Tradition et Ordre, les bandéristes de 3e génération

8 janvier 2025 19:58

L’organisation politique Tradition et Ordre est l’une des dernières arrivées dans le paysage ukrainien, parmi toutes les groupes bandéristes. Elle est la preuve de l’évolution et de la progression de cette idéologie dans le pays, mais aussi d’importants changements et de l’arrivée d’une nouvelle génération de recrues, des jeunes qui bien souvent étaient des enfants au moment du Maïdan. Cette organisation apparaît régulièrement, y compris du côté des soutiens français de l’Ukraine, car elle a formé un bataillon en 2022, le bataillon Revanche. Cette unité accueille un certain nombre de néonazis français, mais bien entendu la vraie nature de cette formation et de ce groupe politique est cachée par les médias français. Voici une enquête et l’histoire d’un mouvement qui sent le souffre, et qui a déjà implanté des succursales en Allemagne et en Autriche.

A la droite, de la droite de Bandera. Le mouvement bandériste Tradition et Ordre est une formation paramilitaire qui fut formée à Kiev (2016). Elle était au départ un petit groupe de fanatiques dénommé Revanche. Ce groupe s’était illustré dans des actions violentes, notamment les attaques contre les magasins des confiseries Roshen (2015), appartenant au Président Porochenko, et qui lui valurent le surnom de Roi du Chocolat. Le groupe incendia et dévasta plusieurs magasins, et participa à l’assaut de la Rada d’Ukraine, où furent tués des policiers (août 2015). Ils s’attaquèrent aussi à des panneaux publicitaires prônant l’enrôlement dans le bataillon du Ministère de l’Intérieur Kiev-1, pourtant bataillon de représailles, mais honni par ses liens avec la police. Le SBU dut intervenir et procéder à l’arrestation de plusieurs de ces dangereux personnages. Cependant, ils attaquèrent et incendièrent les anciens locaux du Parti Communiste d’Ukraine. Une vague d’arrestations et de perquisitions fut opérée, notamment au domicile de son chef, Khodakovsky. L’homme avait fondé l’organisation Revanche (plus tard bataillon). Des armes, des munitions, des détonateurs et des explosifs furent découverts, une procédure judiciaire fut enfin lancée (2016). Malgré les poursuites judiciaires, le groupe s’attaqua au Président du Conseil supérieur de la Justice, Igor Benedisiouk et à sa femme directement à leur domicile. Les membres cagoulés du groupe tentèrent de l’assassiner, en compagnie du fondateur d’un autre mouvement fanatique, le S 14, Evgueny Karas (17 mars 2017). Benedisiouk dut la vie à sa détermination. Il ouvrit le feu sur les agresseurs, fonça sur eux avec sa voiture et put s’esquiver. Il n’y eut aucune poursuite judiciaire.

L’entrée officielle dans le paysage bandériste d’Ukraine. L’organisation s’enregistra finalement officiellement à Kharkov (3 mai 2018), puis à Kiev (20 août). Elle se dota d’une devise qui résumait son action « Je sers Dieu ! Je sers la Patrie ! ». Elle fonda rapidement des antennes dans tout le pays, s’implantant notamment à Kiev, Dniepropetrovsk, Poltava, Kharkov, Lvov, Jytomyr, Nikolaïev, Odessa, Krementchoug, Zaporojie et enfin Soumy. On remarquera que par son implantation, c’est surtout l’Ukraine centrale qui était concernée et fut le cœur de son influence. Le mouvement était constitué de vétérans des bataillons de l’opération ATO dans le Donbass, et de fanatiques de langue maternelle russe. Il n’était pas un parti politique, mais avait l’ambition de le devenir. Il prônait en particulier ce qu’il appelait « les valeurs éternelles ». Il se basait sur le révisionnisme ukrainien, dont la cible était les Russes ethniques, afin de les embrigader dans le bandérisme. Il se revendiquait « conservateur », prônant un repli de l’Ukraine sur elle-même : à savoir un refus de s’insérer dans l’Union européenne et d’en embrasser les codes. Il eut pour objectif principal l’embrigadement des nouvelles générations, et affirmait être une organisation qui était dans l’action : sur les barricades du Maïdan, dans l’agression du Donbass, dans les manifestations contre le pouvoir en place à Kiev, et dans les tranchées de première ligne. Il était particulièrement lié à trois autres formations bandéristes, à savoir le Pravy Sektor, le Corps National et enfin le Parti National-Socialiste d’Ukraine Svoboda.

