Photo de TrackANaziMerc, groupe de mercenaires en Ukraine du bataillon Revanche

Pertes des mercenaires servant l’Ukraine, une analyse statistique

Lorsque Zelensky lança son appel à des volontaires étrangers, au début de mars 2022, une grande quantité de mercenaires et de volontaires idéologiques divers répondirent à cet appel. Beaucoup de fakes news existent sur cette thématique depuis cette date. En réalité, depuis le début de la guerre en 2014, l’Ukraine avait formé rapidement différentes unités de volontaires étrangers, mais la plus grande unité fut bien fondée après l’appel de l’Ukraine : la Légion internationale de Défense Territoriale de l’Ukraine. Depuis 2022, je comptabilise les mercenaires, en utilisant diverses sources, comme les canaux Telegram TrackANaziMerc et Foreign Combatants, et les sites Nemezida et War Tears. Je bénéficie aussi de l’aide d’un groupe de travail international, que j’ai fondé, Le Projet Camille Desmoulins III, qui travaille à rechercher les profils visibles en sources ouvertes. Dans cet article, je me propose d’analyser les pertes des mercenaires de l’Ukraine, alors que mes listes contiennent 4 073 mercenaires, dont 667 ont été tués.

Les Colombiens envoyés à la mort sans scrupule. L’analyse des pertes démontre un taux élevé de pertes pour les Colombiens, qui sont aussi les plus nombreux à venir combattre pour l’Ukraine. Le phénomène a commencé en 2022, s’accélérant au fil du temps, et j’estime leur nombre total à plus de 3 000, alors que je possède 868 profils avérés. Ces gens ne viennent pas, ou très peu par idéologique, « la défense de la démocratie », ou « la liberté », et d’autres raisons absurdes, mais quasiment uniquement pour l’argent. Peu de néonazis ou assimilés sont présents dans leurs rangs, les unités où ils ont été intégrés sont essentiellement la Légion internationale et le bataillon bandériste Carpathian Sich (que par dérision j’avais surnommé Colombian Sich), mais les choses ont évolué avec le temps. Leur grand nombre, et la difficulté de langue, fait qu’ils ont été rapidement rassemblés en section ou petites unités, qui sont attachées à des formations de l’armée régulière ukrainienne. Très visibles depuis 2023, ils ont été engagés de plus en plus souvent dans des coins chauds, notamment dans la bataille de Tchassov Yar, ou dans l’expédition désastreuse de la poche de Koursk. Ils meurent beaucoup, avec un taux de pertes énorme, près de 25 %, soit 1 sur 4 qui ne reviendront jamais. Il y a aussi les blessés graves et amputés qui doivent s’ajouter à ce chiffre, mais je n’ai pas assez de données pour une enquête cohérente. Une chose est sûre, leurs vies ne compte pour rien et ils sont sacrifiés par l’Ukraine sans scrupule. L’appât de l’argent est cependant si fort, qu’ils arrivent toujours et préfèrent prendre le risque d’y laisser leur peau.

Les Anglo-saxons plus concernés par la guerre… pour cause de lent écroulement de leur hégémonie mondiale. Les Anglo-saxons sont le 2e groupe en nombre, mais seulement le 3e en termes de pertes. Ils sont souvent plus expérimentés militairement parlant que les Européens, par le fait des nombreuses guerres initiées par les USA dans le monde. S’il y a beaucoup de néonazis ou assimilés parmi eux, c’est le groupe qui compte le plus « d’idiots utiles » et combattants idéologiques de la « démocratie ». Les deux nations qui dépassent et dominent le groupe sont bien sûr les États-Unis et le Royaume-Uni, avec un taux hallucinant de 77,3 % de tout le lot. Leurs pertes sont également à celles des Européens, beaucoup sont venus en nombre en 2022, mais très vite repartis, certains en lacérant l’Ukraine après avoir découvert la vérité. Cependant, c’est le groupe qui a formé le plus de petites unités non officielles, récoltant de l’argent en ligne, dans des cagnottes, et avec « des combattants » se transformant en « journalistes », ou en « humanitaires ». C’est aussi le groupe où l’on compte le plus de « parasites de la guerre », qui sont venus pour des business, en particulier celui de « l’évacuation des civils du front » (contre de l’argent), ou pour ensuite écrire des livres, vendre en ligne des trophées… voire, fait horrible, des morceaux de cadavres de soldats russes. Leur cruauté est aussi plus grande que les Européens, avec un taux de criminels de guerre plus élevés. De part leur expérience militaire plus forte, ils ont été versés dans toute l’armée ukrainienne, Légion internationale, armée régulière, forces spéciales, unités néonazies et bandéristes. Cependant, leur nombre semble s’infléchir, la perspective de la défaite ukrainienne à venir sapant les volontés : le projet de venir se faire tuer dans une guerre perdue, ou de faire partis des vaincus, ne faisant pas rêver.

