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Donbass – Aggravation de la situation : 21 violations du cessez-le-feu en RPD

Donbass – Aggravation de la situation : 21 violations du cessez-le-feu en RPD

Suite à l’assassinat du chef de la République Populaire de Donetsk (RPD), Alexandre Zakhartchenko, l’armée ukrainienne a brutalement augmenté le nombre de ses violations du cessez-le-feu et des munitions tirées contre le territoire de la république.

Depuis le 5 septembre, le nombre de violations quotidiennes du cessez-le-feu par l’armée ukrainienne ne descend plus en dessous de 13, et continue de monter. Durant les dernières 24 h, les soldats ukrainiens ont ainsi violé le cessez-le-feu à 21 reprises, tirant 174 munitions d’un calibre supérieur à 12,7 mm, dont 18 obus de mortier de 120 mm et huit obus de mortier de 82 mm.

Évolution du nombre de violations du cessez-le-feu de l’armée ukrainienne contre la RPD :

Évolution des violations du cessez-le-feu en RPD

Suite à ces tirs, trois maisons ont été endommagées en RPD : deux à Kominternovo et une à Oktiabr dans le Sud de la république. Le 6 septembre, c’est 11 maisons qui avaient été endommagées à Kominternovo et une à Gorlovka. Ces tirs n’ont heureusement pas fait de victimes civiles, mais si cette tendance à l’aggravation se poursuit, le bilan pourrait devenir bien plus grave.

Surtout qu’en République Populaire de Lougansk (RPL), ce n’est pas seulement sur les maisons, mais aussi sur l’école du village de Zolotoye-5, situé près de la ligne de front, que l’armée ukrainienne a tiré ce matin à coup de lance-roquettes antichars, de mitrailleuse lourde et d’armes légères. Les enfants ont été évacués, et heureusement aucun n’a été touché. Mais ce tir délibéré contre une école de la part de l’armée ukrainienne, vient rejoindre la longue liste des crimes de guerre de l’Ukraine, sur lesquels Paris et Berlin ferment les yeux.

Cette nouvelle escalade, consécutive à la mort du chef de l’État a lieu sur fond de visite de l’attaché militaire américain en Ukraine, Paul Schmitt, aux quartiers généraux des 128e et 36e brigades, qui sont stationnées près de Marioupol. Cette visite prévue demain, 12 septembre, aurait pour but de vérifier l’état de préparation de ces unités pour l’offensive qui devrait être lancée à partir du 14 septembre, d’après les informations obtenues par les services de renseignement de la RPD.

Des instructeurs de l’OTAN se trouveraient déjà sur les positions de l’armée ukrainienne situées près de Marioupol, et 12 officiers étrangers sont attendus en renfort au quartier général de la 128e brigade d’assaut de montagne.

Et ce n’est pas la diplomatie qui risque d’arrêter cette escalade dangereuse, puisque les réunions au Format Normandie sont suspendues sine-die, suite à l’assassinat d’Alexandre Zakhartchenko.

Pour Alexeï Tchesnakov, directeur du Centre de la Conjoncture Politique, il ne faut pas escompter une nouvelle réunion avant que l’enquête sur cet attentat terroriste ne soit terminée.

« Il sera difficile pour le Format Normandie de se réunir pleinement avant l’achèvement de l’enquête sur le meurtre de Zakhartchenko », a déclaré Tchesnakov. « J’ai du mal à l’imaginer. »

Il a ajouté qu’une réunion au Format Normandie était d’autant moins probable qu’il est fort possible que l’Ukraine ne vote pas l’extension de la loi sur le statut spécial du Donbass.

« Enfin, les décisions prises lors de la réunion précédente doivent être mises en œuvre avant qu’une nouvelle réunion n’ait lieu », a déclaré le politologue à TASS. « Lors de la précédente réunion à Berlin en 2016, il avait été décidé de confirmer la « formule Steinmeier » et d’assurer le désengagement des forces sur trois points de la ligne de contact. Aucune de ces décisions n’a été mise en œuvre. Quel est l’intérêt d’avoir une autre réunion ? Pour prendre de nouvelles décisions que l’Ukraine ignorera ? »

Dans le même temps, les réunions entre l’assistant du président russe, Vladislav Sourkov et le représentant spécial du département d’État américain pour l’Ukraine Kurt Volker sont aussi au point mort.