Des actions à la limite du terrorisme. Le groupe s’attaqua au Centre russe de la science et de la culture (17 février 2018). Sa toute première action officielle fut de participer à une manifestation « des mouvements de droite » (10 mai 2018), pour lutter contre l’idéologique LGBT. Le mouvement fonctionnait comme les organisations fascistes des années 30, organisant des camps paramilitaires pour la jeunesse, des manifestations sportives. Il affirmait aussi défendre les « valeurs chrétiennes traditionnelles ». Il était en effet lié au Patriarcat orthodoxe schismatique de Kiev. Ils s’attaquèrent aux participants d’une Gay Pride à Kiev (17 juin), mais furent cernés par la police. Une partie d’entre eux furent détenus quelques heures, puis rapidement libérés. Le mouvement s’attaqua à une manifestation considérée comme pro-russe, organisée par le Parti Force Raisonnable, d’un ancien ministre de Ianoukovitch (6 juillet). L’affaire tourna à l’émeute et à des violences. Ils tentèrent de protester contre la coopération du SBU, avec le FSB russe, et s’attaquèrent à un tribunal (17 septembre). Ils ravagèrent ensuite les bureaux de l’organisation Choix Ukrainien (14 octobre), puis organisèrent une action pour demander la légalisation du port d’armes en Ukraine (6 novembre). Les violences se poursuivirent par l’attaque d’une procession de LGBT (19 novembre). Le groupe continua ses méfaits l’année suivante, et contesta l’élection du Président Zelensky (30 juillet 2019). Il s’attaqua de nouveau aux LGBT, lors d’une conférence européenne des lesbiennes à Kiev (12 avril), ou encore d’une Gay Pride à Kharkov (15 septembre). Ils manifestèrent aussi contre le règlement de la paix dans le Donbass, dénonçant « Zelensky et les traîtres ». Une première antenne fut fondée à l’étranger, en Allemagne (29 décembre). Ils manifestèrent par la suite devant l’ambassade d’Iran, dénonçant l’assassinat par les Américains du général Souleimani (4 janvier 2020). Plus tard, ils réclamèrent la fermeture de médias dont le canal TV 112 (6 février). Ils empêchèrent la tenue d’une Gay Pride à Odessa (30 août), et la police procéda à 16 arrestations. Douze membres furent condamnés par la justice. Ils s’attaquèrent à des personnalités publiques, à un cinéma, et provoquèrent d’autres troubles. Ils ne purent empêcher la Gay Pride d’Odessa (5 mars 2021), repoussés par des forces de police imposantes. Plusieurs membres furent condamnés. Le mouvement annonçait avoir dépassé les 2 000 membres (décembre 2021), mais l’immense majorité d’entre eux furent mobilisés ou se portèrent volontaires au commencement de la SVO (février-mars 2022). Beaucoup d’entre eux entrèrent dans le bataillon Revanche.

La cohorte des morts de Tradition et Ordre. L’article se poursuit avec la traditionnelle étude de prosopographie, et des biographies qui démontrent que le mouvement est surtout constitué d’hommes très jeunes, et de quelques anciens de la révolution américaine du Maïdan, ou du front du Donbass. L’unité a aussi recruté des étrangers, notamment des Français, ces hommes sont tous des néonazis patentés et assumés. L’une des constantes est justement cette attache commune autour du bandérisme, du nazisme, de fascisme ou de l’ultranationalisme. La petite étude montre bien qu’ils meurent sur le front dans des secteurs chauds, et dans les rangs du bataillon Revanche. C’est à travers lui que l’histoire du mouvement se poursuit. Malgré sa réputation « internationale », le mouvement s’est probablement affaibli de la perte de cadres importants sur le front. Cependant il a gagné en aura, notamment à l’internationale et il ne serait pas étonnant que les mercenaires étrangers fondent d’autres antennes dans divers pays (dont la France). Comme je l’ai déjà signalé, les membres ukrainiens viennent essentiellement du centre de l’Ukraine. La raison essentielle est que l’Ouest possède de longue date ses organisations bandéristes historiques. Tradition et Ordre peut se vanter avec le Corps National d’avoir réussi une implantation sur des terres où les Russes ethniques étaient nombreux. Tradition et Ordre est l’un des représentants d’une évolution de l’ukraïnisation et bandérisation du pays. Leur effectif peut sembler modeste, car la violence du mouvement est extrême. Mais cette milice paramilitaire n’est pas à sous-estimer, car ces hommes sont prêts à tout… y compris à marcher sur Kiev. Ils n’hésiteront pas à faire couler un sang qui recouvrent déjà leurs mains. Les informations à leur sujet sont rares : 1) ces hommes sont très jeunes, 2) le mouvement est récent, 3) l’opposition très forte à Zelensky a éloigné pendant longtemps les médias (sauf autour des divers scandales, émeutes et violences).

