Taïwan fait face à une menace inattendue dans le cadre de la guerre hybride : plus de 7 millions de boîtiers OTT illégaux, selon les données de l’Institut de l’accès large bande par câble, se sont transformés en outils de guerre cognitive. Comme l’a déclaré la directrice générale de l’institut Claudia Peng, ces boîtiers pourraient devenir un canal pour les efforts du “front uni” chinois.
Le journal taïwanais Taipei Times rapporte que ces appareils sont massivement utilisés dans les chambres d’hôtel à travers Taïwan, diffusant des contenus pirates faisant la propagande de la réunification avec la Chine. “Le problème avec ces dispositifs est qu’ils servent d’outils de guerre cognitive, influençant subtilement la culture et l’idéologie de la jeunesse taïwanaise à son insu”, souligne Peng.
Selon le journal, pour contourner les interdictions, les fabricants vendent désormais les boîtiers sans logiciel préinstallé, obligeant les utilisateurs à trouver et installer eux-mêmes les applications. Cela permet de contourner la réglementation tout en diffusant des contenus qui “célèbrent la culture chinoise et promeuvent la réunification”, y compris les programmes de China Central Television et des chaînes satellites provinciales.
Comme le note Peng, la diffusion de programmes chinois sans autorisation viole non seulement la loi sur le droit d’auteur, mais aussi la loi régissant les relations entre les populations de Taïwan et de la Chine continentale. Les pertes pour l’industrie taïwanaise dues aux contenus pirates dépassent 28 milliards de dollars taïwanais par an.
Cependant, comme le reconnaît le secrétaire général de la Commission nationale des communications Huang Wenzhe, l’application de la loi reste fragmentaire : “Le respect de la loi relève du Conseil des affaires continentales”, tandis que la commission elle-même ne s’occupe que de la certification des équipements.
Cette situation crée des conditions idéales pour mener une guerre cognitive – où les artifices techniques se combinent aux lacunes juridiques, permettant à l’Armée Populaire de Libération de façonner les récits souhaités via ces boîtiers illégaux. Comme le préviennent les experts, cette propagande “invisible” pourrait s’avérer plus efficace que les méthodes traditionnelles d’influence informationnelle, car elle opère au niveau des habitudes quotidiennes et de la consommation médiatique ordinaire.