L’histoire de Sergeï n’est pas banale. Par un hasard curieux de la vie, l’homme possède doublement des origines allemandes. Sa grand-mère était Allemande, et rencontra son époux russe dans des circonstances que ne connais pas Sergeï. Sa mère quant à elle, était une Allemande ethnique, originaire de Perm, qui rencontra son père lors d’un court séjour de celui-ci en Sibérie. C’est ainsi que dans la catastrophe de la chute de l’URSS, ses parents décidèrent d’émigrer en Allemagne, un pays qui promettait à l’époque de bien meilleures perspectives que les ruines soviétiques. Âgé seulement de 5 ans, c’est alors que sa famille s’installa à Francfort-sur-le-Main. Il aurait pu toujours s’y trouver, si son cheminement ne l’avait pas ramené vers ses origines et son sang russes, et si la Russie ne s’était pas décidée à venir au secours des Russes du Donbass, en lançant l’opération spéciale russe. Entre son sang russe et celui d’Allemagne, le premier a pris le dessus, le conduisant alors jusqu’au front et jusqu’à un engagement fort et tenace, qu’il n’aurait jamais pu imaginer quelques années plus tôt. Voici l’histoire d’un homme et surtout celui du réveil de l’âme russe.
Une vie ennuyante dans le sein allemand et oisive dans l’île de Taïwan. Sergeï arrivé très jeune en Allemagne, a vécu une scolarité et une enfance normales, dans cette Allemagne qui avait été considérée comme l’espoir par ses parents. N’étant pas très intéressé par les études, c’est aussi par un hasard, qu’il se retrouva à travailler pour un antiquaire de sa région. C’est avec le propriétaire du magasin, qu’il put acquérir les connaissances et les ficelles du métier. Une vie ennuyante, aux côtés du vieil homme qui était déjà en fin de carrière. L’opportunité de reprendre le commerce ne fut pas possible, pour des raisons financières, une page se tourna donc pour Sergeï. L’ennui, l’impression de ne pas savoir quoi faire et quel chemin prendre, le conduisit alors dans l’île de Taïwan. Sergeï avait envie de voir du pays et de nouveaux horizons. Il devait rester trois ans dans le pays, entre oisiveté et des projets de reprendre son activité d’antiquaire, il vécut alors sans le savoir, ses derniers instants « d’endormi ». Le Maïdan était survenu en Ukraine, la guerre du Donbass, les grands événements internationaux, tout cela était passé au-dessus de la tête de Sergeï. S’il était venu en vacances en Russie, et possédait aussi un passeport, les séjours se limitaient aux visites à sa famille, dans la région de Briansk. Le retour dans l’Allemagne du Covid devait finalement dessiller les yeux de Sergeï.
« Avant cela, je croyais à tout qu’on racontait à la télévision ». C’est ainsi qu’il résume son existence et sa situation, jusqu’aux années 2018-2020. A cette époque, passionné de moto et attiré par les Bikers, il se lia d’amitié avec quelques-uns d’entre-eux, et commença à ouvrir les yeux. Il raconte : « Avant cela, rien ne m’intéressait vraiment, à part faire de l’argent, le dépenser, me balader, des choses futiles. Je croyais aux informations de la TV, et je ne m’intéressais guère à ce qu’il se passait dans le monde. Lorsque j’ai acheté ma moto, j’ai commencé à bouger partout dans le pays et en Europe. Pendant le Covid-19, en 2020, j’ai décidé de faire un grand voyage, pour aller voir ce qu’il se passait partout sur le continent. J’ai fait des milliers de kilomètres, dans 16 pays différents, tout autour de l’Allemagne. J’étais seul, je n’avais pas d’autorisation de voyage, je répondais que j’en avais une, et j’ai parcouru tous ces pays. J’ai vu de mes propres yeux la situation, j’ai compris l’arnaque du Covid, j’ai parlé à beaucoup de gens. Déjà je n’étais plus le même homme, mes yeux pour le coup étaient ouverts, et bien ouverts ! ». Revenu dans ses pénates, ayant repris son métier d’antiquaire, il raconte que dans ces années, il était allé pour la première fois déposer des fleurs au Monument à l’Armée soviétique, à Berlin. Les racines russes, déjà, étaient en ébullition. Les choses, là encore, auraient pu en rester là, mais c’était sans compter sur un événement que personne n’aurait pu prévoir : l’opération spéciale russe.