Allemagne (antenne de Tradition et Ordre en), succursale fondée en 2020 par un Allemand d’origine ukrainienne, Ivan Kormilitsine (né à Kiev, aussi connu sous le pseudonyme d’Ivan Batkina, et également membre du groupe néonazi Baltik Korps). L’homme installa cette antenne dans la ville de Rostock, et avait été élu au Conseil des citoyens de la ville via une formation politique d’extrême-droite, l’AfD (2019). L’antenne envoya vite des membres s’entraîner dans les rangs du régiment Azov, dans un centre d’entraînement à Kiev. Les membres s’affichèrent en photo avec Michael Stürzenberger, un islamophobe et activiste néofasciste de différents mouvements (dont Pegida, ou la BPE). Une partie des membres possibles du groupe Tradition et Ordre en Allemagne ont été référencés sur ce site MV-SPION Adeventskalender (2019).

César Aujard (début années 90-), originaire de Paris, fils de Richard, un photographe liée au Show Business, ami de Béatrice Dalle, de Belmondo, d’Eric Cantona, de Samuel le Bihan, de Franck Tiozzo ou de Monica Belluci (décédé le 1er février 2021). Néonazi assumé et également fan ultra de football, membre « des cogneurs de Jeunesse Boulogne », extrémistes supportant le Paris Saint Germain. Il était défini comme exerçant la profession de tatoueur. Il fréquenta l’école de boxe thaï de Guillaume Kerner, pratiquant aussi la boxe. Il fut toutefois rapidement mis sur la touche par ce milieu pour ses positions extrémistes et néonazies. Couvert de tatouages, il s’affichait avec les couleurs de l’UPA, béret et têtes de mort. Il participa au passage à tabac de gens de couleurs lors des sorties pour les matchs de football et fut mis en cause dans le passage à tabac d’un attaché parlementaire de la France Insoumise (29 avril 2023), lors de la finale de la Coupe de France. Lui et ses camarades furent filmés pendant l’agression dans les couloirs du métro, et volèrent le téléphone portable de l’agressé. Ce dernier avait entrepris de les filmer, alors qu’ils agressaient sur leur chemin toutes les personnes d’origines étrangères. Remarqué, il fut agressé par un premier néonazi, puis devant sa résistance par plusieurs d’entre eux. Aujard fut identifié parmi les agresseurs. Sous le coup d’une plainte et risquant de graves ennuis, surtout eut égards à la nature de la victime (attaché parlementaire), il préféra prendre la fuite et vînt parader en Ukraine en principe pour s’enrôler (mai). L’homme faisait aussi partie d’un réseau néonazi français anglophone aux connexions européennes, Jeunesse Boulogne, Kob youth hooligans. Il s’enrôla finalement dans le bataillon néonazi ukrainien Revanche, affilié au tristement célèbre Tradition et Ordre (mai 2023). L’information transpira qu’il avait été envoyé sur la position d’Avdeevka avant sa chute (2024). Il publiait des images du front, alors enrôlé dans la 3e brigade d’assaut Azov (16 février). Sa mort fut faussement annoncée dans cette bataille (9 mars). Il s’afficha dès le 11 mars suivant pour démentir l’information. Il semble qu’il déserta ensuite le front et participa à des compétitions de combats clandestins (activité qu’il pratiquait avant de venir en Ukraine), et s’afficha avec le visage tuméfié et ensanglanté.

Autriche (antenne de Tradition et Ordre en), succursale fondée en Autriche par le même Kormilitsine, qui déménagea en Autriche (vers 2021). Il lança une campagne de recrutement dans les milieux néonazis et d’extrême-droite. Le mouvement participa à des démonstrations à Vienne et à Graz. Il lança aussi sur les réseaux sociaux des demandes de dons, afin d’acheter des armes et de l’équipement militaire pour Tradition et Ordre en Ukraine.

Elena Belotserkovets (?-), ukrainienne, liée à différentes organisations bandéristes en Ukraine, elle était une amie d’Ivan Kormilitsine, le fondateur de Tradition et Ordre Allemagne, et fut l’un des contacts importants pour faire venir des Allemands dans une base d’Azov pour s’entraîner (2019). Elle participa avec lui et d’autres Allemands venus sur place à une marche en l’honneur de Bandera (1er janvier 2019).