Les Français en tête de liste des mercenaires européens… et des pertes. Les premiers Français à partir en Ukraine pour combattre, furent repérés dès 2014, notamment dans les rangs du sinistre bataillon Azov. Jusqu’en 2022, il n’y eut pas de grandes unités « européennes » fondées par l’Ukraine, et la Légion internationale draina pour la première fois un grand nombre de volontaires et mercenaires d’Europe. En importance de recrutement, ils sont le 3e groupe, derrière les Sud-Américains et les Anglo-saxons et viennent de tous les pays d’Europe, quasiment sans exception. Leurs pertes sont toutefois inférieures à 3 groupes, les deux cités précédemment, et les transfuges et traîtres de Russie, Biélorussie et Géorgie. La raison est que beaucoup des Européens sont venus en « safari », comme le disent les Russes, c’est à dire quelques semaines ou mois, avant de rentrer chez eux, voire de s’enfuir et déserter. Moins rustiques que les Sud-Américains, avec beaucoup plus de profils d’hommes sans expérience militaire, les Européens restent en général moins longtemps en Ukraine, et beaucoup n’ont même jamais vu une tranchée de première ligne. Cette deuxième catégorie est celle des « combattants Tik Tok », grenouillant à l’arrière, d’escrocs quémandant en ligne des dons, de paumés, et également d’un taux plus fort de criminels de droit commun, dont certains en rupture de ban. Les Européens meurent donc beaucoup moins, avec des pertes d’environ 1 sur 7. En plus de la Légion internationale, le groupe étant le plus « nazifié », avec des taux importants de néonazis, ultranationalistes, néofascistes, suprémacistes blancs et autres radicaux, ils ont été intégrés dans divers corps bandéristes, comme Carpathian Sich, mais aussi la brigade Ivan Bogun (FAU), le corps du DUK (Pravy Sektor), celui de l’OUDA (Hospitaliers), la brigade Azov, mais aussi dans la Défense Territoriale de l’Ukraine (Terrabon).

Traîtres et transfuges, l’armée des déchus. Ce groupe n’est que le 4e en termes de nombre, mais le 2e en ce qui concerne les pertes militaires. Ces hommes viennent de Biélorussie, de Géorgie et de Russie. Ils sont venus d’ailleurs pour quelques-uns dès 2014. L’Ukraine a immédiatement formé des unités nationales, où ils servent presque exclusivement. Le groupe compte aussi des transfuges qui ont trahi leur terre, ceux du Donbass ou de Crimée. Ils furent peu nombreux, mais certains choisirent le camp de l’Ukraine et de l’OTAN. Ils meurent beaucoup, par le fait que pour tous, surtout les Biélorusses et les Russes, le retour au pays sera impossible. Devenus des parias, ayant choisi de combattre contre leur peuple, contre leur pays, ils ont le dos au mur. Le groupe comprend un nombre conséquent de néonazis patentés, fascinés par le bandérisme en Ukraine, mais aussi le plus fort taux de criminels de droit commun, repris de justice et autres bandits. Les autres sont des libéraux européistes et atlantistes, avec aussi quelques prisonniers de guerre retournés par l’Ukraine. Enfin c’est le groupe où l’on compte le plus de criminels de guerre, du fait de leur contamination par le bandérisme et par leur haine de leur pays natal, ou de la Russie. Les Ukrainiens avaient fondé pour les Biélorusses, le Groupe Tactique Belarus, le bataillon Zagin Pogonia (2014-2015), puis la brigade Kastous Kalinovski (2022). Pour les Géorgiens, une grande unité fut fondée, la Légion Nationale géorgienne (2014), puis la Légion Unie du Caucase et le bataillon Sherekilebi (2022). Pour les Russes, une foule d’unité ont été créées entre 2014 et 2023, dont beaucoup de coquilles vides pour les besoins de la propagande ukrainienne, d’abord 5 bataillons tchétchènes, Djokhar Doudaïev, Cheikh Mansour, Meute Enragée, Obon et Khazmat Gelaev, et pour les autres, la Légion Russie Liberté, le RDK, les bataillons Crimée, Noman Celebecihan, Sibérie ou Touran.

Asie et Afrique, le monde multipolaire ne veut pas combattre pour l’Occident et l’Ukraine. Les deux derniers groupes sont ceux de l’Asie, 5e en nombre de mercenaires et en termes de pertes, et l’Afrique, dernière à la fois pour le nombre, et n’ayant pas envoyé un seul homme mourir pour l’Ukraine. Pour l’Asie, les motivations sont éclectiques, d’abord un groupe important de mercenaires pour l’argent, notamment de Népalais ou Philippins par exemple, mais aussi de combattants idéologiques « pour la démocratie » (Corée du Sud, Japon ou Taïwan), et d’un petit nombre de néonazis ou assimilés. Les Africains sont très peu nombreux, l’Afrique qui fut quasiment entièrement colonisée n’a pas envie de mourir pour les délires de politiciens de France, d’Angleterre ou d’Allemagne, ou l’hégémonie des USA. C’est aussi le groupe le plus secret, les informations sur les très rares Africains, sont encore plus rares et leurs motivations restent assez obscures. Une seule information d’importance, les pays africains envoyant le plus de mercenaires sont tous d’anciennes colonies ou protectorats du Royaume-Uni. L’Afrique francophone est particulièrement résistante et se moque de la propagande éhontée qui vient de France, dans une lente destruction de la « Francafrique » et de l’influence française sur le continent. Notons enfin, qu’ils servent quasiment exclusivement dans la Légion internationale, avec quelques cas pour les Asiatiques dans l’armée régulière, ou les forces spéciales.