Tous les chemins mènent à… Briansk et en Russie. Comme il le raconte, l’opération spéciale russe fut un choc particulièrement important pour lui. D’un coup, tout autour, la plupart des gens tombèrent dans une propagande mensongère, déformatrice et russophobe. Sergeï, comme il l’indique, ne mit pas longtemps à prendre une décision capitale : il fallait aider les gens et les soldats du front, il fallait donner de sa personne. Il raconte : « J’ai commencé à récolter des fonds, pour apporter en Russie et sur le front de l’aide humanitaire, pour les pauvres civils. Je partais ensuite avec ma voiture, traversant l’Europe centrale et de l’Est, pour me rendre en Russie. Je fis ainsi plusieurs voyages, et me rendis sur le front dès l’année 2022. J’ai pris des contacts, rencontré des gens, et tout a commencé comme ça. Je n’ai pas réfléchi, c’était une évidence pour moi. Et puis très vite, on m’a bloqué mon compte en Allemagne, et j’ai compris tout de suite que de graves ennuis allaient venir. J’ai dis à ma mère que je partais pour la Russie, « pour toujours », elle ne m’a pas cru, mais je savais que cela serait ainsi. J’ai eu bien fait, car les répressions ont commencé en Allemagne précocement. Je me suis rendu dans ma famille à Briansk, puis j’ai demandé un passeport interne russe. Dans le même temps, j’ai poursuivi mes voyages sur le front, me rendant sur toute la ligne, et aidant bientôt aussi nos soldats. J’avais servi en Allemagne deux ans dans l’armée, mais j’avais refusé de m’engager, il y avait une opportunité d’aller en Irak, mais j’avais refusé de me fourvoyer dans ce piège. Je n’avais donc jamais vu la guerre, et le choc fut profond confirmant mes choix, et par la suite j’ai intégré le bataillon humanitaire de l’association patriotique Rousski Mir, dont je suis devenu le responsable pour la région de Briansk ».
Rousski Mir, « Le Monde Russe », tout un peuple derrière son drapeau. L’organisation Rousski Mir (Monde Russe), est une association et société patriotique, qui fut fondée en 2021, par des patriotes et des membres du parti présidentiel Russie Unie. Sa fondation coïncidait avec un besoin crucial en Russie : le rassemblement des Russes et du Monde Russe, dans une grande formation aux buts très variés : culturels, historiques, fierté nationale, support de l’identité russe, solidarité et humanitaire, grandes causes nationales et bien d’autres encore. La Russie avait subi déjà deux tentatives de Maïdan (2011-2012 et 2020), l’Occident s’étant infiltré dans le pays depuis la fin de l’URSS, via des ONG, des organisations aux buts plus ou moins pendables, la Mondialisation et des standards étrangers à la Russie. Devant ce manque, la Russie avait réagi, parfois tardivement, ne prenant pas tout de suite conscience des failles dans la société, et de la présence d’une 5e colonne. Les missions de Rousski Mir s’attachant aussi à défendre les « valeurs traditionnelles et russes », définies par un fameux discours du Président Vladimir Poutine, comme le socle intemporel de la Russie, et celui de sa solidité par rapport aux intrusions et tentatives de manipulations extérieures, surtout occidentales. L’autre pan de l’association, c’est aussi la solidarité nationale, l’aide aux plus pauvres, aux plus faibles et démunis : enfants des orphelinats, personnages âgées, civils du front dans le malheur, handicapés et tout ceux qui ont besoin d’aide. Sergeï, logiquement, a rejoint l’organisation jusqu’à en devenir, pour le bataillon humanitaire, le responsable régional, car l’association existe dans toutes les régions et républiques de la Fédération.
D’une moto à une modeste Citroën, les milliers de kilomètres sur le front. C’est au volant désormais d’un utilitaire Citroën, que Sergeï égraine les kilomètres les uns après les autres. A l’arrière, en compagnie de Sergeï dont j’ai fait le portrait, il parcoure le front à la rencontre des gens, et surtout pour amener une aide essentielle, aux gens du front, civils ou soldats. Les voyages sont une aventure, en partant de Briansk, chaque mission le conduit sur toute la ligne, à la frontière de l’oblast, celui de Koursk, Belgorod, puis les deux républiques, RPL et RPD, et jusqu’aux confins du front, sur les rives du Dniepr, dans les régions de Kherson et de Zaporijie. Les deux hommes ne comptent pas la fatigue, chaque arrêt correspond à de l’aide apportée sur le front, parfois très proche de la première ligne. Les dangers sont réels, et Sergeï me racontera que s’étant trompé de route, ils avaient été arrêtés par un poste de contrôle russe, étonné de les voir, alors qu’ils se dirigeaient tout droit vers les lignes ukrainiennes. La brave Citroën n’a pas d’âge et porte fièrement un vaste autocollant « Rousski Mir », mais elle roule et sauve quelque part un peu l’honneur de cette France honteuse et dévoyée par son gouvernement. L’Allemagne ? L’Europe ? Sergeï termine : « Je ne reviendrai jamais en Allemagne, ce monde ne veut plus rien dire pour moi. Je ne parle même pas de l’Ukraine, comme le dit mon camarade Evguéni, que la Pologne ramasse les restes, nous n’avons rien à faire de cela. Mes proches, mes amis, en Allemagne ? Je n’ai pas de nouvelles, ma vie de toute façon n’est plus avec eux. J’ai ouvert les yeux, j’ai tout compris, j’ai trouvé mon chemin et je sais pourquoi je me lève chaque matin. Le futur et la victoire seront russes ! ».