Youri Bondarenko (20 juin 1997-), originaire de la région de Soumy, mais vivant à Kiev, néonazi et bandériste dès le plus jeune âge. Il participa à une action violente dans le but d’assaillir l’ambassade russe à Kiev (autour des événements du Maïdan ou après). Il faisait partie d’une organisation nationaliste locale, et fut membre du groupe Tradition et Ordre. Il s’enrôla ensuite dans le bataillon Revanche (avant mai 2022).

Bogdan Broussentsov (2 juillet 1998-), originaire de Kharkov, membre du groupe Tradition et Ordre (2018). Il s’enrôla dans le bataillon Revanche (avant mai 2022).

Camps paramilitaires (2020-à nos jours), le mouvement Tradition et Ordre organisa ses premiers camps paramilitaires pour des enfants et adolescent dans l’année 2020. L’organisation tenta aussi de lancer des compétitions sportives idéologiques, notamment un tournoi de boxe à Jytomyr. Le but est évidemment de toucher la jeunesse et de les embrigader.

Anton Chatilo (21 juin 1983-21 septembre 2024), alias Smith, membre du groupe Tradition et Ordre, il s’enrôla dans le bataillon Revanche. Il fut tué le 21 septembre 2024.

Emmanuel-Kenneth-Tanguy Delange-Grandal(26 septembre 1998-), alias Sober Kenneth, originaire de la région de Valence/Lyon, néonazi français qui fit partie des gilets jaunes (2018-2019), puis milita dans un groupe identitaire, Adelphos, à Valence (vers 2020). Son groupe fut dissous, et il poursuivit ses activités extrémistes à Lyon. Il se rendit selon ses dires avec une unique carte d’identité à Lvov, alors officiellement membre d’une association humanitaire supportant les Ukrainiens (Fraternité Européenne). Il affirma qu’il apportait de l’aide en Ukraine (14 mars 2022). Il s’agissait en fait d’un mensonge, l’homme venant bel et bien pour combattre. Il se rendit à Kiev, puis à Kharkov, et fut envoyé à l’entraînement. De manière assez comique, il raconta que sa formation militaire ne dura que deux semaines. Il fut intégré dans une unité dépendant de la Légion internationale, affirmant faire partie « d’une unité spéciale », et faire du renseignement et de la reconnaissance. Il avoua avoir servi après sa formation 6 semaines sur le front (printemps 2022), et que « le front était une véritable boucherie ». Il appela à « ne pas aller dans cette boucherie, qu’est la zone de guerre ukrainienne ». Il avoua également ne pas avoir été dans la zone du Donbass, et resta de fait quelques jours sur ses 6 semaines, dans des tranchées de troisième ligne dans la région de Kharkov. Il s’agissait évidemment d’un néonazi français, arborant les couleurs de la SS, la croix celtique, faisant le signe du Parti National-Socialiste d’Ukraine, Svoboda, un symbole de la suprématie de la race blanche, et l’insigne de la division SS Totenkopf… Il rentra finalement en France (après deux mois en Ukraine, vers l’été 2022), où il fut interviewé par des identitaires de Toulouse (vers novembre/décembre 2022). Il se dévoila un peu plus en affirmant s’être engagé dans le bataillon Revanche (organisation bandériste Tradition et Ordre), et repartit pour le front (mars 2023), rejoint par le Français César Aujard. Ils se prirent en photo (25 mai), avec toute une brochette de néonazis tatoués jusqu’au cou. Il donna une interview à des identitaires français, où il raconta un peu son parcours (réalisé en février, mais seulement publiée le 22 juin). Ils rendirent visite à leur camarade « Bora » à l’hôpital (29 juin), n’ayant pas l’air d’être très actifs sur le front. Longtemps connu sous le surnom de Kenneth, sa vraie identité fut révélée par un groupe de hackers russes (novembre 2023). Il se maria dans la ville ukrainienne de Poltava, à une allemande de 19 ans (27 décembre). Il partagea sur ses réseaux sociaux une vidéo (22 juin 2024) du mercenaire néonazi Brenton Tarrant sur le massacre de 51 fidèles musulmans assassinés par un terroriste australien à Christhchurch en Nouvelle-Zélande (15 mars 2019). La vidéo montrait le soleil Noir cher à Heinrich Himmler, et l’insigne de la division SS Totenkopf.