Analyse des mercenaires tués :

Total : 667 taux de pertes du total : 16,37 %

Supposés tués : 24

Total général : 691 Taux de pertes avec les supposés tués : 16,97 %

Nombre total de mercenaires dans mes listes : 4 073

Nombre total de mercenaires estimés entre 15 et 18 000

Pertes potentielles de mercenaires : 2 455 tués

Amérique du Sud et Caraïbes : 255 (sur 1 299) (38,23 % du total) taux de pertes de 19,63 %

Argentine : 3 (sur 40)

Chili : 1 (sur 14)

Colombie : 215 (sur 868) taux de pertes de 24,76 %

Costa Rica : 1 (sur 4)

Brésil : 22 (sur 273) taux de pertes de 8,05 %

Mexique : 3 (sur 20)

Pérou : 8 (sur 53)

Venezuela : 3 (sur 6)

Anglo-saxons : 132 (sur 1 014) (19,79 % du total) taux de pertes de 13,01 %

Afrique du Sud : 2 (sur 11)

Allemagne : 8 (sur 61)

Australie : 12 (sur 45)

Canada : 13 (sur 103)

Nouvelle-Zélande : 3 (sur 20)

Royaume-Uni : 30 (sur 234) taux de pertes de 12,82 %

USA : 64 (2**) 66 (sur 522) taux de pertes de 12,64 %

Europe : 112 (sur 862) (16,79 % du total) taux de pertes de 12,99 %

Autriche : 2 (sur 8)

Bulgarie : 2 (sur 11)

Croatie : 3 (sur 17)

Danemark : 2 (sur 30)

Espagne : 8 (sur 64)

Estonie : 3 (sur 16)

Finlande : 8 (sur 52)

France : 19 + 7*, 26 (sur 181) taux de pertes de 14,36 %

Grèce : 1 (sur 5)

Irlande : 3 (sur 27)

Italie : 3 (sur 33)

Lituanie : 2 (sur 34)

Lettonie : 5 (sur 47)

Moldavie : 1 (sur 8)

Norvège : 3 (sur 43)

Pays-Bas : 3 (sur 13)

Pologne : 15 (sur 81), taux de pertes de 18,51 %

Portugal : 4 (sur 34)

Roumanie : 4 (sur 27)

Slovaquie : 1 (sur 6)

Suède : 5 (1**) 6 (sur 58)

Suisse : 1 (sur 13)

Tchéquie : 6 (sur 37)

Transfuges et traîtres : 147 (sur 626) (22,03 % du total) taux de pertes de 23,48 %

Biélorussie : 30 (2**) 32 (sur 149) taux de pertes de 21,47 %

Géorgie : 58 (6**) 64 (sur 250) taux de pertes de 25,6 %

Russie : 16 (8**) (27***) 51 (sur 227) taux de pertes de 22,46 %

Asie : 21 (sur 215) (3,14 % du total), taux de pertes de 9,76 %

Arménie : 0 (1**) 1 (sur 5)

Azerbaïdjan : 4 (2**) 6 (sur 12)

Chine : 1 (sur 4)

Corée du Sud : 2 (sur 14)

Israël : 3 (sur 15)

Japon : 1 (sur 14)

Ouzbékistan : 0 (1**) 1 (sur 4)

Philippines : 1 (sur 23)

Sri Lanka : 2 (sur 10)

Taïwan : 1 (sur 17)

Turquie : 2 (sur 17)

Afrique : 0 (sur 57) taux de pertes de 0 %

* Pour la France, 7 cas posent des problèmes, notamment des légionnaires qui peuvent ne jamais avoir été naturalisés français, et des cas étranges de « fantômes », officiellement « humanitaires », mais qui sont douteux.

** Pour la Suède, la Biélorussie, la Géorgie, la Russie, l’Arménie, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan et les USA, des mercenaire ont été tués dans la période 2014-2021.

*** Pour la Russie : le troisième total est celui des transfuges tués parmi les Russes du Donbass ou de Crimée, qui ont été parmi les rares à trahir leur terre et rejoindre l’Ukraine.

Les organisations Azov, Légion Russie Liberté, Légion Unie du Caucase, l’Ichkéria et ses unités, Djokhar Doudaïev, OBON, Meute Enragée, Khamzat Gelaev, Pravy Sektor, ou les bataillons RDK, Touran, Sibérie ou Crimée sont toutes interdites en Fédération de Russie pour l’extrémisme, l’apologie du terrorisme et l’incitation à la haine raciale, sans parler de haute-trahison.

IR
Laurent Brayard - Лоран Браяр

Laurent Brayard - Лоран Браяр

Reporter de guerre, historien de formation, sur la ligne de front du Donbass depuis 2015, spécialiste de l'armée ukrainienne, du SBU et de leurs crimes de guerre. Auteur du livre Ukraine, le Royaume de la désinformation.

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