« Actuellement, en raison de l’incohérence de la partie américaine, les échanges sont léthargiques et rien n’indique qu’un compromis puisse être trouvé. Selon moi, les négociateurs n’ont encore rien à dire », a conclu Tchesnakov.

Si l’Ukraine tente ce coup de poker et lance une grande offensive contre les deux républiques populaires, cela pourrait se finir, comme après l’attaque de la Géorgie contre l’Ossétie du Sud, par la reconnaissance de la RPD et de la RPL par la Russie. Un point de vue que je partage avec monsieur Tchesnakov.

«J‘espère que j’ai tort, mais je suis sûr qu’à un moment donné, Kiev pourrait se lancer dans une invasion massive du territoire contrôlé par les milices populaires. Premièrement, ses patrons à l’étranger incitent activement l’Ukraine à prendre de telles mesures. Deuxièmement, il y a assez de fous en Ukraine.

Ils sont encouragés à suivre l’exemple de la Croatie, qui autrefois a conquis par la force des zones rebelles serbes. Soit dit en passant, au cours de ces événements, les Croates ont tué non seulement des Serbes, mais aussi des employés du contingent de l’ONU.

Si cela se produit, le nombre de victimes sera beaucoup plus élevé que lors de la guerre en Ukraine de 2014. Mais la solution croate ne fonctionnera pas. Comme en 2014, l’Ukraine sera certainement contrainte à la paix. Et encore une fois, ils lui mettront les accords de Minsk sous le nez, ce qui serait une bonne chose pour Kiev, car cela pourrait aussi amener la Russie à reconnaître la RPD et la RPL, comme ce fut le cas pour l’Ossétie du Sud et pour l’Abkhazie après la décision téméraire de Saakachvili » a affirmé le politologue.

Cette éventuelle reconnaissance des deux républiques est évoquée par de plus en plus d’hommes politiques russes. Ainsi, après la déclaration en ce sens de Kazbek Taïssaev lors des funérailles d’Alexandre Zakhartchenko, c’est le président du parti communiste russe, Guennadi Ziouganov, qui a appelé Vladimir Poutine à reconnaître les deux républiques populaires.

« En ce qui concerne le Donbass, à la place du président je l’auraisintégré (au sein de la Russie – NDLR) immédiatement, immédiatement. D’abord, reconnaissons la République de Donetsk, la République de Lougansk, comme cela a été le cas en Ossétie du Sud et en Abkhazie en son temps. Ce banditisme [ukrainien NDLR] s’arrêtera très rapidement », a déclaré monsieur Ziouganov.

Si jusqu’ici la Russie s’est refusée à cette extrémité à cause de ses relations historiques privilégiées avec l’Ukraine, elle pourrait y être poussée par plusieurs facteurs :

1) Si Kiev brise le traité d’amitié et de coopération entre la Russie et l’Ukraine, qui définit les frontières entre les deux pays,

2) Si l’armée ukrainienne attaque la RPD ou la RPL à grande échelle, comme l’armée géorgienne l’avait fait contre l’Ossétie du Sud.

Il faut ajouter un point important à prendre en compte, et qui risque de peser lourdement dans la balance : les méthodes terroristes de Kiev, qui sont utilisées non seulement contre la population et les dirigeants du Donbass sur le territoire des deux républiques, mais aussi sur le territoire russe.

L’envoi officiel du FSB en RPD pour enquêter sur la mort de Zakhartchenko au titre de la lutte contre le terrorisme international est lourd de sens. Si on ajoute l’arrestation récente d’un membre de Daech à Smolensk par le FSB, qui a avoué avoir été envoyé là par le SBU (services de sécurité ukrainiens) et Secteur Droit pour assassiner des commandants de la RPD et de la RPL, il semble que les relations entre la Russie et l’Ukraine risquent de se dégrader à vitesse grand V.

Il ne reste qu’à espérer que son plan éventé, et devant les conséquences potentiellement lourdes (la reconnaissance de la RPD et de la RPL) Kiev renonce à ce plan suicidaire.

Christelle Néant

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