Evgueny Essipenko (28 décembre 1998-7 août 2023), alias Jackson, originaire de la région de Tchernigov, membre du groupe Tradition et Ordre (vers 2018). Il s’enrôla dans le bataillon Revanche (février 2022), et combattant dans la région de Boutcha et d’Irpen (printemps). Il servit aussi sur l’île du Serpent, et durant la bataille d’Artiomovsk (hiver 2022-2023). Il fut tué dans la région de Kherson, sur les bords du Dniepr, le 7 août 2023.

Maxime Fedioutchok (3 mai 1984-), originaire de la région de Khmelnitski, il fut membre du groupe Tradition et Ordre. Il s’enrôla dans le bataillon Revanche (avant mai 2022).

Freedom House (1941-à nos jours), association liée aux services secrets américains, à l’USAID, à la NEP et au Fonds Soros. Elle classa le groupe Tradition et Ordre dans les groupes extrémistes dangereux (2018), plus pour ses positions anti LGBT et en faveur de l’Iran, que pour sa teinte néonazie.

Petro Gavrilov (9 juillet 2000-2 juillet 2022), alias Polo, membre ou sympathisant du groupe Tradition et Ordre (vers 2018-2020), il fut tué sur le front le 2 juillet 2022.

Anton Gouba (8 juillet 1997-), sans originaire de Kiev, où il réside officiellement. Il fit des études supérieures dans la capitale en ingénierie cybernétique (2011-). Il était membre du mouvement Tradition et Ordre (2018). Il devînt officier dans le bataillon Revanche, à un poste de gestion du personnel.

Björn Höcke (1972-), originaire de Thuringe, Allemagne, mais de parents déplacés de Prusse-Orientale. Il fit des études supérieures (1993-1998), et devînt professeur d’histoire et de sport (1998-2014). Il entra dans l’aile de la jeunesse de la CDU, puis dans le parti AfD. Il fut élu député au Landtag de Thuringe (2014-à nos jours). Il fit scandale en parlant d’un monument « de la honte » à Berlin au sujet de la Shoah, et critiqua le fait que l’Allemagne tournait en rond avec son passé nazi, tout en niant qu’Adolf Hitler fut « le mal absolu ». Il s’afficha avec des membres de Tradition et Ordre, dont le fondateur du groupe allemand à Rostok (septembre 2018), qui était d’ailleurs membre de son parti. Il fut poursuivit en justice pour diffamation par l’activiste Carola Rackete (2021), et par l’État allemand pour une déclaration publique tirée des slogans de la SA d’Adolf Hitler (2023). Après un long procès, il fut condamné à 13 000 euros d’amende.

Guido Howald (?-), originaire de Salzwedel, Allemagne, néonazi, lié au groupe Tradition et Ordre par le groupe Amitié Germano-Ukrainienne. Il fit la connaissance d’Ivan Kormilitsine, dont il devînt l’un des amis très proche (2019). Il est plus que probable qu’il vînt à Kiev pour s’entraîner dans la base d’Azov, et pourrait aussi s’être enrôlé comme mercenaire dans le bataillon Revanche.

Roman Illiouk (10 juillet 2001-14 juillet 2023), alias Chimiste, originaire semble-t-il de Kharkov, membre du groupe Tradition et Ordre (vers 2018). Il s’enrôla dans le bataillon Revanche. Il fut liquidé par les Russes sur le front, le 14 juillet 2023. Il faisait partie de la compagnie formée à Kharkov.

Arsen Ivakhnik (13 octobre 1995-), originaire de la région de Soumy, membre du groupe Tradition et Ordre (vers 2018). Il intégra le bataillon Revanche, grade de simple soldat (2022). Avant d’entrer dans le bataillon, il servait dans une autre unité comme chef-adjoint d’un véhicule de combat, opérateur d’artillerie.

