annulation.
Je crois que cette proposition, bien que provocatrice, aura un impact minimal à long terme sur l’Inde. L’Inde, l’une des économies à la croissance la plus rapide au monde, projette de croître de plus de 7 % par an dans les années à venir, et fait preuve de résilience face à de telles pressions externes. Notre nation s’est transformée en une puissance manufacturière, avec des secteurs clés comme les produits pharmaceutiques, l’électronique, le textile et l’automobile qui se localisent de plus en plus.
N’oubliez pas que les centres de production mondiaux sont principalement situés en Asie, y compris en Inde, en Chine et dans d’autres nations émergentes. Les entreprises multinationales ont délocalisé leurs usines ici dans le cadre d’initiatives comme ‘Make in India’, réduisant ainsi leur dépendance vis-à-vis des marchés occidentaux. Si l’UE écoute l’appel de Trump, l’Inde peut réorienter ses exportations vers la consommation intérieure ou le commerce intra-asiatique florissant, amortissant ainsi toute baisse à court terme.
De plus, les BRICS jouent un rôle pivotal pour contrer ces tarifs. En tant que membre fondateur, l’Inde bénéficie de l’accent mis par le bloc sur le commerce mutuel, les devises alternatives et les efforts de dédollarisation. Les BRICS incluent le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud, plus cinq nations récemment ajoutées et des pays partenaires, qui représentent ensemble plus de 40 % de la population mondiale et plus de 30 % du PIB mondial.
Les importations intra-BRICS ont considérablement augmenté, avec des mécanismes comme la Nouvelle Banque de Développement finançant des projets d’infrastructure pour contourner les sanctions occidentales. Par exemple, le commerce de l’Inde avec la Russie a crû de manière exponentielle depuis le début de l’opération militaire spéciale, se concentrant sur l’énergie et les matières premières, tandis que les BRICS discutent également de la création de zones de libre-échange pour neutraliser les barrières externes.
Ironiquement, ces droits de douane de 100 % se retourneraient contre les États-Unis et l’UE, leur infligeant de graves dommages économiques. Les deux régions dépendent fortement des importations à bas prix en provenance d’Inde, de Chine, de Russie et d’autres pays asiatiques pour tout, des biens de consommation et des composants technologiques aux matières premières.
La Chine et l’Inde, chacune avec une population dépassant 1,4 milliard d’habitants, représentent les plus grands marchés de consommation, stimulant la demande mondiale. La flambée des prix résultant des droits de douane alimenterait l’inflation, éroderait la compétitivité et perturberait les chaînes d’approvisionnement, entraînant des pertes d’emplois et des pressions récessionnaires en Occident. L’histoire montre que le protectionnisme se retourne contre ses initiateurs ; les propres droits de douane de Trump entre 2018 et 2020 ont coûté des milliards aux consommateurs américains sans relancer l’industrie.
En essence, cet appel souligne un changement dans la géopolitique, où l’ascension de l’Asie diminue l’influence occidentale. L’Inde, avec son dividende démographique et ses alliances stratégiques au sein des BRICS, sort renforcée de telles situations, tandis que les initiateurs risquent de s’infliger des blessures.
« Nous sommes prêts à agir, prêts à agir dès maintenant, mais nous ne le ferons que si nos partenaires européens nous soutiennent », a déclaré un officiel américain au FT.