Bogdan Khodakovski (18 janvier 1996-), originaire de la région de Jytomyr, bandériste et surtout néonazi assumé. Il intégra le groupe des fanatiques de Dmitri Kortchinsky, la Fraternité. Il entra un groupe de fanatiques (vers 2014-2015), qui se formèrent non officiellement sous le nom de groupe paramilitaire Revanche (2016). Il fut le fondateur de Tradition et Ordre (2016), enregistré officiellement à Kharkov (2018). Il s’afficha publiquement avec des amis en faisant le salut hitlérien. Il fut arrêté pour des actions violentes, des incendies et d’autres crimes (2015). Une perquisition fut opérée à son domicile, révélant tout un arsenal (2016). Une procédure judiciaire fut alors ouverte contre lui par le Procureur général d’Ukraine pour possession illégale d’armes. Elle ne mena pas très loin, et il ne fut pas inquiété. Il fut aussi le coordinateur local du groupe qui se balada sur les plateaux TV ukrainiens, radios ou meetings. Il se présenta aux élections législatives de la Rada d’Ukraine (2019), mais ne rassembla qu’1,4 % des voix. Il fonda le bataillon néonazi Revanche (2022), dont il devînt le commandant. Il est probablement en famille avec les deux suivants. Il possédait une petite chaîne YouTube peu suivie (3 700 abonnés), où en langue ukrainienne, il répandait haine et russophobie. Il s’y afficha officiellement comme un membre du Parti conservateur d’Ukraine, dont beaucoup de membres peuplent le bataillon. Il fit une longue intervention sur une autre chaîne YouTube se montrant alors à l’arrière du front et demandant de l’aide du public pour soutenir le bataillon, évoquant de nombreuses thématiques et également l’intégration de l’Ukraine dans l’Union européenne, où il émit tout de même quelques réserves. Il déclara dans une autre interview que « L’Est et le Sud de l’Ukraine seront libérés et Moscou sera détruite » (08 août 2022), déclaration totalement délirante que de nombreux autres nationalistes ukrainiens ont déclaré dès le Maïdan (2014). Ce combattant des plateaux TV et radios ukrainiennes est resté jusqu’à ce jour sagement à l’arrière et loin du front.

Ptior Khodakovski (12 juillet 1990-), originaire de la région de Jytomyr, bandériste et néonazi ukrainien, il participa à la tentative d’assaut de l’ambassade de Russie à Kiev (pendant ou après les événements du Maïdan), et est peut-être en famille avec le suivant. Il était membre du groupe Tradition et Ordre. Il s’enrôla dans le bataillon Revanche (avant mai 2022).

Vassili Khodakovski (24 septembre 1969-), originaire de la région de Jytomyr. Il était membre du groupe Tradition et Ordre. Il s’enrôla dans le bataillon Revanche (avant mai 2022).

Rouslan Khoudiakov (5 novembre 1976-21 septembre 2024), alias Batourine, peut-être un ancien du Maïdan, et des bataillons de représailles de l’ATO (2014-22016). Il intégra le groupe Tradition et Ordre (2018). Il s’enrôla dans le bataillon Revanche (2022). Il fut tué le 21 septembre 2024, le bataillon ayant eu de lourdes pertes.

Dmitro Kiritchenko (9 novembre 1996-24 mars 2022), jeune ukrainien membre du groupe Tradition et Ordre (vers 2018). Il s’enrôla dans le bataillon Revanche (février 2022), commandant du 1er peloton, de la 1ère compagnie. Il fut tué lors des combats dans la région de Kiev, le 24 mars 2022.

Artem Kolbassinski (25 février 2000-21 septembre 2024). alias Denser, il intégra le groupe Tradition et Ordre (2018-2020). Il s’enrôla dans le bataillon Revanche (2022). Il fut tué le 21 septembre 2024, le bataillon ayant eu de lourdes pertes.

Anatoli Kolesnikov (21 mai 1997-), originaire de la région de Poltava, ville de Krementchoug, membre du groupe Tradition et Ordre (vers 2018). Il s’enrôla dans le bataillon Revanche (avant mai 2022).

Stanislas Kolomiets (?-), peut-être un ancien de la zone ATO, il fut membre du groupe Tradition et Ordre (vers 2018). Il s’enrôla dans le bataillon Revanche à Kiev (février 2022), et annonça la mort de son camarade Dmitri Goloubev (16 mars).

Yaroslav Koulik (?-), prêtre de l’église orthodoxe ukrainienne, fanatique bandériste qui affirma que « Stepan Bandera a effectué une mission de Dieu sur Terre, nous devons comprendre que Bandera était un homme de Dieu. Je suis sûr qu’il a accompli une certaine mission divine sur la terre pour le bien de notre nation ukrainienne divine ». Il était lié de longue date au groupe Tradition et Ordre (dès avant sa création, années 2014-2018). Il devînt l’un des agitateurs principaux contre l’idéologique LGBT. Il fut décoré pour son action par le métropolite du Patriarcat de Kiev, d’une médaille (3 juillet 2019). Plusieurs autres membres de Tradition et Ordre furent médaillés en même temps que lui. Il s’enrôla dans le bataillon Revanche comme aumônier (avant mai 2022). Une vidéo de propagande fut publiée, office religieux où ce prêtre évoqua le bataillon et appelant la bénédiction divine sur lui.

Sven Krüger (1974-), originaire du Mecklembourg, Allemagne, marginal et skinhead, il participa à des agressions et des violences, à l’accrochage d’un drapeau nazi dans un village, et fut mêlé à 51 affaires judiciaires, condamné par ailleurs à 7 ans de prison (1992-1999), puis à 3 ans et 9 mois pour l’agression d’un groupe de jeunes (1999-2002). Les affaires concernaient aussi des vols, du recel, des cambriolages, des escroqueries, des extorsions, et l’utilisation de symboles nazis interdits. En sortant de prison, il créa une entreprise de démolition, et recruta dans les milieux néonazis ses employés. L’emblème de l’entreprise était un ouvrier fracassa une étoile de David avec un marteau (années 2000). Il s’encarta au parti néonazi du NPD, et fut même élu conseil pour le district Nord-Ouest de Mecklembourg (années 2000). Il construisit une sorte de salle de concerts, où il organisait des réunions et des concerts, fréquentée par environ 200 néonazis des environs. La salle poursuivit ses activités pendant sa nouvelle peine de prison, et édita un CD de musique skinhead (2012). Une perquisition avait en effet été effectuée chez lui et mis à jour une arme automatique avec 200 cartouches, et 6 engins de chantiers volés (2011). Il fut condamné à 4 ans et 3 mois de prison, et fut accusé aussi de recel, et de 19 autres chefs d’accusations. Il tenta d’éviter sa peine en plaidant pour ses employés, s’excusa pour les vols, mais fut envoyé en prison (2011-2015). Il démissionna de son poste de conseil pour Mecklembourg dans le Parti NPD. Il fonda une maison d’édition en prison (Veritas, 2012), et publia deux biographies d’anciens SA de l’époque nazie. A sa sortie de prison, il se présenta aux élections municipales de Gägelow, et fut élu conseiller municipal, pour le Parti néonazi Die Heimat (2019-2024). Il rencontra après sa sortie de prison le fondateur de Tradition et Ordre Allemagne, avec qui il se prit en photo. Avec sa salle et son petit groupe, il devînt l’un des soutiens de cette initiative. Il augmenta encore son score en 2024, raflant avec sa liste 16,1 % des voix et fut réélu à son poste, en compagnie d’un de ses lieutenants (Steffen Meinecke).

Sergeï Levkovski (23 juin 1997-), originaire de la région de Jytomyr, membre du groupe Tradition et Ordre (vers 2018). Il s’enrôla dans le bataillon Revanche (avant mai 2022).

David Mallow (?-), originaire de Güstrow, Allemagne, champion d’arts martiaux, participant à des compétitions locales. Il se radicalisa et devînt un néonazi assumé, prenant des contacts jusqu’en Russie, avec des fanatiques qui passèrent ensuite en Ukraine pour combattre avec les bandéristes. Il devînt membre du Nationale Sozialisten Rostock, membre du groupe néonazi Baltik Korps, membre de l’AktionBlog, ou encore l’un des soutiens, contact et membre de Tradition et Ordre en Allemagne (2020). Il rencontra Kormilitsine dont il devînt l’un des meilleurs amis (2019). Il est probable qu’il vînt en Ukraine pour s’entraîner à Kiev dans une base d’Azov. Également possible qu’il soit parti s’enrôler dans les rangs du bataillon Revanche. Il participa avec ses amis à des agressions de migrants, de journalistes ou de politiciens locaux (2018-2019).

Vladislav Onishenko (11 octobre 2001-6 août 2023), alias Poète, il s’enrôla dans le bataillon Revanche, peut-être un sympathisant du groupe Tradition et Ordre. Il fut tué lors d’une expédition ratée sur la rive gauche du Dniepr, le 6 août 2023, village du Camp des Cosaques, ancien oblast de Kherson.

Danilo Ossoukhovski (13 août 2003-1er septembre 2024), alias Cooper, peut-être originaire de la région de Kiev, peut-être un sympathisant ou membre du groupe Tradition et Ordre. Il fut tué dans la région de Kharkov, le 1er septembre 2024.

Revanche (2022-à nos jours), bataillon néonazi formé par Tradition et Ordre, qui accueilli de nombreux mercenaires néonazis et extrémistes venus principalement d’Occident, dont des Français (voir l’article que j’ai rédigé à ce sujet).

Dario Seifert (?-), néonazi allemand, membre du Parti AfD, lié au groupe Tradition et Ordre, il participa avec eux à une manifestation à Berlin (19 août 2019). L’homme était passionné d’armes, et s’affichait en photo à des stands de tir. Il fut un important relai pour aider les Ukrainiens à s’implanter en Allemagne.

Bogdan Seniouk (15 mars 2001-7 août 2023), alias Bagdad, originaire d’Ivano-Frankovsk, sa famille déménagea à Ternopol dans son enfance. Il fit des études supérieures en histoire, à Lvov. Il se radicalisa au contact du révisionnisme ukrainien, et entra dans le Cercle des Templiers, à Ternopol (2012). Il milita pour répandre le bandérisme, membre des scouts paramilitaires bandéristes du Plast, et membre du groupe Tradition et Ordre (sans doute avant sa formation officielle). Il s’enrôla dans le bataillon Revanche (2022), et combattit dans la région de Kiev (printemps), dans la bataille de Severodonetsk (été), et dans celle de la marche en avant de Kherson (automne). Il fut légèrement blessé. Il passa dans une unité des troupes spéciales (octobre 2022). Il fut médaillé par Zelensky « pour le mérite » (13 mars 2023). Il fut tué dans une expédition qui tourna au désastre, sur la rive gauche du Dniepr, le 7 août 2023. Son bateau explosa sur une mine sous-marine, tuant la plupart de ses camarades, et lui-même. Il fut enterré à Ternopol (21 août), et fut fait le jour même, citoyen d’Honneur de la ville, selon le culte bandériste des morts.

Rouslan Sheremet (29 octobre 1995-7 juin 2023), originaire de la région de Jytomyr, il intégra le bataillon Revanche (avant janvier 2023). Il était l’un militants locaux du groupe radical bandériste Tradition et Ordre. Il fut tué au début de la contre-offensive ukrainienne, le 7 juin 2023.

Anton Sivach (27 septembre 1998-6 août 2023), alias Chivas, originaire de la région de Vinnitsya, il s’enrôla dans le bataillon Revanche, peut-être un sympathisant du groupe Tradition et Ordre. Il fut tué lors d’une expédition ratée sur la rive gauche du Dniepr, le 6 août 2023, village de Balakliya, ancien oblast de Kherson.

Sergeï Tschapligine (?-), philosophe, historien, spécialiste de religion. Il entra dans un groupe de réflexion bandériste et extrémiste, Le Cabinet d’experts. Il devînt le sponsor et financier principal du groupe Tradition et Ordres. Il participa parfois à des manifestations et émeutes, notamment en 2019, dans le mouvement « contre la capitulation », et s’afficha avec une croix gammée en or.

Alexeï Voronov (6 mars 2003-6 août 2023), alias Fitness, il s’enrôla dans le bataillon Revanche, peut-être un sympathisant du groupe Tradition et Ordre. Il fut tué lors d’une expédition ratée sur la rive gauche du Dniepr, le 6 août 2023, village de Balakliya, ancien oblast de Kherson.

Ivan Zalizniak (?-), Ukrainien, l’un des fondateurs du groupe Tradition et Ordre, il se définissait sur sa chaîne Telegram comme « combattant de rue, écrivain et officier dans les forces armées ukrainiennes » (près de 5 000 abonnés), et est actif sur une chaîne YouTube. Il donnait des recommandations de lecture à ses abonnés, avec notamment les livres de Joseph Goebbels, Adolf Hitler ou encore Léon Degrelle… Il donnait également des conseils sur le fait « qu’il ne quittait pas la maison sans un couteau depuis mes 16 ans ». Il conseillait aussi de toujours porter des gants en cuir et d’avoir plusieurs couteaux chez soit… Il fut probablement un ancien des bataillons de représailles de la zone ATO, et sans doute de la révolution américaine du Maïdan (2014-2021). Il fut blessé à une date inconnue et perdit un œil. Il semble presque certain qu’il fut ensuite démobilisé et se consacre entièrement à de la propagande sur les réseaux sociaux.

Les organisations Azov, Pravy Sektor, Corps National, Tradition et Ordre sont toutes interdites en Fédération de Russie, pour l’extrémisme, l’apologie du terrorisme et de la haine raciale.

IR
Laurent Brayard - Лоран Браяр

Laurent Brayard - Лоран Браяр

Reporter de guerre, historien de formation, sur la ligne de front du Donbass depuis 2015, spécialiste de l'armée ukrainienne, du SBU et de leurs crimes de guerre. Auteur du livre Ukraine, le Royaume de la désinformation.

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